Je ne supporte plus mes enfants
Maintenir la relation parent enfant en cas de divorce ou gérer les conflits entre frères et sœurs dans une famille nombreuse, en plus d’un quotidien surchargé entre la maison, le travail, l’école et les activités des enfants : pour les familles monoparentales comme pour les couples mariés, élever des enfants est une hyperactivité à plein temps qui demande autant d’endurance que de patience.
Alors comment de ne pas s’étonner qu’apparaisse un jour un « ras le bol » d’épuisement, qui pourrait être ou amener à un burn-out parental (cf. article « Burn-out parental ») ? Et comment faire face à cette soudaine réversion de ses propres enfants ?
Pourquoi je ne supporte plus mes enfants ?
Vous avez l’impression d’être devenue une marâtre pleine d’agressivité ou un bourreau enclin à la moindre colère ? Vous ne supportez plus les disputes des ainés ou la jalousie dans la fratrie ? Avoir un enfant était pourtant un rêve et inconsciemment il s’est transformé en cauchemar…
Et il faut bien le reconnaitre, le quotidien des parents est très difficile, et ce quel que soit le contexte dans lequel on vit. Familles recomposées, rythmes multiples, garde alternée, familles monoparentales, longues journées de travail, temps de trajet importants, familles nombreuses, maman au foyer…
Toutes les configurations sont concernées par ce phénomène. C’est normal ! Lorsque nos besoins de sommeil, de paix, de sérénité, d’intimité, de reconnaissance, d’écoute, de valorisation… ne sont pas comblés, on craque. C’est comme le réservoir d’une voiture qui n’a plus d’essence, elle n’avance plus. Contrairement à une voiture, les êtres humains ont une réserve or, à force de puiser dans celle-ci, au bout d’un moment c’est la goutte de trop et on ne supporte plus ses enfants, son conjoint, sa vie…
Se retrouver pour mieux supporter ses enfants
Parce qu’ils sont la chair de votre chair, vous faites l’erreur de penser qu’en prenant soin de vos enfants c’est de vous que vous vous occupez. Mais comment vont-ils quand vous allez mal ? Comment vivent-ils ce sentiment de rejet que vous ressentez à leur égard ?
L’on pense à tort que si l’on s’accorde du temps, le reste va s’accumuler et l’on sera encore plus submergée. Pourtant, comment peut-on donner aux autres ce que l’on se refuse à soi-même. Si je vous demande 20 euros et que vous ne les avez pas, il vous sera impossible de me les donner même si vous en avez l’envie et le désir. Or, vous persistez, malgré le fait de ne plus supporter vos enfants de leur donner de votre temps alors que c’est vous qui en avez cruellement besoin.
« Charité bien ordonnée commence par soi-même » nous dit cette sagesse populaire. D’ailleurs, pour illustrer différemment, avez-vous remarqué les consignes des hôtesses ou stewards dans un avion ? La consigne stipule qu’en cas de dépressurisation, des masques à oxygène tomberont. Ensuite, la personne précise aux parents de s’équiper en premier puis d’ajuster un masque à leur enfant. Et non pas le contraire. Pourquoi ?
Parce que l’on ne peut rien faire pour son enfant si l’on est dans une situation difficile soi-même. Lorsque l’on ne supporte plus ses enfants, c’est simplement que l’on ne s’est pas oublié et que l’on passe son temps à faire passer les besoins des enfants avant les siens. Ce n’est pas sain du tout !
Comment prendre soin de soi ?
Le temps d’un dîner avec votre conjoint ou votre conjointe, à qui vous pourrez peut-être parler en toute loyauté.
Une soirée entre amis se détacher du quotidien.
Une balade en forêt pour profiter de l’énergie de la nature et de la sérénité qui règne dans les bois.
Un thé sur une terrasse avec un livre ou un magazine.
Une séance de yoga ou de méditation pour atteindre le lâcher-prise qui vous ramènera un peu de sérénité…
N’hésitez surtout pas à faire garder vos enfants par votre conjoint, un parent, une amie, une baby-sitter, quand on en est à votre point, cela devient vital. Votre équilibre émotionnel et celui de votre famille en dépendent.
Cela vous aidera à retrouver la pleine propriété du parent aimant que vous avez toujours été en acceptant de vous aimer autant que vos enfants !
Pour ne plus avoir à « supporter » vos enfants.
Ce temps de discussion avec votre conjoint(e) ou de réflexion avec vous-même, cette pause dans le rythme effréné de vos devoirs parentaux, vous aura certainement amenée à relativiser la façon (trop) perfectionniste dont vous abordez votre rôle de parent. Vous pouvez d’ailleurs approfondir le sujet avec l’article « Renoncer à être un parent parfait ».
Car oui, c’est souvent le paradoxe. Les parents qui ne supportent plus leurs enfants sont ceux qui sont animés du désir de leur offrir le meilleur dans tous les domaines. Or, à force de mettre la barre trop haute, vous finissez par vous épuiser et vos enfants n’y sont pour rien.
Un enfant n’a pas besoin d’avoir de beaux vêtements bien propres et repassés, de manger de bons petits plats bio et bien cuisinés, de vivre dans une maison propre et rangée… Vos enfants ont juste besoin d’avoir des parents qui les aiment et les sécurisent, c’est tout !
Cessez donc de vous mettre la pression, la qualité de vos relations vaut plus que vos qualités de femmes ou d’hommes d’intérieurs.
