Pour en finir avec la culpabilité

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Qui n’a jamais ressassé de la culpabilité en se disant qu’on aurait pu faire autrement, que si on avait fait comme ça, les choses auraient été différentes. On s’en veut, on se traite mal. On estime être une mauvaise personne, avoir fait mal des choses.

Mais il y a aussi les gens qui refusent de se culpabiliser en estimant que finalement s’ils ont agi ainsi, c’est qu’ils avaient aussi de bonnes raisons, et que finalement ils ne vont pas se culpabiliser pour autant.

Dans un cas comme dans l’autre ce n’est pas bon : l’ego s’en est mêlé et donc ce n’est pas la bonne posture. Il y a une autre posture à adopter qui elle, est la plus saine.

Tout d’abord, on va voir ce qu’est la culpabilité et pourquoi elle ne sert à rien. La culpabilité c’est cette émotion qui nait quand on se sent coupable d’avoir commis quelque chose, d’avoir créé du tort, souvent à quelqu’un d’autre, quand on regrette ce que l’on a fait ou ce que l’on a dit, ou ce que l’on n’a pas fait ou que l’on n’a pas dit. Tout ça va générer un sentiment de culpabilité. Or vous êtes bien d’accord avec moi si je vous dis, et je sais que vous le savez déjà, j’enfonce des portes ouvertes, que ça ne sert à rien. Que vous vous culpabilisiez ou pas, ça ne va rien changer, on ne peut pas revenir sur le passé. En revanche on peut revenir sur ce qu’il s’est passé et on va voir la bonne méthode à adopter. Mais avant d’adopter une méthode il faut en comprendre le bien-fondé mais également tous les fondements.

Deuxième point : que cache en réalité cette sur-culpabilité ou cette déculpabilisation ? Dans le premier cas, ça vous permet d’être dans une posture de bourreau et on rentre complètement et à pied joint dans le triangle de Karpman. J’ai écrit un article très complet que vous allez retrouver sur mon site . Cette théorie est vraiment très intéressante ; essayez de détecter un petit peu dans quel domaine de votre vie vous adoptez telle ou telle posture. C’est vraiment un outil très intéressant que les gens adorent découvrir. Donc quand je suis dans une posture de bourreau, je me maltraite en fait et là c’est l’ego qui arrive à la charge et qui dit : tu vois t’aurais jamais dû faire ça, tu es une mauvaise personne, tu n’es pas assez bien, tu es trop méchante, etc. Et donc ça vient faire chuter et même plonger votre estime de vous, votre confiance en vous, et comme on l’a dit, ça ne sert à rien. Ni à vous, parce que si vous avez failli quelque part d’abord ça fait de vous juste un être humain qui n’est pas parfait, qui fait des erreurs, qui blesse parfois, qui dit des mauvaises ou des vilaines choses, qui a des actes qu’il regrette. Tout ça il faut le reconnaître. Néanmoins ça fait juste de vous un être humain. En revanche, ça vous maintient dans un schéma de mauvaise personne et donc ça vient faire chuter votre estime et votre confiance en vous. Est-ce que ça va profiter à la personne que vous avez agressée ou envers laquelle vous ressentez de la culpabilité ? Non pas du tout. Ca ne va rien lui apporter comme bienfait. Donc à vous ça ne crée que des troubles et à la personne ça ne lui sert à rien. Et dans le cas où vous vous dites finalement j’ai bien fait, c’est encore l’ego qui dit : oui tu as bien fait de ne pas te laisser faire et puis tu as vu c’est bien de sa faute si tu en es arrivé là, c’est qu’il y avait bien des raisons, si tu t’en es pris à un tel c’est bien parce que ça faisait 1000 fois que…, et puis si tu étais pas si épuisé à cause de ton travail etc., etc. Et là encore c’est l’ego qui fait toujours deux choses : soit il vous rabaisse plus bas que terre, soit il vous encense en vous faisant croire que vous êtes mieux et plus puissant que tout le monde. Mais dans un cas comme dans l’autre ce n’est pas la bonne posture.

