Comment construire en soi la confiance de son enfant ?

Cet article a été rédigé par Ludivine du blog Graines de Bienveillance.  Ludivine est maman d’une petite fille née en mai 2016. Depuis sa grossesse, elle s’est beaucoup intéressée à la parentalité positive, au travers de lectures, conférences, formations, ateliers, webinaires… Grâce à son blog, elle partage ses connaissances à tous les parents désireux d’en apprendre plus sur l’éducation bienveillante et qui ont envie de cheminer en conscience pour semer de la bienveillance dans leur famille.

La confiance en soi se construit très tôt dans la vie de l’enfant. Elle est essentielle à son bon développement et à son épanouissement. Elle va fortement dépendre des liens relationnels et émotionnels qu’il va tisser avec ses parents. La confiance en soi est une notion plutôt subjective, chaque personne pouvant avoir sa propre définition, selon son vécu, son ressenti et ses valeurs.

Mais alors, comment armer notre enfant de suffisamment de confiance en lui pour qu’il grandisse et avance sereinement dans la vie ? Quel est notre rôle, en tant que parent ?

Confiance en soi ou estime de soi ?

La confiance en soi apparaît en premier dans le développement de l’enfant. Il apprend à marcher grâce à la confiance qu’il a en ses propres capacités à passer de quatre pattes à bipède. La plupart du temps, il fait ses premiers pas devant sa figure d’attachement (sa maman, le plus souvent), qui va lui donner un retour d’estime de soi.

Nous constatons que les notions d’estime de soi et de confiance en soi sont deux choses différentes et en même temps indissociables. Pour les distinguer, nous pourrions dire que :

  • l’estime de soi est la croyance en sa valeur personnelle. Nous sommes conscients de nos forces et de nos limites, nous avons une vision réaliste de nous-mêmes. Nous nous sentons dignes d’être aimés et suffisamment en sécurité pour utiliser et développer nos capacités. Bref, avoir une bonne estime de soi, c’est comprendre que l’on a de la valeur, et s’accepter tel que l’on est, c’est-à-dire imparfait.

  • la confiance en soi est la croyance en ses capacités. C’est la racine de l’apprentissage et pour que l’enfant fasse des expériences et parte à la découverte du monde qui l’entoure, il faudra qu’il ait confiance en lui. Car sans confiance, un enfant ne peut pas apprendre.

L’estime de soi, c’est le socle, la base sur laquelle l’enfant peut développer sa confiance en lui.
Bien que la confiance en soi survienne en premier lieu, nous remarquons que les 2 notions s’entremêlent au quotidien et se développent en parallèle. L’estime de soi, c’est le socle, la base sur laquelle l’enfant peut développer sa confiance en lui. Et notre rôle, en tant que parent, est d’aider notre enfant à se développer sur les deux tableaux. Car nos mots et nos gestes ont le pouvoir de construire ou de détruire.

Un enfant qui a une bonne estime de soi pourra :

  • faire des choix ;
  • exprimer ses besoins, ses envies, ses émotions et ses idées ;
  • se sentir à l’aise avec son entourage ;
  • oser sortir de sa zone de confort, prendre des risques ;
  • se donner le droit à l’erreur ;
  • se faire confiance et faire confiance aux autres ;
  • se faire respecter et respecter l’autre.

Comment construire la confiance de notre enfant ?

Chaque jour, nous pouvons poser des gestes qui aideront notre enfant à prendre conscience de sa valeur personnelle et ainsi lui permettre de développer une vision positive de lui-même. L’essentiel n’est pas ce qu’il fait de bien, mais qui il est, et comment ses qualités peuvent contribuer à son épanouissement. A mesure que l’enfant vivra des réussites, tentera de nouvelles expériences et recevra des commentaires positifs, son estime de soi grandira. En effet, l’enfant a besoin de savoir que ce qu’il pense, ce qu’il ressent et ce qu’il fait est important.

