Comment éviter que mon enfant devienne un enfant roi?
Depuis quelques années, une doctrine nouvelle « la parentalité positive » se propage et nombreux sont les parents qui craignent qu’à trop se préoccuper du bien-être de leurs enfants, ceux-ci soient encouragés à devenir des « enfants rois ». Des enfants qui décideraient de tout, refuseraient toutes les limites et deviendraient à terme de véritables tyrans.
Car oui, la peur de l’enfant roi vient directement du fait que nous sommes persuadés que les enfants peuvent devenir des tyrans si nous ne leur mettons pas tout de suite des limites très strictes.
Entre l’enfant roi et l’enfant que l’on voudrait obéissant, il y a un monde. Est-ce une finalité d’avoir un enfant parfaitement poli, tenu à 4 épingles, qui connait toutes ces tables d’addition par cœur et qui obéit au doigt et à l’œil à la moindre consigne de ses parents ? Quelle est la différence entre une éducation positive et une éducation permissive ?
N’y a t il pas un juste milieu à trouver pour qu’éducation ne rime pas avec sanction ?
La peur de l’enfant roi
Avant d’être parent, nous avons pu observer les autres parents fatigués, démunis face à des enfants qui ne coopèrent pas et, très vite, nous nous sommes promis d’être plus habiles et de ne pas tomber dans le même piège qu’eux. Confortés par notre entourage et cette société qui redoutent un monde où les enfants rois auraient tout pouvoir, allant même jusqu’à ne plus connaître les règles de base de la politesse, nous sommes perdus !
Alors oui, nous pensions alors que nous ferions mieux !
Puis, nous devenons parents et malgré nos bonnes résolutions, une vigilance accrue et le désir profond de rester fidèle à nos convictions, nous constatons bien vite qu’éduquer un enfant n’est pas aussi simple que cela.
Ce qui nous conduit parfois à lutter pour obtenir obéissance et respect des règles. Après tout, qui commande ? Entre peur du regard des autres et envie de réussir son rôle de parent, nous voilà vite submergés soit de colère, de tristesse ou encore de peur. Et ce sont nos enfants qui trop souvent en font les frais !
Lorsque la colère monte, il arrive qu’ils la subissent de plein fouet.
Que s’est-il passé ? Qu’avons-nous raté ? Comment font ces parents qui semblent obtenir de meilleurs résultats ? Sommes-nous de mauvais parents ?
Face à ces questions, cette crainte de l’enfant roi revient alors nous défier.
Et si, finalement notre enfant n’était ni mieux ni pire que les autres?
Faites-lui confiance et oubliez-le « qu’en dira-t-on ?»
Si nous voyons dans notre enfant un potentiel « enfant roi », ne serait-ce pas notre comportement et cette vision qui influent sur ce qu’il deviendra ? Parce que, notre enfant se construit de l’image que nous nous faisons de lui et il n’aura de cesse de coller à ces étiquettes que nous aurons déposées : colérique, turbulent, rêveur, timide, méchant, mal élevé…
Bien entendu, il ne s’agit pas de cautionner un geste violent ou de l’insolence, mais méfions-nous de nos jugements péremptoires. Ce que nous percevons comme un manque de respect ou un caprice ne traduit pas toujours la réalité de ce qui est.
Lorsqu’un enfant refuse de dire bonjour, c’est peut-être parce qu’il est intimidé. En cherchant à comprendre son refus avec bienveillance, et en renonçant à le faire céder, la politesse finit par arriver. L’enfant se construit par imitation, si vous êtes poli, il le sera tôt ou tard, inutile de vouloir accélérer les choses.
Tout le contraire se produira si nous l’enfermons dans un rôle en affirmant « il est timide, il n’écoute pas, il est impoli… » En agissant ainsi, nous cherchons à justifier son comportement alors qu’en réalité nous le renforçons. Plus un enfant se croit timide et plus il va agir comme tel. Plus il se verra qualifié d’enfant roi et plus il le deviendra.
