Il pleure : cesser de le consoler
On va parler de la tristesse de vos enfants, de la peine qui peuvent ressentir, mais surtout des pleurs. Quand un enfant pleure, il y a deux réflexes. En principe, le premier c’est de le consoler parce qu’on veut que ça s’arrête surtout quand ils hurlent et que leurs cris sont stridents. Et la deuxième chose qu’on fait c’est de minimiser ce qui se passe, en disant non mais la petite bête va pas manger la grosse, mais c’est rien du tout, regarde, hop hop hop il n’y a plus rien, ou je te fais un petit bisou qui guérit tout. Voilà ce qu’on fait pour consoler un enfant. Ou alors on l’aide à relativiser en disant non mais tu verras la prochaine fois ça se passera comme ça, où on achètera ça plus tard. On fait des actions qui n’ont aucun sens pour nos enfants et qui ne les aident pas à apprendre à gérer leurs émotions. Et vous savez, si vous me suivez, que la gestion émotionnelle est quelque chose de très important. De nombreux problèmes humains, pas tous quand même mais de nombreux problèmes humains, viennent d’une mauvaise gestion émotionnelle. Quand on n’a pas confiance en soi, quand on ose pas s’affirmer, quand on craque pour du chocolat et qu’on a du poids en trop,… Nos émotions guident beaucoup d’actions dans notre vie. Donc apprendre à bien les gérer dès l’enfance est un cadeau précieux à faire à ses enfants.
Pourquoi il pleure ?
Avant d’aller plus loin, j’aimerais déjà vous expliquer pourquoi votre enfant pleure. En fait s’il pleure c’est pour une simple et unique raison qui est la même pour tous les êtres humains: votre enfant pleure parce qu’il est triste et qu’il a de la peine. C’est évidemment pour ça qu’il pleure. Bien sûr pas dans 100% des cas: il peut arriver que votre enfant pleure parce qu’il est très fatigué et que la moindre petite contrariété, même si elle ne crée pas forcément de peine, va accentuer un petit peu sa sensibilité. C’est vrai pour nous aussi en tant qu’adulte : si on est plus fatigué on est plus à fleur de peau. Mais néanmoins ça ne change rien à l’émotion ressentie qui est de la peine quand même. Donc quand votre enfant pleure c’est parce qu’il a de la peine et ça il faut vraiment l’intégrer.
Ne négligez pas son ressenti
C’est vrai qu’en tant qu’adulte quand on voit que votre enfant s’est à peine cogné la main sur quelque chose, ou l’eau était à peine un peu trop chaude, ou la porte du four était encore chaude, et qu’il en fait tout un plat, ou qu’il se roule par terre, on a tendance à se dire qu’il exagère et qu’il en fait trop. Et bien ça c’est un jugement d’adulte. Vous n’êtes pas un petit enfant. Du fait de l’immaturité de son cerveau, les émotions de votre enfant peuvent vous sembler disproportionnées par rapport à ce qui se passe. Alors peut-être que c’est disproportionné pour un adulte, mais pour un enfant c’est tout à fait normal. Donc ne le jugez pas.
Au lieu de le consoler, comprenez-le !
Au lieu de le consoler, de faire diversion ou de lui faire un petit bisou pour que ça aille mieux, acceptez son émotion. Et pour ça, il va falloir le comprendre, comprendre pourquoi il pleure, comprendre sa peine et sa tristesse, avoir de l'empathie. Et pour ce faire, c’est très simple: verbalisez à sa place : “oh bah Loulou, je comprends que tu avais encore envie de faire un tour de manège, c’est vrai que tu aimerais rester sur le manège toute la journée pour essayer toutes les machines, je comprends que ça doit être tellement triste de se dire que c’est déjà fini”. Si votre enfant a été bousculé par un autre enfant sans lui faire mal et que votre enfant pleure,dites-lui: “oh là là Loulou, c’est violent dis donc, c’était pas agréable qu’il te pousse comme ça, ça t’a fait de la peine”. Entendez à sa place la peine qui est dans son cœur. En faisant ça, vous allez l’aider à comprendre que c’est OK d’être triste et que c’est normal de ressentir cette émotion. Nous, vous comme moi, faisons partie de générations entières de gens à qui on a dit “oh ben non tu pleures pour rien, tu fais toute une histoire pour pas grand chose, la petite bête va pas manger la grosse”. Quand l’adulte, qui est celui qui détient la connaissance, qui a le savoir dit “ah ben non tu devrais pas pleurer pour si peu”, l’enfant se dit en fait ce n’est pas bien de pleurer, je dois pas être quelqu’un de bien, je vois bien que ça dérange en plus, et puis quand je crie, maman et papa sont tendus et énervés, ça ne doit pas être une bonne chose. Et peu à peu, l’enfant va grandir en faisant taire ses émotions, en les masquant, en mettant des couvercles dessus et ça créera un certain nombre de problèmes à l’âge adulte. Problèmes que vous connaissez tous : ne pas savoir gérer ses émotions et se jeter sur un verre d’alcool, du chocolat ou de plein d’autres choses et de mettre en danger sa santé ou de prendre trop de poids. Ca donne aussi peu de confiance en soi de ne pas arriver à s’exprimer ou à s’affirmer vis-à-vis des autres. Ne pas savoir écouter ces émotions, c’est s’exposer à ne pas savoir écouter des alertes qui sont là simplement pour nous dire qu’un de nos besoins n’est pas comblé. Et donc mettre des mots sur ces maux va aider votre enfant à comprendre ce qui se joue et donc à avoir une meilleure gestion de ses émotions. D’ailleurs vous allez voir que quand vous allez faire ça, l’émotion va être jugulée beaucoup plus rapidement que si vous essayez de faire autre chose. Donc au lieu d’avoir le réflexe de le consoler, comprenez-le. Vous lui feriez un meilleur cadeau. Et évidemment au terme de tout ce que je viens de vous dire, ouvrez grand vos bras pour consoler votre enfant. Une fois que vous aurez accueilli son émotion, une fois que vous l’aurez compris, que vous l’aurez validé et que vous lui aurez expliqué que c’était ok, vous pourrez le prendre dans vos bras et lui faire un câlin, si lui a envie d’être consolé bien sûr.
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