7 piliers pour consolider l’estime de soi et la confiance en soi chez l’enfant

Donner de l’amour

C’est la base. Nous aimons notre enfant, alors montrons-lui ! Manifestons des signes d’amour au quotidien, par des câlins, des bisous, des regards complices, des gestes affectueux et des mots doux. Bref, démontrons à notre enfant à quel point nous l’aimons tel qu’il est, d’un amour inconditionnel, et non pour ce qu’il fait.

Accorder de l’attention

Passons du temps de qualité avec notre enfant. Il grandit si vite !  Programmons un temps que nous consacrerons exclusivement à notre enfant, sans interruption extérieure. Ce temps dédié variera en fonction de l’âge de notre enfant.  Avant 2 ans, le simple fait d’être ensemble et de prendre du plaisir sera suffisant. Entre 2 et 6 ans, l’enfant aura besoin d’au moins 10 minutes par jour de temps exclusif, sous forme de jeux, de câlins, de massages ou tout simplement d’écoute active. De 6 à 12 ans, les besoins de l’enfant évoluent et les temps dédiés s’espaceront petit à petit pour avoir lieu une fois par semaine. Chaque fois que nous passerons du temps avec lui, que nous serons attentifs à lui et à ses besoins, notre enfant recevra le message suivant « j’ai de la valeur aux yeux de mes parents« .

Etre respectueux

Traiter notre enfant avec respect est la meilleure façon de lui apprendre à se respecter et à respecter les autres. Respecter son enfant signifie avant toute chose de le considérer comme une personne unique et différente de soi. L’enfant n’est pas le prolongement de nous-mêmes, il n’est pas là pour nous faire plaisir. L’enfant étant en état de vulnérabilité et de dépendance vis-à-vis de l’adulte, ce dernier se donne souvent le droit de moins le respecter. Et pourtant, une relation respectueuse entre le parent et l’enfant permettra de construire une bonne estime de lui-même. Mais alors, comment faire ? Voici quelques pistes : l’écouter attentivement, le prendre au sérieux, avoir un langage respectueux, respecter ses limites corporelles, son espace, ses émotions ou encore son rythme. Bref, avoir des comportements positifs, encourageants et aidants. Le sujet du respect me touche particulièrement et j’en parle plus en détails dans mon article « Il n’y a plus de respect !« 

Protéger sans étouffer

Sans même nous en rendre compte, nous avons souvent recours à des petites phrases hyper-protectrices, du style « tu vas tomber« , « attention, c’est dangereux« , « fais comme ça« . Ces expressions qui ont l’air innocentes et qui partent d’une bonne intention – celle de protéger notre enfant – risquent, à force d’être répétées, de lui donner l’image d’un monde dangereux à ne surtout pas explorer ainsi qu’un manque de confiance en ses capacités à se débrouiller seul. Pour réussir à le protéger sans l’étouffer, nous devons plutôt l’aider à développer son autonomie, en déléguant, progressivement, des responsabilités, mais aussi en l’invitant à relever des défis à la mesure de ses capacités et de son âge, pour qu’il se sente utile et fier de lui. Nous pouvons aussi tourner les expressions de manière positive. Au lieu de dire « c’est dangereux », ajoutons une explication et une alternative : « c’est dangereux de monter les escaliers sans se tenir. Que préfères-tu : te tenir à la rampe ou tenir la main de maman ?« .  Nous pouvons aussi proposer de l’aider sans l’imposer, donner des consignes positives, remplacer les « tu vas » par des « tu risques de… » ou encore laisser l’enfant trouver une solution par lui-même, en lui demandant « comment peux-tu faire pour … ?« 

Encourager et féliciter

Tout d’abord, il est utile de rappeler qu’un enfant est dans une phase d’apprentissage constante et que nous devons avoir des attentes adaptées à son âge. Tantôt, il fera des bonds de géant, qui nous surprendrons peut-être, tantôt il régressera et aura besoin de notre soutien pour y arriver de nouveau. A nous donc de placer la barre ni trop haut ni trop bas.

