Mon enfant se sent nul, comment l’aider ?
Quelles sont les raisons qui amènent un enfant à se sentir nul ?
-La première cause : les paroles blessantes !
Nous ne sommes pas toujours conscients lorsque nous sommes sous le coup d’un agacement, d’un énervement ou d’une contrariété, que certains mots font mal, et surtout s’impriment dans le cerveau de vos enfants, voire, s’engramment dans son ADN. Cela a pour conséquence que l’enfant va se dire qu’il est nul !
Par exemple, si on lui dit qu’il est maladroit, ou bien qu’on lui demande : « comment as-tu fait pour oublier un truc pareil, tu savais tout bien, et là, tu as perdu tous tes moyens » ?
Ne perdez jamais de vue que ces phrases sont assassines et peuvent le dévaloriser.
Bien sûr que vous ne lui dites pas pour le dévaloriser, mais, ce qui est important, pour moi, c’est que vous puissiez mettre de la conscience dans vos propos et que vous réalisiez l’impact d’une éducation.
Alors, bien évidemment, ce n’est pas quand vous lui dites ces paroles-là une fois ou deux qu’il va y avoir un impact, c’est lorsqu’il les entend quotidiennement. D’ailleurs, ce ne sont pas toujours les parents qui les prononcent, malheureusement, un enfant n’est pas en permanence en contact avec ses parents, en tout cas je ne le pense pas, il va aussi à l’école, il est en contact avec ses camarades, ses professeurs, etc…
-Deuxième cause : Les étiquettes ! Dans le premier point je vous disais que cela pouvait s’engrammer dans son ADN. Il faut savoir que lorsqu’on qualifie un individu, adulte ou enfant, s’il entend régulièrement les mêmes remarques, l’individu, l’enfant en l’occurrence, s’approprie ce trait de caractère comme étant le sien et va se comporter exactement de la manière dont on le qualifie. Par exemple, si vous dites à votre enfant : « tu es maladroit, tu es toujours dans la lune, ah, les maths ce n’est pas pour toi, tu es plutôt littéraire », etc…sachez que vos paroles, comme celles des autres d’ailleurs, vont avoir un pouvoir important dans la construction psychologique de votre enfant. À force de dire à un enfant qu’il est timide, par exemple, il finit par se comporter comme tel.
Il y a une anecdote que je vous ai peut-être déjà racontée, mais je vais vous la resservir ; j’ai trois filles, et l’une d’elles, la seconde, était réservée, elle apparaissait aux yeux des autres comme étant timide. C’est-à-dire que quand nous avions des amis à la maison, qu’elle les connaissait pourtant, sa petite sœur déboulait dans l’escalier pour se jeter dans les bras de tout le monde et faire des bisous, et elle, Marie, restait en retrait et parfois même ne descendait pas, elle ne regardait pas les gens dans les yeux, ou elle se mettait dans mes jambes lorsqu’elle était plus petite, et les gens disaient d’elle, qu’elle était timide. Moi, je reprenais tout le monde en disant : « non, pas du tout, Marie a juste besoin de temps ».
Marie a aujourd’hui 14 ans, plus personne ne lui dit qu’elle est timide, parce que j’ai refusé qu’on lui mette cette étiquette. Vue de l’extérieur, elle avait en effet tous les marqueurs de la timidité. Quand on recevait des gens, à l’école, elle était dans son coin, on ne l’entendait pas, or, le monde à tôt fait de coller une étiquette, alors, faites attention, il peut, en effet, y avoir de la timidité ; en tant qu’être humain on est tout à la fois ; nous aussi, même si l’on n’a jamais été timide, on peut se montrer timide dans certaines circonstances. Par exemple, moi, si demain je rencontrais le Dalaï-Lama, je pourrais me montrer sur ma réserve parce que j’ai beaucoup de considération pour ce personnage, je me sentirais peut-être timide à ce moment-là. Est-ce que cela fait de moi quelqu’un de timide ? Si je n’ose pas quelque chose, est-ce que cela fait de moi, pour autant, quelqu’un qui n’est pas ambitieux ou courageux ? Non ! On peut être traversé parfois par des obstacles ou des limites qui nous empêchent, cela ne définit pas, pour autant, qui nous sommes !
