Gérer la rancœur et la colère

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Rancœur, rancune, ressentiment,… Toutes ces émotions que vous ressentez par rapport à une situation qui vous a blessé : vis-à-vis de quelqu’un qui vous a fait du mal, mais également vis-à-vis de quelque chose, la société par exemple, vous pouvez en vouloir à Dieu, au gouvernement,… Face à ces situations, vous avez deux réactions possibles, on va voir lesquelles, mais qui ne jouent pas en votre faveur. Comment en sortir ? 

La rancœur: une colère destructrice

Derrière votre rancœur, votre rancune, votre ressentiment, se cache une émotion qui s’appelle la colère. Cette rancune n’est que le fruit de la colère que ça a généré en vous. Ce qu’il faut comprendre c’est que quand il vous arrive quelque chose de douloureux, vous allez traverser plusieurs étapes pour faire le deuil de ce qui vous est arrivé. C’est comme pour un deuil humain. Ce sont exactement les mêmes étapes. Et donc à un moment de ce chemin, de ces étapes se trouve la colère. Et vous vous êtes resté bloqué dans la colère. Mais quand on a dépassé la colère, on peut reprendre son envol. Or si on reste bloqué dans la rancœur, on ne passera jamais outre l’événement et on va rester bloqué. Bien sûr, ce n’est pas positif pour vous, parce que vous allez utiliser deux choses :

  • La première, on va retourner cette colère contre les autres inévitablement. Vous allez vous en prendre aux personnes que vous aimez le plus, alors que ce ne sont pas eux qui vous ont fait du mal. Alors pourquoi vous en prendre à eux? L’avantage de cette action c’est qu’elle va vous permettre de vous libérer un peu de cette colère, de la laisser sortir, de l’évacuer. Mais pas de manière très saine et vous le savez. Donc l’inconvénient c’est que ça va nourrir également de la culpabilité, du ressentiment et de la rancœur vis-à-vis de vous-même, parce que vous n’allez pas aimer ce que vous avez fait vivre aux autres. C’est un cercle vicieux duquel vous ne sortirez pas puisque la colère s’alimente et s’auto-alimente d’elle-même. Vous êtes dans un schéma de reproduction. C’est à dire que vous êtes en colère, vous évacuez cette colère en vous en prenant à quelqu’un, vous vous en voulez, vous nourrissez de la colère contre vous-même qui ira se déposer sur quelqu’un que vous aimez, et ainsi de suite. Vous êtes dans un schéma qui n’est pas du tout vertueux.
  • Deuxième chose que vous pouvez utiliser c’est de retourner cette colère contre vous-même. Et ce n’est ni mieux ni moins bien. Certes, ça vous évite de vous en prendre aux autres. Mais en retournant cette colère contre vous, vous la gardez à l’intérieur de vous parce que vous ne pouvez pas l’évacuer. Mais elle peut se manifester par de l’auto maltraitance en vous jugeant durement, en vous en vous humiliant vous-même, en vous disant des choses négatives, en tout cas en entachant et en diminuant considérablement l’estime que vous avez de vous-même. Du  même coup, vous allez avoir un comportement qui ne va pas vous permettre de vous épanouir. Vous n’allez pas vous sentir bien, vous allez vous priver peut-être de vivre des choses positives en étant dans cette auto dénigrement, dans cette auto-destruction. Ou, cette colère que vous n’arrivez pas à évacuer va se transformer parce que la colère doit s’exprimer d’une façon ou d’une autre. Alors elle va se transformer physiquement ou psychiquement. Vous pouvez commencer par avoir des douleurs dans le dos, dans la nuque, avoir des problèmes d’estomac ou de digestion, et ça peut aller jusqu’à une maladie plus grave.