Encourageons-le lorsqu’il tente quelque chose de nouveau ou de difficile. Lorsque nous remarquons qu’il a acquis de nouvelles habiletés, faisons-lui remarquer. Il sera fier et développera son sentiment de confiance ! Il est aussi important d’encourager le processus plutôt que le résultat. J’en profite au passage pour rappeler que les encouragements et les compliments sont deux choses différentes. Les premiers développent un référentiel interne et participent au développement de la confiance en soi tandis que les deuxièmes rendent l’enfant dépendant de l’approbation de l’adulte et du regard des autres. Pour en savoir plus sur le sujet, je vous invite à cliquer ici.

Félicitons notre enfant pour ses efforts !  Nous pouvons lui dire, par exemple : « bravo, tu as pris le temps de faire tes lacets« . Ces commentaires positifs ne peuvent que lui faire du bien. Pour autant, n’en faisons pas trop ! Inutile de lui dire que tout est bien si ce n’est pas le cas. Nous devons aussi apprendre à notre enfant qu’il arrive de faire des erreurs, de se tromper et que l’essentiel est de réparer, de recommencer pour ne pas rester sur un échec. Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage, nous dit Jane Nelsen, auteur de la Discipline Positive.

Lui apprendre à se connaître

Lorsque nous avons remarqué une qualité chez notre enfant, n’hésitons-pas à la lui partager ! « Tu es serviable, tu nous aides souvent à mettre la table. » ou encore « tu as tenu bon, tu es quelqu’un de persévérant. » Cela lui permettra d’apprendre à se connaître. Néanmoins, soyons vigilants à rester factuels, pour ne pas lui mettre d’étiquette et l’enfermer dans un comportement. Aidons-le aussi à développer sa lucidité et son esprit de discernement. Comment ? Simplement en lui demandant ce qu’il pense de la situation, ce qu’il ressent. Pourquoi pense-t-il que quelque chose est bon ou mauvais, sur quels critères se base-t-il ? Cela l’aidera à coup sûr à ne pas prendre les remarques personnellement et à développer une bonne estime de lui.

Prendre du plaisir

Finalement, n’oublions pas de mettre de la gaieté et de la légèreté dans le quotidien ! S’amuser, jouer et prendre du plaisir vont aider l’enfant à se sentir bien et heureux, ce qui contribuera à avoir une bonne estime personnelle.

Reconnaître le manque de confiance

Certains signes peuvent indiquer que notre enfant n’a pas suffisamment confiance en lui. La clé est de bien le connaître et de l’observer pour repérer les situations où il manque de confiance en lui. Voici ce qui doit nous mettre la puce à l’oreille :

  • Il manque d’initiative et fait peu de choses tout seul. Par exemple, il n’arrive pas à jouer seul, il n’ose pas essayer un nouveau jeu, il est très dépendant de nous pour tout, que ce soit pour l’habiller ou lui donner à manger.
  • Il cherche constamment notre présence, notre attention ou encore notre approbation. S’il a des frères et sœurs, il va se mettre à les imiter, dans l’espoir de recevoir les mêmes compliments. Il va nous lancer un regard avant de jouer avec un copain qui s’approche de lui, pour voir si l’on « valide ». Cela traduit un besoin d’être rassuré, qui cache un manque de confiance en soi.
  • Il joue l’enfant modèle, il est trop sage. Un enfant, par nature, est un être en mouvement, qui évolue, explore et apprend constamment. Il est bruyant, il s’exprime et vit pleinement le moment présent. Si ce n’est pas le cas, c’est peut-être à cause d’un manque de confiance.
  •  S’il parle déjà, on peut remarquer qu’il a tendance à se dévaloriser. Par exemple, il dit souvent « je suis nul« , « je n’y arrive pas« , ou encore « tu peux le faire ?« . Cela montre qu’il ne sent pas suffisamment capable ou pas assez bon.

