Comment se montrer juste et équitable avec nos enfants
« Il en a eu plus! » « Je suis sûre que tu l’aimes plus que moi ! » « Ce n’est pas juste ! » Les enfants sont très attentifs aux marques d’affection, d’attention, de reconnaissance et de bien d’autres choses que l’on accorde aux autres et spécifiquement à son frère ou à sa soeur. À l’affût de nos moindres faits et gestes, ils nous déclament un « ce n’est pas juste » pour tout et rien ! Que faut-il faire ? Est-il possible d’être totalement équitable ? Faut-il tenir compte de leurs observations ?
C’est ce que je vous propose de découvrir dans ce nouvel article pour éviter de voir grandir la rivalité entre vos enfants.
Nos enfants sont uniques
Comme toutes les mamans, j’ai moi aussi eu à faire face à un « je vois bien que tu l’aimes plus que moi » ou « c’est toujours elle que l’on écoute ou que l’on complimente ».
Ces doléances m’ont rappelé mes souvenirs d’enfant, car moi aussi je me souviens avoir vécu comme un désamour, ce qui était particulièrement douloureux, le fait d’avoir moins de frites dans mon assiette ou de me faire gronder plus que les autres. Et je me rappelle très bien toute la souffrance que j’ai ressentie.
C’est pourquoi, quand la situation s’est présentée pour moi, j’ai pris cela très au sérieux et j’ai décidé d’accorder une attention toute particulière aux reproches de mes enfants. Car, même s’il est vrai que je les aime toutes les deux, je suis sensible au fait qu’elles puissent penser le contraire et surtout en souffrir.
L’attitude que nous avons lorsque nos enfants nous font ce genre de remarques consiste à nier les faits ou à les justifier. Or, en niant, nous ne permettons pas à nos enfants d’exprimer leur ressenti. Car, il faut bien le reconnaître, notre premier réflexe en tant que parent (en tout cas c’était le mien) est de démentir « Comment peux-tu penser une seconde que je puisse aimer ta sœur plus que toi. Je t’aime tout autant ma chérie, tu te fais des idées. »
Pourtant, en étant tout à fait honnête, il est normal de ne pas mesurer nos actions, ce serait épuisant. Et puis, nous ne pouvons pas avoir la même relation avec tous nos enfants. Cela ne remet d’ailleurs nullement en cause l’amour qu’on leur porte. L’âge aussi joue un rôle, un bébé aura davantage d’attention. C’est pourquoi, ne serait-il pas plus sain de reconnaître que oui, nous avons passé plus de temps avec Paul ? Oui, il y a plus de pâtes dans l’assiette de Manon ! Oui, le bébé nous accapare davantage. Ce sont des faits, acceptons-les pour ce qu’ils sont.
Si c’est vrai, autant le reconnaître !
C’est parce que nous contestons les faits que nos enfants reviennent à la charge quelques jours ou quelques heures plus tard avec un nouvel exemple destiné à nous confondre.
En acceptant simplement de reconnaître que nos enfants sont uniques et que c’est la raison pour laquelle nous les traitons différemment permettra de leur donner un début d’explication bien plus crédible que toutes nos justifications. Et lorsqu’il s’agit d’un fait mesurable comme une plus grosse part de gâteau, reconnaissons que la part est plus grande, mais que ce n’est pas pour cela que l’amour est moins grand.
Les enfants ont besoin d’être rassurés
Si l’on considère que nos enfants sont uniques, il serait illusoire de croire que nous pouvons avoir les mêmes attentions pour chacun, car ils n’ont pas du tout les mêmes besoins.
Une de mes deux plus jeunes filles est plus en demande de câlins que sa sœur. Nous pouvons passer de longs moments dans les bras l’une de l’autre. Et, lorsque sa sœur s’en plaint, ce n’est pas tellement parce qu’elle aimerait prendre sa place. Je pense même que cela ne lui plairait pas du tout. Elle a juste besoin d’être rassurée sur l’amour que je lui porte. Comme elle n’est pas en mesure de décrire précisément ce qui la tourmente, elle me lance : « Tu l’aimes plus que moi, car tu lui fais plus de câlins. » C’est sa façon à elle d’exprimer sa frustration, utiliser l’attaque. Et croyez-moi, les adultes font la même chose.
La plus grande peur d’un enfant est de perdre l’amour de ses parents. Alors, pour mesurer l’amour que nous leur portons, nos enfants nous évaluent selon leurs propres critères : nature du cadeau, nombre de bisous, quantité de nourriture, de câlin, de temps…
Et plus leur besoin est défaillant et plus ils sont attentifs à nos attitudes. Ce qu’ils attendent en réalité n’est pas d’avoir plus de dessert, plus de bisous, plus de temps, c’est simplement d’être rassurés, de savoir que nous les aimons et qu’ils sont importants pour nous.
Les 4 étapes pour rassurer nos enfants et combler leur besoin
Au lieu de nier, de contester ou de justifier nos attitudes, permettons-leur d’exprimer ce qui se cache derrière leurs plaintes afin d’identifier les besoins à combler.
1. Accueil
Premièrement, il faut accueillir leur ressenti.
L’enfant : Tu lui as donné plus de pâtes qu’à moi.
Au lieu de répondre que non ou pire encore de dire « mais enfin, je ne vais pas les compter quand même ! ». Il suffit de dire.
Le parent : Ah bon, es-tu certaine qu’il en a plus et en quoi est-ce important pour toi ?