Le pardon

Donc vous l’avez compris dans un cas comme dans l’autre cette colère, cette rancœur et ce ressentiment ne vous feront rien de positif. Si en plus vous avez un désir de vengeance et que vous nourrissez des sentiments négatifs vis-à-vis de quelqu’un, en lui souhaitant les pires maux du monde, posez-vous une seconde la question “où se trouve-t-il ? à qui nuit-il ?” Il se peut que la personne qui vous a blessé continue sa vie tranquillement et paisiblement. Et vous, avec cette rancœur, avec ce désir de vengeance, avec toute cette colère à l’intérieur de votre corps, à qui nuisez-vous à votre avis ? A vous-même ! C’est pour ça que vouloir se libérer et en finir avec la rancœur est une chose très saine quand on comprend que pour s’en libérer il faut arriver à pardonner. Parce que pardonner ce n’est pas de faire un don à l’autre, c’est se faire un don à soi-même. Je ne vais pas parler davantage du pardon, j’ai fait d’autres vidéo sur ce sujet (https://youtu.be/lRTAdKCAkuc, https://youtu.be/Ts-iC-7h-RI, https://youtu.be/EddXieOHggg). Vous avez également mon livre “Les clés du passé” dans lequel je consacre un chapitre entier. Dans ce livre, vous verrez que le pardon n’était pas une chose facile pour moi non plus. Et je pensais, à tort, qu’il faut se réconcilier, oublier. Ce n’est pas ça du tout. Il y a une mauvaise connaissance du pardon parce que c’est fortement corrélé dans nos sociétés judéo-chrétiennes au pardon des religions. Or ça n’a rien à voir. Se pardonner, c’est se libérer en fait, tout simplement.

Quoi que vous décidiez, et même si vous décidiez de ne pas pardonner, faites-le de façon éclairée en ayant vraiment analysé les tenants et les aboutissants. Dans le mot “rancœur” il y a cœur. Et votre cœur est blessé. Souhaiter à quelqu’un les pires maux ne vous guérirait si ces choses lui arrivait. On a vu beaucoup de gens, qui sont allés à des procès parce qu’ils avaient perdu un enfant, pensant qu’ils allaient être soulagé parce que l’assassin était condamné à la peine capitale, pour s’apercevoir que non. Parce que, encore une fois, le ressentiment est en vous. Et il faut venir guérir cette part blessée de vous, l’aidez à transmuter cette peine en autre chose.

Trouvez les trésors cachés

Le dernier conseil que je vais vous donner, et franchement il est fondamental, si vous deviez retenir qu’une chose c’est que vous pouvez transformer cette colère en quelque chose de constructif. Il y a la douleur originelle, il y a la douleur qu’on se fait vivre inlassablement parce que on ressasse le passé, et il y a la douleur que l’on s’inflige parce qu’on laisse de la colère et de la rancoeur à l’intérieur de notre cœur et que ça nous empêche d’aimer, d’être heureux, d’être joyeux d’avancer. On peut bâtir et construire sur n’importe quoi. Si vous connaissez Pierre Rabhi, il a réussi à faire un jardin sur un tas de cailloux où rien ne poussait, où on pensait qu’il était impossible de faire pousser quoi que ce soit. On peut bâtir sur des cendres, on peut bâtir sur n’importe quoi. Il suffit de le décider et justement de se dire que cette histoire ne nous a pas anéanti. Si vous commencez à vous poser sincèrement en cherchant ce que cette histoire a eu de positif pour vous, c’est sûr qu’au début vous allez dire qu’il n’y a rien de positif là-dedans. Et bien moi je vous dis que oui, il y a forcément quelque chose de positif. Ne serait-ce que la personne que vous êtes devenue depuis. Ca a dû développer soit des compétences, soit des qualités. Quelles sont-elles, qu’est-ce que ça a changé ? Je sais que les épreuves que j’ai vécues m’ont permis de devenir combative, courageuse, d’avoir la volonté d’entreprendre. Oui tout ça je le dois justement à un passé douloureux. Peut-être que si je n’avais pas eu ce passé, j’aurais été plus dépendante des autres, je me serais peut-être plus laissée aller. On ne saura jamais. Mais ça a développé des qualités aussi que je reconnais comme de l'empathie, de la bienveillance, surtout vis-à-vis de ceux qui souffrent et ce qui c’est ce qui me permet de faire ce métier aujourd’hui. Il y a toujours des cadeaux mal emballés par la vie, des cadeaux qui ne ressemblent pas à des cadeaux, qu’on n’arrive pas à voir tout de suite. Mais si vous arrivez à voir que les histoires que vous avez vécues n’ont pas été que négatives, et que vous pouvez, par la colère, la transformer en quelque chose qui va vous permettre de vous réaliser, alors vous aurez gagné votre bataille sur la colère et surtout sur vos bourreaux.