Pourquoi vous devriez cesser de crier sur vos enfants

Lorsque l’on parle de violence éducative, on pense au châtiment corporel principalement ou aux violences psychologiques. Mais les cris n’apparaissent pas toujours, en tout cas pour de nombreux parents, comme de la violence. Et surtout on ne connaît pas très bien encore les effets des cris sur le cerveau de nos enfants.

Je sais que le terme “violence éducative” fait peur, qu’il y a beaucoup de parents qui vont s’effrayer en se disant qu’ils ont peut-être fait de mauvaises choses. Parce que qui n’a pas crié un jour ou l’autre sur son enfant ? Il ne s’agit pas de dramatiser ou de se culpabiliser mais de se responsabiliser pour prendre la mesure et les conséquences de nos actions sur nos enfants. Beaucoup d’enfants ont grandi, et j’en fait partie, en ayant eu des parents qui leur avaient beaucoup crié dessus. Ça crée des troubles, c’est sûr, j’ai pu en mesurer les conséquences dans ma vie. Ca a été un long travail pour pouvoir me libérer de beaucoup de traumas liés à mon enfance. C’est pourquoi aujourd’hui mon objectif est de vous alerter, vous les parents, pour que vous puissiez prendre la mesure de ce que vous faites et rectifier le tir ou vous faire accompagner, que ce soit par moi ou par quelqu’un d’autre dans la gestion de vos énervements.

Crier un peu sur les enfants de temps en temps, péter un câble de manière épisodique ou constamment, non ce n’est pas bon. Et au lieu de vous culpabiliser, si l’envie vous prenait de le faire, et bien asseyez-vous quelques instants et essayez de trouver plutôt une solution pour résoudre cette problématique plutôt que de vous culpabiliser. Parce que vous ne le faites pas exprès. J’ai déjà fait des tas de vidéos sur pourquoi les parents crient, pourquoi on a du mal à juguler nos émotions face à nos enfants.

Les effets négatifs des cris sur le cerveau de vos enfants

Premièrement, ça va créer une montée de stress dans le corps de votre enfant. Or on minimise ce que fait le stress dans le cerveau, même chez les adultes. Il faut savoir que c’est très très long à évacuer. Et plus on est petit, plus on est fragile et plus on est sensible. Et donc ce niveau de stress, au moment où le cerveau est en train de se développer, va créer quelques problématiques comme un manque de concentration, une difficulté à assimiler les connaissances, une difficulté à apprendre. Et on le voit beaucoup. On dit souvent que les enfants n’arrivent pas à se concentrer, etc. Il faut savoir que plus l’environnement est violent verbalement, plus il y a de cris, plus l’enfant se fait gronder sans arrêt, critiquer et juger (ça va un petit peu ensemble même si on ne crie pas ça aussi c’est quelque chose qui va l’affecter) tout ça mais surtout les cris vont affecter la capacité de concentration, d’apprentissage et de raisonnement de votre enfant, et d’assimilation de ses connaissances. Parce que ça va créer trop de stress dans son cerveau, stress qu’il va devoir apprendre à gérer.

Deuxième chose, ça va affecter le développement relationnel de votre enfant, sa capacité à comprendre et à avoir de l'empathie vis-à-vis des autres. A se sociabiliser en fait. Ca peut rendre vos enfants extrêmement anxieux, avec une difficulté à vous confier leurs sentiments, leurs émotions et leurs pensées. Parce qu’en ayant toujours peur de se faire gronder, de ne pas faire bien, en fait les crises vont développer de l’angoisse. Et l’enfant, au bout d’un moment, ne sait plus très bien sur quel pied danser. Parce que contrairement à ce que vous croyez, l’enfant ne comprend pas toujours pourquoi vous lui criez dessus. Pour nous pour nous ça paraît évident : ça fait quatre fois que je te dis de mettre ton verre comme ça et que tu ne le fais pas donc je hurle. Mais en réalité, votre enfant ne comprend pas parce que d’abord il ne l’a pas fait exprès, et ensuite parce qu’il n’a pas encore enregistré l’information que son verre doit être mis là. Même s’il l’a entendu mille fois. Ce que vous avez oublié c’est que vous avez eu besoin jadis de répétition pour enregistrer une information, et que votre enfant aussi. Si vous vous mettez à jouer du piano vous allez oublier des tas de choses après la première leçon et il va falloir que le professeur vous redise et vous redise encore, sachant que votre cerveau est mature et donc câblé pour apprendre. Ce qui n’est pas du tout le cas d’un enfant au cerveau immature. Donc quand il se fait gronder il ne comprend pas ce qu’il n’a pas fait de bien, il n’a pas bien compris qu’il n’avait pas mis son verre correctement, il ne comprend pas en fait pourquoi c’est si problématique, pourquoi vous vous emportez à ce point sur lui.