Soyez vigilants, car, les enfants se construisent sur ces étiquettes et les portent leur vie durant.
-Troisième cause : les exigences des parents, ou des professeurs ! Quand ce n’est jamais assez bien, par exemple : « tu as eu 13 ? Je pense que tu aurais pu avoir 15 ou 16 » !
On a le sentiment que si l’on dit à un enfant que c’est génial qu’il ait eu 13, et que c’est une très bonne note, il va se reposer sur ses lauriers, penser que c’est cool, que ça suffit et que c’est très bien comme ça. Papa maman sont contents, je n’en fais pas plus !
Vous avez tort ! Parce qu’un être humain adore recevoir des compliments et de la reconnaissance ! Ce qui veut dire que, plus vous allez valoriser ses progrès au lieu de souligner ce qu’il aurait pu faire de mieux, plus vous allez l’encourager à faire mieux. Ce qui ne veut pas dire, non plus, qu’il ne faille pas l’encourager à obtenir mieux, vous pouvez lui dire : « tu as eu 13, mais tu aurais souhaité avoir combien » ? Ou bien : « qu’est-ce qui t’a empêché d’aller plus loin » ? « Veux-tu que nous regardions ensemble comment tu aurais pu faire pour avoir plus, si ça t’intéresse, pour la prochaine fois » ?
Il est important d’éviter le jugement de valeur qui lui fait comprendre que ce n’est pas assez.
Si vous avez eu des parents comme ça, vous savez que ça fait souffrir ! Or, certains d’entre vous peuvent se dire que c’est grâce à leurs parents qu’ils ont travaillé plus, parce qu’ils les ont poussés en se comportant comme ça. Eh bien, non, c’est faux ! Aujourd’hui, toutes les études le prouvent, ce n’est pas vrai ! Peut-être avez-vous travaillé parce que vous aviez envie de trouver de la reconnaissance chez vos parents, de vous dépasser pour être reconnu dans leur regard, pour obtenir de l’intérêt à leurs yeux, mais sûrement pas grâce à cette méthode !
Alors, quelles sont les solutions ? Parce ce que c’est ce que vous attendez.
-Première solution : ne vous culpabilisez pas ! Je sais qu’après avoir dressé ce tableau, il y en a qui vont se dire : « oui, moi j’ai fait ci, j’ai fait ça, etc.. » Nous sommes tous des êtres humains, et des parents imparfaits !!! Nous faisons tous, avec les moyens du bord.
Vous ne saviez pas, vous faisiez donc comme vous pensiez le mieux faire, vous pensiez être justes, dans l’éducation de votre enfant. Ce qui ne veut pas dire que cette propension à mettre la barre trop haute ou à vouloir pousser votre enfant et lui mettre des étiquettes, va disparaître du jour au lendemain, mais, en venant mettre un peu chaque jour de conscience et le désir de vouloir changer, je vous garantis que cela va marcher ! Quoi qu’il en soit, faites-vous confiance !
-Deuxième solution : Lorsque votre enfant vous dit qu’il est nul, il est évident que ça vous fait mal, vous ne souhaitez pas qu’il se construise sur ce constat, qu’il y croit et en fasse une vérité.