Votre enfant va sans doute répondre : Tu l’aimes plus que moi ou c’est pas juste.
Le parent : Vraiment, c’est ce que tu penses ? En quoi ce n’est pas juste ? Penses-tu que j’ai donné plus de pâtes exprès ?…
Le but de cette discussion sera de trouver en quoi le fait de donner plus à l’un est un problème pour lui, et de trouver ce que signifie exactement ce geste pour l’enfant.
C’est pourquoi la meilleure attitude à adopter consiste à se mettre en empathie avec votre enfant. Ne minimisez pas ce qu’il ressent. Je connais personnellement des adultes convaincus que leurs partenaires les aiment moins que leur voiture, leurs jeux vidéos ou leur travail. Vous voyez, pas besoin d’être un enfant pour se croire en rivalité ou ressentir du désamour !
2. Empathie
En ayant une attitude empathique, vous invitez votre enfant à se confier et à vous exprimer son ressenti. Pour cela, il convient d’imaginer la détresse de votre enfant si ce qu’il croit est vrai.
« Mon chéri, ce doit être terrible pour toi de penser que j’aime ta sœur plus que toi. » Essayez de lui faire verbaliser son ressenti.
En le faisant avant de lui donner des explications, il sera beaucoup plus enclin à vous écouter et à vous croire.
3. Explication
À ce stade, les explications et les justifications seront entendues.
« Tu sais, il peut m’arriver de passer plus de temps avec l’un qu’avec l’autre car je ne comptabilise pas. Je ne suis pas une balance qui donne le même temps à chacun, mais ce n’est pas pour cela que je t’aime moins.
S’il m’arrive de mettre plus de nourriture dans une assiette, c’est aussi parce que je ne calcule pas mes gestes.
Si tu trouves que je lui fais plus de bisous c’est parce que tu penses à les compter, pas moi. Je fais ce que ressens et parfois c’est toi qui en as plus et parfois c’est l’autre.
Si je passe plus de temps avec le bébé, c’est parce qu’il est moins autonome que toi. Quand tu étais petit comme lui, je faisais la même chose avec toi et même davantage puisque tu étais le seul enfant dont j’avais à m’occuper. Heureusement que le bébé ne me demande pas de passer autant de temps avec lui que j’en ai eu avec toi ? »
Ce sont des exemples, adaptez-les à votre situation.
4. Cadrer
Ce qu’il reste à démontrer dans cette ultime étape, c’est tout ce que vous avez donné de plus à votre enfant. Pour cela, il suffit de faire appel à votre mémoire, car si votre enfant est très attentif à ce que vous faites de plus avec les autres membres de sa fratrie, il occulte totalement, tout ce que vous lui avez donné de plus à lui.
« Arthur a peut-être eu une part de gâteau plus importante, mais tu te souviens du croissant que je t’ai acheté hier lorsque tu es venu faire les courses avec moi. »
Ne pas chercher l’équité
Si votre enfant est parvenu à vous culpabiliser parce qu’il vous reproche de passer plus de temps avec sa petite sœur et que tout à coup vous vous mettiez à devenir attentif à vos moindres faits et gestes, sachez que ce sera vain. Votre enfant ne sera pas rassuré pour autant et trouvera toujours des exemples pour vous prouver votre injustice.
Lorsque votre enfant viendra vous faire un reproche : « Tu passes plus de temps avec lui. » Vous pouvez lui répondre : « J’observe que cela n’a pas l’air de te plaire que je passe du temps avec ton frère. De quoi as-tu besoin ? »
Surtout, ne cherchez pas à répondre à sa place, laissez-lui vous donner sa réponse, elle diffère sans doute totalement de ce à quoi vous pensez.
Et s’il vous répond : « J’ai besoin d’un câlin. » Vous saurez exactement comment répondre positivement au besoin de votre enfant.
Peu à peu, votre enfant apprendra à mieux se connaître et à identifier lui même ses besoins.
Tiraillés entre un enfant qui réclame du temps et un autre qui se sent abandonné, difficile de se montrer équitable en toutes circonstances. Et quand en plus un sentiment de culpabilité se profile, nous avons tendance à vouloir devenir des modèles de justice. Vos enfants sont uniques, ils n’ont pas les mêmes besoins. C’est en accueillant leurs ressentis et en cherchant à identifier leurs besoins que vous pourrez les aider à accepter ce qu’ils jugent être des injustices. Ainsi, vous pourrez éviter de renforcer la rivalité qui peut exister entre eux.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire mon article : Gérer les disputes entre enfants.
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Bonjour Noémie,
Je rencontre régulièrement cette situation avec mes enfants et notamment l’aînée (Bientôt 6 ans) qui ressent que j’aime plus son petit frère (3 ans et demi).
J’ai très rapidement cesser de me justifier car cela ne sert à rien. J’ai remarqué que ce ressenti s’estompait lorsque que je lui accordait un moment juste pour elle. C’est très difficile car son petit frère est très demandeur et s’interpose ou bloque le jeu lorsque je souhaite accorder un temps d’attention à sa sœur.
Est-ce que tu as des astuces dans ce cas de figure ?
Merci pour tous tes précieux conseils.
Je suis passionnée de parentalité positive / bienveillante / consciente et j’ai créé un blog sur le sujet. Je chemine.
A bientôt
Fabienne
Bonjour Fabienne et merci pour ce message, tu peux aller sur ma chaine Youtube j’ai traité ce sujet récemment : rivalités et disputes dans la fraterie.