La peur du regard des autres pèse aussi sur nous. Le fait que l’on puisse le penser « malpoli et enfant roi » nous laisse entendre que nous sommes donc de « mauvais parents » c’est pourquoi nous le forçons à embrasser des personnes alors qu’il n’en a pas envie. En insistant, en prêtant trop d’attention à ce refus, nous transmettons de mauvais messages. Dans ce cas-là, l’enfant traduira : « mon corps ne m’appartient pas, je dois obéir et ne pas tenir compte de mes émotions.» Ne vaut-il pas mieux accepter que les autres le perçoivent comme « malpoli ou enfant roi » pour l’instant (et encore en sommes nous certains ?), et faisons fi des « quand dira-t-on ». La politesse sera intégrée un jour ou l’autre par imitation.
Par ailleurs, le jour où votre enfant sentira une main glisser le long de sa cuisse, vous vous féliciterez de lui avoir enseigné d’être à l’écoute de ses besoins et de savoir dire non à un geste avec lequel il n’est pas en accord.
Les jugements appartiennent à ceux qui les portent
L’essentiel est qu’ils ne nous atteignent pas. Et pour que ces jugements, impossibles à éviter, ne nous touchent pas, nous pouvons commencer par cesser d’y croire et d’y accorder de l’importance. Si nous sommes touchés par un jugement, ne serait-ce que dans un regard ou dans un silence, et que notre petite voix intérieure nous dit que cette personne a peut-être en partie raison de penser ainsi, alors nous perdons nos moyens, nous ne savons plus quel comportement adopter, nous sommes en colère contre nous de ne pas réussir à faire face à la situation et la colère retombe sur notre enfant : « si tu disais bonjour comme les autres, je ne serai pas obligée de subir ça ; je n’aurais pas à affronter les regards de Charlotte et les commentaires de Paul ». Avec du recul, sommes-nous en colère contre notre enfant qui s’est comporté comme une majorité d’enfants ou contre nous-mêmes qui n’avons pas réussi à ne pas tenir compte du jugement des autres ?
Devons-nous tout laisser passer?
Il ne s’agit pas, bien entendu, de nous laisser malmener par nos enfants, de vivre dans les cris incessants à longueur de journée ou encore de se laisser insulter sans rien dire. Un enfant sans limites, à qui l’on ne dit jamais non, mais aussi un enfant avec trop de limites, peut effectivement devenir un tyran. À nous de trouver un juste milieu entre une méfiance exagérée et une protection absolue. Nous pouvons établir des règles ensemble et les faire respecter.
Plutôt que de punir et de voir tout de suite chez notre enfant un être irrespectueux, un enfant roi, demandons-nous pourquoi à ce moment précis, la règle n’est pas respectée . Quelle est la raison ? Un de ses besoins n’est-il pas respecté ? Si les besoins fondamentaux des enfants sont respectés et si nous ne cédons pas à toutes leurs demandes, ils ne deviendront jamais des enfants rois. Nous pouvons nous faire confiance et faire confiance à nos enfants. Contentons-nous de montrer l’exemple. Ce sont des êtres naturellement empathiques, mais qui ne vivent pas dans le même monde que nous, ce qui peut s’avérer épuisant. Mais si nous respectons nos limites et si nous prenons soin de nous, nous pourrons plus facilement supporter leur façon de voir les choses et ainsi faire cohabiter nos besoins avec les leurs.
Il y a des jours où malgré toutes vos intentions et vos efforts, cela ne se passera pas bien. Personne n’est parfait. Comptons plutôt nos réussites et constatons combien les moments compliqués sont nettement moins nombreux depuis que nous avons changé de regard.
Faisons-nous confiance, faisons leur confiance, nos enfants ne sont pas mal élevés ou « enfant roi », mais seulement intimidés, ils ne sont pas irrespectueux de la nourriture, mais respectueux de leur faim et de leur corps, ils ne sont pas « touche à tout », mais curieux… Aidons-les à devenir respectueux en les respectant y compris et surtout lorsque leurs comportements ne nous satisfont pas !
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