Notre rôle, en tant que parent, sera premièrement de lui montrer que nous croyons en lui, et en son potentiel. Lorsqu’un enfant teste quelque chose de nouveau, c’est parce qu’il sait que son parent croit en lui. Ensuite, nous pourrons le rassurer et lui montrer qu’il est capable, en relevant des réussites qu’il ne remarque pas forcément. On peut lui dire, par exemple : « tu te souviens, l’autre jour, tu as réussi à mettre ton manteau tout seul. Et en plus, tu avais fermé tous les boutons ! » Et finalement, nous pourrons l’amener à trouver des solutions. Lorsqu’il dit qu’il n’est pas capable de s’habiller seul, par exemple, nous pouvons lui demander de commencer seul et l’aider par la suite, mais sans tout faire à sa place.

Parfois, un événement important peut entraîner un manque soudain de confiance en soi. L’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, un déménagement, un changement d’école, la préadolescence… Nous pouvons être alertés par différents signes, comme une crise d’angoisse, une colère disproportionnée par rapport à la situation, une énorme frustration de ne pas y arriver… Ces comportements signifient que notre enfant s’évalue mal et qu’il a une mauvaise estime de lui, qu’elle soit trop haute ou trop basse. Il aura besoin d’accompagnement et de la pratique des 7 piliers que nous avons vus plus haut pour retrouver son équilibre. Et dans d’autres circonstances, il sera peut-être nécessaire de consulter un professionnel, si malgré notre accompagnement, rien ne change.

Être un bon modèle pour son enfant

L’adage « fait ce que je dis, pas ce que je fais » ne fonctionne pas avec les enfants ! Notre enfant apprend beaucoup en nous observant et en nous imitant. Si nous voulons qu’il développe sa propre estime, nous devons tout d’abord travailler sur notre estime personnelle. Voici quelques exemples de ce que nous pouvons faire :

  • Etre indulgent envers nous-mêmes : inutile de placer la barre trop haute, cela ne nous fait pas de bien et nous pousse à être trop exigeants avec notre enfant.
  • Faire preuve de persévérance : si nous voulons que notre enfant aille au bout des choses, montrons-lui l’exemple. Ne nous laissons pas décourager par l’effort à fournir.
  • Célébrer nos réussites, même les plus petites. Si nous sommes fiers de nos accomplissements, notre enfant le sera également.
  • Sortir de la performance : pensons à faire des activités uniquement pour le plaisir, sans aucune intention de gagner ou de performer.
  • Se faire passer en premier : je ne dis pas de devenir égoïste, mais de temps en temps, il est important de s’occuper de soi-même d’abord, pour mieux s’occuper des autres par la suite. C’est un signe que l’on s’accorde de la valeur et que l’on pense être suffisamment important pour se faire plaisir.
  • S’auto-évaluer sans se rabaisser : lorsque nous nous trompons, ayons l’humilité de le reconnaître, de montrer que nous ne pouvons pas être bons en tout et expliquons à notre enfant ce que nous allons faire pour nous améliorer.
  • Ne pas accorder trop d’importance au regard des autres : si nous agissons dans le but de faire plaisir aux autres et d’obtenir leur approbation, il est fort à parier que notre enfant fera de même !
  • Se faire aider par un professionnel, si nécessaire. Si l’on remarque que notre estime de soi n’est pas suffisamment construite, n’hésitons pas à faire appel à un psychologue ou à un psychothérapeute.

Et pour terminer, je te propose de télécharger en bonus le résumé visuel des « 7 piliers pour consolider la confiance et l’estime chez l’enfant » dans lequel je propose également quelques exercices pour booster sa confiance en soi.

Je remercie chaleureusement Noémie de Saint Sernin de m’avoir invitée sur son blog, qui est une grande source d’inspiration dans mon cheminement vers une éducation bienveillante, consciente et responsable !

Ludivine