Ce que je veux vraiment
« Je ne sais pas ce que je veux ». Une phrase familière, entendue si souvent qu’on ne mesure plus tout ce qu’elle véhicule. Si elle semble anodine, c’est parce que nous sommes de plus en plus nombreux à être coupés de nos désirs. Nous vivons comme à côté de nous-mêmes. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment renouer avec soi et reprendre le contrôle de sa vie en profondeur ? Que faire, quand on ne sait pas quoi faire ? Quelques pistes de réflexion.
Le paradoxe de notre époque
Autrefois, la vie était bien plus rude… Mais tout était sûrement plus simple. Dès la naissance, notre vie était déjà toute tracée. Nous suivions des rails, et les questions de choix ou d’envies personnelles étaient étouffées dans les exigences de la communauté. « Tu seras paysan, comme ton père ». « Tu épouseras un homme du village et tu t’occuperas des enfants, comme toutes les femmes avant toi »… Du mariage à la profession en passant par le lieu de résidence et les loisirs (quand il y en avait), la majeure partie de notre existence était régulée par des instances supérieures, hors de notre contrôle.
De nos jours, tout semble différent et pourtant…
Depuis notre plus tendre enfance, nous sommes comme condamnés à la liberté. « Qu’est ce que tu veux faire quand tu seras grand ? » est l’une des questions les plus posées aux enfants. À peine sommes-nous en mesure de parler qu’il nous faut déjà choisir nos joujoux, notre sport, notre instrument de musique, nos amis, nos vêtements… parfois jusqu’au papier peint de notre chambre !
À cet état de fait se mêle une vérité un peu plus difficile à nous avouer. Si techniquement nous sommes plus libres que nous ne l’avons jamais été, c’est pourtant encore parfois les autres (par fidélité, loyauté, mimétisme, désir de plaire et autres) ainsi que les circonstances qui dictent la plupart de nos choix. Notre parcours scolaire, puis professionnel, résulte en grande partie des recommandations de nos professeurs et de nos parents. L’opinion de nos semblables sur la valeur de tel ou tel métier pèse énormément sur notre orientation. Nos rencontres se limitent à un cercle de connaissances assez restreint. Nos amitiés, nos coups de foudre même, tiennent finalement à peu de choses : une date, un lieu de naissance, une école, une destination de vacances…
Ainsi nos vies se construisent un peu au gré des expériences, laissant trop souvent la vie et ses incertitudes nous balloter. Nous avons le choix, toujours, mais l’angoisse de la liberté et de la peur du changement est pourtant bien réelle. Face à cela, nous perdons vite contact avec nous-mêmes et nos désirs profonds. Ne pas savoir quoi faire de sa vie est devenu banal, normal.
Accepter l’angoisse, pour renouer avec soi
C’est donc au siècle où la liberté n’a jamais été aussi grande qu’on ne sait plus ce que l’on veut ! Il y a de quoi désespérer… voir même culpabiliser.
Mais pour sortir de cette impasse, le plus urgent est pourtant de saisir à quel point ce problème est compréhensible et légitime.
À la télévision, dans les magazines, et autour de nous… nos professeurs, nos parents, nos amis… Tout, depuis notre plus tendre enfance, nous exhorte à « réussir notre vie » et à « vivre nos rêves ». Les modèles que l’on nous propose, célébrités hollywoodiennes, artistes charismatiques, ou héros de films ou de faits divers ne sont que des fantasmes souvent inatteignables.
Comment ne pas craquer sous la pression ? Comment ne pas perdre pied dans ces conditions ?
Laisser les clefs de sa vie au destin est une réaction fort naturelle lorsque l’on a littéralement l'embarras du choix et des modèles irréalistes.
Comment reprendre le contrôle de sa vie
Une fois cet état de fait compris et accepté, on peut mettre en place quelques techniques simples pour faire remonter le désir à la surface. On pourra ensuite se donner les moyens d’atteindre des objectifs réalistes… sans se mettre la pression cette fois.
– Apprécier ce que l’on a : Pour repartir du bon pied, il faut savoir aussi profiter de ce que l’on a déjà. Jusqu’ici, le hasard a dicté la plupart de vos choix. Mais vous avez déjà fait prendre une certaine direction à votre vie. Elle ne peut pas être totalement étrangère à vos aspirations profondes !
Faites la liste de tout ce qui vous nourrit déjà, de toutes vos amours, de toutes vos passions. Cela vous permettra d’avoir une idée plus précise de ce qui compte vraiment, afin de cultiver cette part de vous-même.
– Oser dire oui : Quand on a réussi à dire non à ce qu’on ne veut plus, on peut enfin développer sa curiosité avec une véritable candeur. Cette expo que votre amie veut vous faire découvrir, ce saut en parachute que votre conjoint a toujours rêvé de faire, ce voyage en Afrique que vous imaginiez déjà étant enfant… Il faut partir à la découverte de vos fantasmes et laisser enfin parler votre cœur.
Souvent, la peur d’être déçu empêche de se confronter à la réalité. Mais sans déception, il est impossible de savoir ce que l’on veut réellement. Être déçu par une expérience, c’est faire un pas de plus dans la connaissance de soi.
– Écouter nos proches : Impossible de se connaître soi-même sans la médiation de l’autre. L’autre est un miroir qui nous permet de nous observer avec le recul qui manque à la contemplation solitaire. En écoutant ce que les autres disent de vous, vos qualités, vos atouts… vous serez en mesure de vous percevoir d’un œil neuf et d’explorer de nouvelles pistes.
N’hésitez pas à leur poser des questions et à les encourager à y répondre sincèrement. « Comment me vois-tu ? Quel métier est fait pour moi d’après toi ? » Leurs réponses pourraient bien vous surprendre, et ouvrir de nouvelles pistes. Osez les recevoir avec humilité, et surtout avec la plus grande sincérité possible.
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