Troisième point. Alors si ça sert à rien de se culpabiliser, si se dire qu’on a des bonnes raisons ça ne sert à rien, alors où est le juste milieu ? Et bien en fait dans un cas comme dans l’autre, ça vous empêche de faire quelque chose de très sain : c’est de prendre la responsabilité de ce qu’il s’est passé. Parce que pour pouvoir réparer, il faut sortir du costume du bourreau et du costume de la victime. La victime qui s’apitoie : oui je suis une mauvaise personne,… etc. ou le bourreau qui dit oui parce que si on n’avait pas fait tout ça je n’aurais jamais fait ça. Donc il s’agit de sortir de ces deux postures et de regarder la situation avec objectivité. Si j’ai mal agi, que je le sais, que je le reconnais, alors qu’est-ce que je peux faire pour réparer la situation ? Dans ce cas-là, c’est peut-être d’aller voir la personne pour s’excuser, de revenir sur le truc, on a toujours une bonne occasion. Mais ça votre égo il ne veut pas le faire. C’est pour ça qu’il vous maintient dans la posture de la victime.

Ca peut paraître très sain de constater qu’une personne se culpabilise parce que cette personne a un grand cœur, que finalement elle se soucie du ressenti de l’autre. Mais derrière cette attitude en fait, il n’y a pas d’action. Et c’est là où l’ego est subtil, parce qu’on ne s’en rend pas compte mais il vous empêche d’aller faire la seule chose qui pourrait réparer : c’est d’aller voir cette personne pour lui dire : écoute je suis vraiment désolé effectivement j’ai été blessée quand j’ai entendu ça et ça mais je n’aurais jamais dire ou faire ceci, je ne le pensais pas un instant, j’ai dû te blesser et je m’en veux, etc.

Et dans l’autre posture? Quand on se dit oui mais finalement c’est de la faute de l’autre ? Et bien en fait là c’est pareil. On se dit que finalement j’ai bien raison, et puis tant pis pour lui finalement. Ca nous évite de prendre la responsabilité de ce qu’on a fait. Or oui, l’autre a fait peut-être des choses qui nous ont blessées mais nous ne l’a-t-on pas blessé encore plus en faisant ça ? Quelle est notre attitude ? Ca nous empêche de de voir que l’attitude qu’on a n’est pas bonne, que les actes qu’on a fait ont des conséquences voire dramatiques, qu’ils peuvent créer beaucoup de chagrin, de douleurs, de peine. La personne peut stocker ça toute sa vie et être malheureuse. Ca peut aussi créer un schéma. Par exemple si on a été trompé on va se dire qu’on va être trompé sans arrêt. Il faut faire ce que l’ego refuse de faire : aller se mettre à la place de l’autre, avoir de l'empathie, donner des excuses et se rendre compte que si on nous l’avait fait vivre à nous comment on aurait vécu ça ? Qu’est-ce qu’on pense de ça ? Est-ce qu’on trouverait normal qu’on nous fasse vivre exactement la même chose si on avait fait pareil ? Et souvent si on est très honnête la réponse est non. Donc la culpabilité ça ne sert à rien.

Je dirais que la culpabilisation n’est pas si mauvaise à condition qu’elle puisse commencer à faire prendre sa part de responsabilité dans ce qui s’est joué et donc le pouvoir de réparer les choses, de pouvoir agir positivement en ayant de l'empathie pour ce qu’il s’est passé et pour soi-même, qui est juste un être blessé, qui a réagi par rapport à une situation et vis-à-vis de l’autre. Et ça c’est très sain parce que là on grandit et on aide l’autre aussi à grandir, on n’écrase pas l’autre, on se met sur un pied d’égalité et c’est ça qui est vraiment fondamental.