En revanche, plutôt que d’essayer de dédramatiser, de le rassurer, écoutez-le ! Posez-lui la question : « ok, tu es nul, mais pourquoi ? » Je vais encore vous raconter une anecdote, je sais que vous les aimez bien ; ma petite Louise, la dernière, est rentrée un jour de l’école, elle devait être en primaire, en CE2, nous étions en train de faire les devoirs, elle me dit : « de toute façon, ça ne sert à rien, je suis nulle » ! Je me suis posé et je lui ai dit : « qu’est-ce qui te fait dire que tu es nulle » ? Elle me répond : « j’ai toujours de mauvaises notes, je suis nulle » ! À mon tour je lui dis : « d’accord, tu penses donc que ce sont tes notes qui définissent ton intelligence et ta valeur » ? Elle m’ajoute : « Ben oui, regarde, Lou, elle a tout le temps de bonnes notes ». Je lui dis : « que fait Lou que tu ne fais pas, toi, pour avoir de bonnes notes » ? Là, son visage s’est transformé ! Je n’ai rien dit de plus, car, il faut laisser le cerveau de l’enfant aller chercher les informations, et là, elle m’a regardée dans les yeux, elle a levé la tête, et elle m’a dit : « eh ben, elle écoute à l’école, et elle travaille » ! « D’accord, c’est donc parce qu’elle écoute plus que toi, qu’elle est plus concentrée à l’école, et qu’elle travaille quand elle rentre à la maison, chose que toi, tu as plus de mal à faire. Alors, est-ce que tu penses que Lou serait capable de grimper aux arbres aussi haut que toi tu sais le faire » ? Là, de nouveau, la lumière s’est allumée dans son cerveau, elle m’a regardée et elle m’a dit : « ah, non, non, elle n’y arriverait pas, c’est moi la plus forte, même les garçons n’y arrivent pas aussi bien que moi » !
Je lui ai demandé : « comment Lou devrait-elle faire pour arriver à te battre » ? Elle m’a ajouté : « oh ben Lou, ça ne l’intéresse pas du tout de grimper aux arbres » ! « Un peu comme toi, les cours à l’école, ça ne t’intéresse pas du tout » !
Vous voyez comment on peut enlever une mauvaise croyance dans le cerveau de son enfant. Sûrement pas en lui disant que ce n’est pas vrai. Si vous, vous dites qu’un pantalon ne vous va pas, cela nous est toutes arrivé dans une boutique, d’essayer un vêtement, et que le vendeur ou la vendeuse nous dise qu’on est géniale dedans, que ça nous va parfaitement bien, et nous, quand on se regarde, on voit bien que ça ne va pas ; l’autre à beau nous dire tout ce qu’il veut, si nous-mêmes nous n’y croyons pas, on ne le croira pas ! On peut céder si le vendeur est très fort et qu’on n’ose pas lui dire non, mais ça, c’est un autre débat, de pourquoi on n’arrive pas à exprimer son désir ou son besoin, ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui, mais vous voyez que ce n’est pas parce qu’on essaie de nous dire que l’on va arrêter, c’est parce qu’on va nous le prouver et que l’on va le comprendre par soi-même.
-Dernier conseil : souligner au maximum ce que votre enfant fait de bien !
En tant que parents, on a tendance à ne dire que ce qui ne va pas bien, parce que dans notre idée, cela veut dire que tout le reste va bien. Mais, ce n’est pas parce que ça va sans dire, que ça ne va pas mieux en le disant !
Faites l’effort de dire à votre enfant ce qu’il fait de bien également. C’est très important pour sa construction, vraiment, afin qu’il ne se dise pas que vous n’êtes jamais contents, parce qu’il ne va retenir que ça, autrement.
Un autre point : banalisez l’échec ! Si votre enfant n’a pas réussi à faire quelque chose, dites-lui : « c’est normal, on n’y arrive pas toujours du premier coup, tu vas t’entraîner, tu vas faire des efforts, et tu verras que ça va marcher, en tout cas moi, j’ai confiance en toi » !
Montrez-lui que vous avez confiance en lui répétant, même si lui ne croit plus en lui, même s’il se sent nul et qu’il continue à le crier haut et fort, dites-lui : « moi je sais que tu es capable de faire mieux, je sais que tu vas y arriver, j’ai confiance en toi, ce n’est qu’une question de temps » !
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