Et si c’est le comportement de vos enfants que vous ne supportez plus, sachez qu’ils ne sont qu’un miroir de votre propre état intérieur et que lorsque vous aurez retrouvé votre paix et votre sérénité, ils seront eux aussi plus calmes et paisibles.
Vous l’avez compris, il est important maintenant de ne plus vous retrouver dans la situation de devoir « supporter » vos enfants, mais plutôt de vous épanouir dans votre parentalité en vous accordant autant d’importance qu’a vos enfants.
Cet équilibre à apprivoiser passera par une vraie complicité dans votre cellule familiale où vous aurez exprimé avec bienveillance l’importance que chacun y ait une place égale : les enfants comme les parents !
Et pour l’école ? La question du mérite
Je sais que certains parents ont l’habitude de donner un peu d’argent à leurs enfants lorsqu’ils ont de bons résultats à l’école. Ils pensent que l’argent est un bon moteur, qui permet de motiver les enfants.
Et je parle en connaissance de cause ! Je connais très bien cette méthode, tout simplement parce que mon père l’appliquait. Il avait même créé un petit tableau très précis, dans lequel étaient inscrites les sommes que nous pouvions gagner suivant les notes et les appréciations que nous ramenions à la maison !
Cette méthode n’a jamais marché sur moi. Peu importaient les sommes promises, je suis restée… une mauvaise élève ! Pire encore, ce système de rétribution a généré chez moi le sentiment de ne pas « mériter ». Je n’étais pas une assez bonne élève, donc je ne méritais pas. Je garde un souvenir assez douloureux de tout cela. Donner de l’argent selon les résultats obtenus installe en profondeur une notion de « mérite » chez l’enfant : quand je travaille bien, je mérite de l’argent. Quand je ne travaille pas bien, je ne mérite pas. Bâtir la personnalité de l’enfant sur un tel système est susceptible d’ébranler sa confiance en soi et son estime personnelle.
Valoriser les « bons » comportements
Il arrive aussi que certains parents, pour encourager leurs enfants, donnent un peu d’argent lorsque le repas chez mamie s’est bien passé, qu’il n’y a pas eu de crise au supermarché…
Encore une fois, cela va installer une notion de mérite. Je suis sage, je mérite un cadeau. Je fais une colère, c’est mal, je ne mérite pas de récompense.
L’enfant enregistre l’information suivante : je suis sage, je suis digne d’amour, je fais une colère, je ne mérite pas l’affection. Est-ce bien ce que nous voulons transmettre ?
C’est vrai que notre société toute entière repose sur ce modèle, c’est celui de l’école. J’ai une bonne ou une mauvaise note en fonction de la tenue de mon cahier, des erreurs que j’ai commises et/ou de mon attitude en classe.
Ce système est selon moi à proscrire et les nouvelles études de neurosciences prouvent à quel point c’est inéficace.
L’échec fait partie de l’apprentissage et je crois qu’un enfant aura de meilleurs résultats s’il se sent encouragé et non pas jugé. Cette pratique revêt un caractère nocif pour l’enfant. Au lieu de trouver une motivation pour ce qu’il fait, l’enfant va chercher à plaire ou à obtenir une reconnaissance à l’extérieur. Il ne fait donc plus les choses pour se dépasser et réussir, mais pour faire plaisir, éviter une sanction ou obtenir une récompense. Sur le long terme, cela va lui faire perdre l’intérêt qu’il aura pour ce qu’il fera. Selon le Docteur Maria Montessori : « les récompenses sont l’esclavage de l’esprit », elles brident la passion, la créativité et l’envie de faire par plaisir.
Un exercice pour bien comprendre
Que se passe-t-il lorsque vous n’obtenez pas votre prime parce que votre direction juge que vous n’avez pas réussi à atteindre vos objectifs ?
Comment vous sentez-vous ?
Sur une échelle de 1 à 10, à quel niveau se situe votre degré d’estime et de confiance en vous ?
Sur une autre échelle de 1 à 10, quel est votre niveau de motivation à faire mieux la prochaine fois ?
Imaginez à présent que vous ayez réussi à faire quelque chose qui vous semblait insurmontable comme : repeindre une pièce ; remplacer un robinet ; faire de jolis et délicieux macarons ; boucler un projet d’envergure ; prendre un avion (vous êtes aérophobe).
Comment vous sentez-vous ?
Sur une échelle de 1 à 10, à quel niveau se situe votre degré d’estime et de confiance en vous ?
Sur une autre échelle de 1 à 10, quel est votre niveau de motivation à faire mieux la prochaine fois ?
Dites-moi dans les commentaires ce que vous avez retiré de cet exercice, j’adore vous lire !
Donner de l’argent à son enfant contre certaines tâches, c’est avant tout une question de valeurs. Il ne me semble pas bénéfique d’instaurer une relation d’argent avec ses enfants pour les tâches quotidiennes ni pour les motiver à l’école. Cela leur met dans la tête qu’apporter son aide à la maison n’est pas un comportement normal. Cela risque également d’ébranler leur confiance, leur estime personnelle et leur motivation. En revanche, il me semble assez bénéfique de rémunérer son enfant, devenu plus grand, lorsqu’il propose d’effectuer un véritable travail que nous aurions dû payer de toute façon. C’est un premier pas dans le monde du travail !
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