L’enfant colérique
Votre enfant fait des crises de colère pour un oui ou pour un non ? Il est capricieux, agressif et peut aussi bien crier pour aller à la sieste que pleurer pour s’habiller ? Dans l’article « mon enfant fait une crise de colère », il est question de gérer ces crises pour aider votre enfant à s’apaiser sans le punir ou en faire un enfant-roi, à qui les parents cèdent tout.
Mais lorsque ces colères, ces pleurs, cette agressivité et ces crises de rages se réitèrent trop souvent, ce comportement peut entrainer les parents à tomber dans une résignation pragmatique : mon enfant est d’un tempérament colérique !
Si son comportement vous dépasse, aider votre enfant à gérer ses sentiments est une question d’éducation, basée sur la patience et la verbalisation. Et comme les enfants ont une écoute active des comptines, je vais vous en narrer une, que vous pourrez lui raconter :
La petite tortue colérique
C’est l’histoire d’une petite tortue qui était très émotive, elle aimait bien jouer avec ses amis, mais pas vraiment aller à l’école. Elle n’aimait pas rester assise aussi longtemps dans la classe à écouter la maitresse, ça lui était très difficile, et souvent, la petite tortue se fâchait avec ses amis. Quand ils lui chipaient un crayon, la bousculait ou l’embêtait d’une façon ou d’une autre, la petite tortue se mettait alors très en colère et elle ne manquait jamais de les frapper en retour, de les mordre ou de leur dire de vilaines choses.
En plus d’être régulièrement punie, au bout d’un certain temps les autres enfants n’ont plus voulu jouer avec elle. La petite tortue avait du chagrin, elle était confuse, anxieuse, en colère et triste…
La carapace de la colère
Un jour, elle demanda à sa vieille grand-mère qui était sage et âgée :
« Je n’arrive pas à bien me conduire ! J’essaie, mais ça ne marche jamais ! Que dois-je faire pour retrouver mes amis et ne plus voir la maitresse me punir ? »
La vieille tortue empathique lui dit :
« Mais tu as la solution : ta carapace ! Quand tu es fâchée, contrariée, ou très en colère, et que tu n’arrives pas à te contrôler, tu peux toujours rentrer dans ta carapace ! Moi quand je rentre dans la mienne je fais trois choses : j’écoute la colère en moi, je respire profondément en gonflant le ventre puis, quand je sens le calme revenir, je me demande quel est le problème ! »
La grand-mère et sa petite fille s’exercèrent sur le champ et la petite tortue dit qu’elle essaierait de l’imiter à l’école.
Apprendre à gérer ses émotions comme une petite tortue
Le lendemain, elle était en train de travailler quand un autre enfant se mit à l’embêter, la maitresse ne voyait rien et ne pouvait donc pas le punir. Elle sentit que la colère montait en elle, ses mains étaient chaudes et son cœur battait très fort ! Alors elle se souvint du conseil de la vieille tortue et elle rentra ses bras dans sa carapace ses mains posées sur son cœur, là où elle est tranquille et où personne ne peut l’embêter, pour se demander ce qu’elle allait faire. Elle respira profondément et lorsqu’elle ressortit ce fut pour voir la maitresse qui lui souriait.
Aujourd’hui, elle tente de faire ça à chaque fois. Parfois ça marche, des fois ça ne marche pas… Mais petit à petit, elle s’est refait des amis et elle a moins de punitions, car elle a appris à se calmer grâce à sa carapace.
Éduquer pour éviter les colères
Enfant colérique vrai ou faux
Un enfant n’est pas colérique, pas plus que toute autre personne. Il peut y avoir de la colère en lui, mais ce n’est pas un état permanent. Quand on dit d’un enfant qu’il est colérique, on l’installe dans un rôle et on lui envoie de mauvais messages. Comme si la colère était une émotion à bannir ! La colère est une saine émotion qui a sa raison d’être. Ce qui en revanche, n’est pas tolérable vient de la manière dont l’enfant « colérique » va décharger sa colère. Mordre, frapper, cracher, crier, jeter des objets… ne sont pas des comportements acceptables.
Pour conclure, je vous propose un extrait du livre de la psycholoque spécialisée en parentalité positive, Isabelle Filliozat : L’enfant a besoin de l’accompagnement de l’adulte pour ne pas être envahi et débordé par ses affects, pour canaliser son énergie, pour apprendre à exprimer ses besoins de manière socialement acceptable, pour savoir qu’il ne court pas de danger en se laissant aller à ce qu’il ressent. Pas question donc de le laisser seul avec ses émotions quand il n’a pas encore les outils mentaux pour gérer efficacement ce qu’il vit. Plutôt que laisser les enfants seuls aux prises avec leurs monstres intérieurs, nous pouvons être là. Les parents ont la responsabilité de la sécurité affective des enfants.
L’enfant a besoin de sentir la solidité de ses parents lorsqu’il vit une émotion et il a besoin de les voir eux aussi traverser des émotions, même fortes, sans être détruits.
