Relations toxiques. Le triangle de Karpman

Pour vous abonner à ma chaîne Youtube, cliquez ici


Vous allez voir comment, à travers le prisme du triangle de Karpman, nous jouons tous un rôle, trois exactement, et comment il faut faire pour sortir de ces jeux de pouvoir, de ces jeux toxiques. Et croyez-moi tout le monde mène une relation toxique d’une certaine manière et je vais vous en faire la démonstration

Dans les relations toxiques, trop souvent, on pense à une relation ou il y a de la violence, des humiliations. C’est le cas. Mais la personne qui subit la violence ou la personne qui est témoin de cette violence peut nourrir également une relation toxique avec l’autre. En fait on passe d’un rôle à l’autre.

C’est le triangle de Karpman. Je me propose aujourd’hui de vous l’expliquer avec mes mots avec ma vision, et ça va être très intéressant d’essayer de comprendre vous aussi dans quel environnement vous passez d’un rôle ou d’un autre. Et surtout c’est un très bon outil pour mieux se connaître et pour avoir de meilleures relations avec les autres, pour arriver à se comprendre mais également arriver à les comprendre.

Karpman est un psychologue américain qui a élaboré la méthode du triangle Pourquoi triangle ? Simplement parce qu’un triangle ça a trois trois côtés et que les trois rôles que l’on joue du Bourreau, de la Victime et du Sauveur.

Tout d’abord qu’est-ce qu’une victime ? Qu’est-ce qu’un bourreau ? Qu’est-ce qu’un sauveur ? Sachant que vous qui m’écoutez, vous passez d’un rôle à l’autre en permanence. Ce n’est pas facile de se dire qu’on est une victime ou un bourreau mais vous allez voir il y a des nuances.

La victime

La personne victime n’est pas forcément quelqu’un qui se plaint tout le temps. Bien sûr ça c’est la caricature, il y a des victimes comme ça et vous en connaissez. C’est la personne à qui il arrive souvent des choses, et des choses dramatiques. Elle a toujours une histoire triste à vous raconter. C’est la personne dont la vie n’est jamais comme elle. C’est quelqu’un qui a besoin de raconter ces petits malheurs. Mais il y a aussi des victimes qui s’ignorent. Je peux vous dire que moi, quand j’ai découvert ça, je me disais que vraiment je pouvais pas être une victime, parce que j’étais quelqu’un qui ne se plaignait jamais, qui était combatif, qui ne se laissait pas abattre par les épreuves. Ca c’est une vision de la victime que j’avais. Mais en fait, on est victime à chaque fois qu’on est victime de son environnement, ou de quelque chose, à chaque fois qu’on pense que c’est la faute de, ou c’est à cause de. Par exemple, si je ne fais pas le métier que j’aime aujourd’hui c’est parce que mes parents n’étaient pas sympas. Comme ils n’étaient pas sympas, j’ai dû partir et quitter le nid familial jeune, donc je n’ai pas pu faire d’études, donc donc et donc je suis victime. Et si je me sens victime, c’est qu’il y a forcément un bourreau. Le bourreau n’est pas forcément une personne. Ca peut être un événement. Par exemple, le bourreau ça peut être le bouchon qui vous empêche d’avancer, ça peut être l’État qui vous empêche de sortir en plein covid par exemple. Vous allez me dire “oui mais on était bien victime”. Ne se sent victime que la personne qui a envie de se sentir victime. C’est-à-dire qu’à partir du moment où elle se sent blessée où elle se sent impuissante par rapport à la situation. Même si on a été confiné, on pouvait trouver comment retrouver un peu de liberté soi-même, comment évoluer dans cette situation, comment faire quelque chose de positif. Et plutôt que de se sentir victime, il s’agit de reprendre le pouvoir et de se sentir acteur. Parce que c’est ça le défi de la victime : c’est de penser qu’elle ne peut rien faire et qu’elle est une pauvre petite chose.