Et il le prend pour lui : je suis un mauvais enfant, je ne comprends rien. Et surtout il y a ce stress qu’il n’arrive pas à gérer.

Troisième chose et c’est la plus fondamentale : ça va diminuer la confiance et l’estime de soi de son enfant. Comme je l’ai dit tout à l’heure, il va se dire qu’il est mauvais. En fait, à chaque fois qu’il se fait gronder, un enfant se dit je ne suis pas un bon enfant, je donne trop de soucis à mes parents. Alors les parents vont se dire : mais alors il n’a qu’à arrêter ! Mais ce n’est pas si simple. Si c’était si simple il le ferait. D’ailleurs c’est ce qui va se passer au fil du temps. Et plus l’enfant va grandir, et plus il va se conformer à ce que les adultes attendent de lui. En tout cas c’est ce qu’il va décider de faire et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des enfants qu’on trouve très sages tout à coup, au bout de quelques années, surtout si on les a beaucoup brimés s’il y a eu beaucoup de conséquences négatives à leur comportement. Les enfants vont s’adapter mais ça ne veut pas dire pour autant qu’ils s’assagissent en fait. C’est juste qu’ils se soumettent.

Il faut savoir qu’un enfant qu’on gronde le prend toujours pour lui, quelle que soit la raison, parce que parfois il faut bien reconnaître les parents grondent les enfants parce qu’ils ont eu une sale journée et que c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il faut savoir que les enfants se disent toujours que c’est de leur faute. Quoi qu’il se passe, c’est toujours de leur faute. Résultat : un enfant qui se fait gronder se dit je suis un mauvais enfant, je ne suis pas bien. Et souvent je vois des parents qui après me disent ah je comprends pas il dit qu’il est nul, il dit ceci, il dit cela. Quand on les critique souvent, quand on leur montre tout le temps qu’ils n’ont pas réussi ou que ce n’est pas bien, ou qu’on n’est pas content, l’estime de soi de l’enfant descend, la confiance s’amenuise. Et votre enfant a des difficultés ensuite à avoir une bonne estime de lui, une bonne confiance en lui et ça va se ressentir dans pleins de domaines.

Quatrième chose : ça va affecter le comportement social de votre enfant. C’est à dire qu’il ne va pas comprendre en fait les émotions des autres et il va avoir un petit peu peur des autres. Parce que si je ne suis pas sécurisée à la maison, je ne vais pas me sentir en sécurité avec des étrangers. On observe chez certains enfants sur lesquels on crie beaucoup une tendance au repli, à rester dans leur coin, à moins aller vers les autres et à moins sociabiliser.

Et enfin les cris peuvent entraîner des problèmes de comportement et également de sommeil. Il faut savoir que plus vous criez sur un enfant et plus il a tendance à crier aussi sur vous, peut-être, mais aussi sur les autres à l’école. Il va essayer d’obtenir des choses avec de la force et avec de l’autorité, ce qui peut créer encore une fois des problèmes relationnels qui vont être difficiles à gérer. Parce que votre enfant apprend par mimétisme et donc si vous avez pris l’habitude quand vous n’êtes pas contente ou content de le gronder, il fera pareil à l’extérieur. Et un jour ça risque même de se retourner contre vous. Il risque de faire pareil à l’adolescence, de hurler, parce que c’est comme ça qu’il a appris à gérer ses émotions et ses difficultés.

Les problèmes de sommeil viennent du stress qui est accumulé. Du fait que l’enfant a du mal à s’apaiser, à se sentir en sécurité quand on crie beaucoup sur lui, son besoin de sécurité est défaillant. Et du coup ça peut créer des troubles de l’endormissement, des troubles du sommeil, une mauvaise capacité à gérer ses émotions, à pouvoir s’apaiser. Il peut aussi stocker des pensées négatives. Il peut y avoir aussi beaucoup d’anxiété. Pour un enfant ayant toujours peur de se faire gronder ou de mal faire a des angoisses, le soir venu, quand le cerveau est au calme, les pensées se bousculent dans sa tête et ça l'empêche de s’endormir.

Voilà un peu un état des lieux. J’ai fait d’autres vidéos un peu plus scientifiques en vous donnant quelques éléments d’études qui ont été faites sur les effets des punitions, des cris, en tout cas des violences éducatives sur les enfants. Vous retrouverez toutes ces vidéos sur ma chaîne.