Au fur et à mesure que l’enfant grandit, le parent se retire. »
Et rappelez-vous : éduquer un enfant à gérer ses émotions est un long travail… Nous-mêmes, y sommes-nous arrivés en tant qu’adultes ?
Et pour l’école ? La question du mérite
Je sais que certains parents ont l’habitude de donner un peu d’argent à leurs enfants lorsqu’ils ont de bons résultats à l’école. Ils pensent que l’argent est un bon moteur, qui permet de motiver les enfants.
Et je parle en connaissance de cause ! Je connais très bien cette méthode, tout simplement parce que mon père l’appliquait. Il avait même créé un petit tableau très précis, dans lequel étaient inscrites les sommes que nous pouvions gagner suivant les notes et les appréciations que nous ramenions à la maison !
Cette méthode n’a jamais marché sur moi. Peu importaient les sommes promises, je suis restée… une mauvaise élève ! Pire encore, ce système de rétribution a généré chez moi le sentiment de ne pas « mériter ». Je n’étais pas une assez bonne élève, donc je ne méritais pas. Je garde un souvenir assez douloureux de tout cela. Donner de l’argent selon les résultats obtenus installe en profondeur une notion de « mérite » chez l’enfant : quand je travaille bien, je mérite de l’argent. Quand je ne travaille pas bien, je ne mérite pas. Bâtir la personnalité de l’enfant sur un tel système est susceptible d’ébranler sa confiance en soi et son estime personnelle.
Valoriser les « bons » comportements
Il arrive aussi que certains parents, pour encourager leurs enfants, donnent un peu d’argent lorsque le repas chez mamie s’est bien passé, qu’il n’y a pas eu de crise au supermarché…
Encore une fois, cela va installer une notion de mérite. Je suis sage, je mérite un cadeau. Je fais une colère, c’est mal, je ne mérite pas de récompense.
L’enfant enregistre l’information suivante : je suis sage, je suis digne d’amour, je fais une colère, je ne mérite pas l’affection. Est-ce bien ce que nous voulons transmettre ?
C’est vrai que notre société toute entière repose sur ce modèle, c’est celui de l’école. J’ai une bonne ou une mauvaise note en fonction de la tenue de mon cahier, des erreurs que j’ai commises et/ou de mon attitude en classe.
Ce système est selon moi à proscrire et les nouvelles études de neurosciences prouvent à quel point c’est inéficace.
L’échec fait partie de l’apprentissage et je crois qu’un enfant aura de meilleurs résultats s’il se sent encouragé et non pas jugé. Cette pratique revêt un caractère nocif pour l’enfant. Au lieu de trouver une motivation pour ce qu’il fait, l’enfant va chercher à plaire ou à obtenir une reconnaissance à l’extérieur. Il ne fait donc plus les choses pour se dépasser et réussir, mais pour faire plaisir, éviter une sanction ou obtenir une récompense. Sur le long terme, cela va lui faire perdre l’intérêt qu’il aura pour ce qu’il fera. Selon le Docteur Maria Montessori : « les récompenses sont l’esclavage de l’esprit », elles brident la passion, la créativité et l’envie de faire par plaisir.
Un exercice pour bien comprendre
Que se passe-t-il lorsque vous n’obtenez pas votre prime parce que votre direction juge que vous n’avez pas réussi à atteindre vos objectifs ?
Comment vous sentez-vous ?
Sur une échelle de 1 à 10, à quel niveau se situe votre degré d’estime et de confiance en vous ?
Sur une autre échelle de 1 à 10, quel est votre niveau de motivation à faire mieux la prochaine fois ?
Imaginez à présent que vous ayez réussi à faire quelque chose qui vous semblait insurmontable comme : repeindre une pièce ; remplacer un robinet ; faire de jolis et délicieux macarons ; boucler un projet d’envergure ; prendre un avion (vous êtes aérophobe).
Comment vous sentez-vous ?
Sur une échelle de 1 à 10, à quel niveau se situe votre degré d’estime et de confiance en vous ?
Sur une autre échelle de 1 à 10, quel est votre niveau de motivation à faire mieux la prochaine fois ?
Dites-moi dans les commentaires ce que vous avez retiré de cet exercice, j’adore vous lire !
Donner de l’argent à son enfant contre certaines tâches, c’est avant tout une question de valeurs. Il ne me semble pas bénéfique d’instaurer une relation d’argent avec ses enfants pour les tâches quotidiennes ni pour les motiver à l’école. Cela leur met dans la tête qu’apporter son aide à la maison n’est pas un comportement normal. Cela risque également d’ébranler leur confiance, leur estime personnelle et leur motivation. En revanche, il me semble assez bénéfique de rémunérer son enfant, devenu plus grand, lorsqu’il propose d’effectuer un véritable travail que nous aurions dû payer de toute façon. C’est un premier pas dans le monde du travail !
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