La victime est donc celle qui est victime soit d’une personne qui la maltraite que ce soit physiquement, psychologiquement. Ca peut être un patron qui n’est pas sympa. Ca peut être les enfants qui la maltraitent que ce soit verbalement ou physiquement. Ca peut être un partenaire, ça peut être la vie comme on l’a vu. Ca peut être un handicap. On peut sentir victime parce qu’on a une maladie qui nous empêche de faire certaines activités. Or, je peux vous assurer qu’il y a plein de gens qui ont des handicaps et qui m’écoutent et qui ne se sentent pas être des victimes. Donc on se sent victime quand on a envie de se sentir victime. On a tous quelque chose qui nous handicape dans la vie. Si vous avez 6 enfants, vous ne pouvez pas avoir la même vie que quelqu’un qui n’en a pas. Donc ça devient un handicap. Ca ne veut pas dire que vos enfants sont des handicaps ; ça veut dire que, effectivement, votre vie sera moins simple. Si vous n’avez pas beaucoup d’argent, c’est plus compliqué que si vous en avez. Si vous n’avez pas de permis, vous êtes lésés par rapport à quelqu’un qui a le permis et qui peut être plus indépendant.

Quel est l’intérêt d’être une victime, pourquoi et quel est son défi ?

Si on est dans un rôle, c’est qu’on y retire un bénéfice. Et le bénéfice que retire la victime, c’est d’attirer la compassion, c’est d’attirer le regard sur elle, d’attirer les sauveurs et les bourreaux. Le sauveur va être celui qui écoute la victime, mais pour que le sauveur sauve la victime, il faut que la victime ait envie d’être sauvée. Le problème c’est que la seule chose qui intéresse la victime c’est de pouvoir attirer la compassion et l’écoute. Ca la fait se sentir importante de voir qu’on l’écoute, qu’on a de l’empathie, ça l’aide à se dire qu’elle est une petite chose, ça l’aide à raconter son histoire. Elle ne cherche pas forcément à sortir du rôle de victime car si elle en sort, elle n’aura plus ni l’écoute, ni la compassion. Elle a l’impression que si elle fait ça, elle va perdre quelque chose. Donc ça c’est l’avantage que trouve la victime à rester dans son rôle de victime : c’est se plaindre. Le défi de la victime c’est de comprendre qu’elle doit reprendre la responsabilité de sa vie et qu’elle a le pouvoir de le faire. Qu’en fait, elle n’est victime que parce qu’elle le décide. Elle a peut-être de bonnes raisons de se plaindre. Par exemple, elle a un patron très caractériel. Mais pourquoi ne le quitte-t-elle pas ? Souvent le problème de la victime c’est qu’elle n’essaye pas de trouver des solutions. Le sauveur lui, cherche et trouve des solutions pour la victime. La victime ne prend pas les solutions et d’ailleurs c’est pour ça que le Sauveur, au bout d’un moment il n’en peut plus.

Souvent la victime cherche à sauver son bourreau Elle a une relation ambivalente avec lui. Donc elle se transforme en sauveur à chaque fois qu’elle compatit pour son bourreau, surtout quand celui-ci est une personne physique. C’est le syndrome de la femme battue par exemple. Je prends des exemples extrêmes. Mais c’est vrai quand par exemple on est dans une relation de dépendance, votre partenaire n’est peut-être pas maltraitant au sens physique, mais il peut avoir d’autres attitudes qui vous blessent et vous n’osez rien dire de peur d’être seul, ou pour des tas d’autres bonnes ou mauvaises raisons. Mais ça vous maintient dans ce schéma et du coup vous essayez de sauver. C’est-à-dire que de temps en temps la victime a de la compassion pour son bourreau : il a des raisons d’en être arrivé là. La victime se transforme en sauveur. Et d’autres fois elle va se transformer en bourreau de son bourreau. Comment ? Tout simplement en lui disant qu’elle va le quitter, en utilisant la vengeance ou la manipulation.. 

Voilà comment la victime change de rôle.

Le défi de la victime c’est vraiment de comprendre qu’elle a le pouvoir, qu’elle n’a pas besoin des autres pour exister, qu’elle a toutes les cartes en main et qu’elle peut prendre sa vie en main. Elle doit reprendre la responsabilité de sa vie et de ce qui lui appartient.

Le sauveur

Le sauveur lui, il veut sauver parce que ça relève l’estime de lui-même. Ca lui donne l’illusion qu’il est une bonne personne. Il se dit que lui, contrairement au bourreau, est une bonne personne qui ne maltraite personne. Mais ce n’est qu’illusoire. 

Plus on est englué dans un rôle et plus on l’incarne et plus on a une piètre estime de soi-même en fait. Le sauveur se dit qu’en sauvant les autres, ça relève l’estime de lui. C’est vrai que c’est très noble de vouloir donner de son temps. Mais au bout d’un moment, il devient le bourreau de la victime parce qu’il en a marre de lui trouver des solutions alors que la victime ne fait rien. Donc il se transforme en bourreau lui-même.

Il se transforme aussi en victime puisqu’il devient victime de sa victime qui le harcèle tout le temps, lui court après pour lui raconter toujours ses histoires, monopolise son temps alors qu’après ça ne sera pas suivi d’effets. Le Sauveur a besoin de comprendre qu’on ne fait pas le bonheur des autres contre leur volonté. Proposer son aide certes mais sans vouloir faire à la place de l’autre. Il doit laisser à sa victime la responsabilité de décider pour elle-même et accepter que peut-être elle a envie de rester une victime. Il doit fixer  ses limites et expliquer à sa victime: écoute, je sais ce dont tu as besoin, j’ai des solutions pour toi, mais tu n’es peut-être pas prête. Donc sache que quand tu seras prête, je serai là.  Pour vous donner un exemple, si vous voyez quelqu’un qui se noie dans la mer et qu’il a des requins partout vous n’allez pas vous jeter à l’eau pour le sauver. En revanche, vous allez jeter une bouée et aider la personne parce que vous aurez plus de force. Vous n’allez pas vous jeter dans l’eau et risquer votre vie en même temps que celle de l’autre, ça n’a pas de sens. Autre exemple: dans les avions vous ne l’avez peut-être pas remarqué mais l’hôtesse vous recommande qu’avant de mettre le masque sur votre nez, vous devez d’abord mettre le masque aux enfants, parce que vous avez besoin vous d’être en pleine capacité avant de pouvoir aider les autres.

C’est ça que le Sauveur a besoin de comprendre.

Ce qu’il a aussi besoin de comprendre c’est qu’il n’a pas besoin de sauver les autres pour être quelqu’un de bien et qu’il est déjà évidemment quelqu’un de bien. Donc il a lui aussi besoin de reprendre la responsabilité de ce qui lui appartient. C’est à dire qu’il n’est pas responsable de la victime qui ne fait pas ce qu’il lui propose. Ca n’a rien à voir avec lui, c’est juste que  cette personne n’est pas prête.

Le bourreau

On se demande souvent quel est le but recherché par le bourreau ? Quel est le truc positif ? En fait, ça lui donne du pouvoir. Et le pouvoir donne l’illusion qu’on est tout puissant. Je peux asservir quelqu’un, je peux m’imposer par la force, par la violence. Sauf qu’au fin fond de cette personne il y a quand même de la honte et de la culpabilité. Parce qu’à un moment ou un autre elle se rend bien compte qu’elle n’est pas une si bonne personne que ça.

Cette personne-là a besoin de prendre elle aussi la responsabilité de ce qui lui appartient. Souvent le bourreau se sert de la victime pour l’incriminer et la rendre responsable de tout ce qui arrive. On le voit que ce soit dans un cadre professionnel ou ailleurs et donc il a besoin de reprendre la responsabilité des choses. S’il se met en colère ou si il est violent, ce n’est pas certainement pas la faute de ce que fait ou dit l’autre. Le bourreau doit travailler sur ses blessures pour les guérir et non pas de s’en prendre aux autres pour se sentir puissant.

La conclusion c’est qu’en fait tous ces rôles ont besoin de reprendre leur part de responsabilité. Parce que c’est en reprenant sa part de responsabilité qu’on reprend le pouvoir de sa vie, qu’on reprend les rênes,qu’on devient une personne responsable, une personne qui guide sa vie et qui ne se laisse plus guider ni par les autres ni par les événements. C’est difficile à faire évidemment. Mais dans toutes les relations dans lesquelles il y a un conflit, je vous invite désormais à vous poser la question : quel rôle je suis en train de jouer maintenant?

Dans tous les conflits qui peuvent exister il y a un moment où quelqu’un va tenir le rôle de la victime, un autre va tenir le rôle du bourreau, et peut-être qu’un tiers jouera le rôle du sauveur.