Enfant provocateur
Est-ce qu’un enfant est provocateur ? Est-ce qu’il vous cherche ? Est-ce qu’il fait exprès de faire des bêtises ? Est-ce qu’il vous manipule ?
Vos perceptions
En réalité ce qu’il faut comprendre c’est que ce sont vos perceptions. C’est le regard que vous portez sur ce que fait votre enfant. C’est vous qui vous dites qu’il vous cherche, qu’il est en train de faire un caprice, qu’il est en train de vous provoquer ou de vous manipuler. Mais est-ce que c’est la réalité ?
Et bien pas toujours. Vos perceptions et vos jugements vont avoir un effet négatif sur la relation que vous allez avoir avec votre enfant. Et il est important de comprendre que c’est une perception que vous avez, et que ce n’est pas forcément la réalité. Je sais qu’au fond de vous vous vous dites que c’est sûr que votre enfant vous provoque: il vous regarde avec un petit sourire ou il a telle ou telle attitude. Dites-vous encore une fois que c’est votre perception. Peut-être que si on mettait une dizaine de personnes devant votre enfant elles ne le jugeraient pas de la même manière. Par exemple, vous êtes dans la rue et un inconnu vous insulte. Certains d’entre vous qui diront “complètement timbré celui-là” et qui s’en amuseront. D’autres diront qu’ils ont peur “cette personne est dangereuse, il va m’agresser, il vaut mieux que je presse le pas et que je ne me retourne pas”. D’autres encore diront “il est complètement timbré, il est complètement drogué”. Chaque personne aura ses perception et peut-être qu’à la fin cette personne a juste des écouteurs et en train de s’énerver contre quelqu’un d’autre au téléphone.
En réalité nous avons tous, face à une situation qui se présente à nous, des jugements. Nous avons des perceptions mais qui ne sont pas forcément la réalité. D’ailleurs ça vous est arrivé des tas de fois de vous tromper, de dire “tiens si ma copine ne m’appelle pas c’est parce qu’elle est fâchée, parce que l’autre fois je lui ai dit ça”; ou “si mon patron me convoque, c’est que j’ai fait une erreur”. Et pour vous rendre compte à la fin, que vous vous êtes trompé, ça n’a rien à voir.
Il faut se méfier de ses perceptions parce qu’on n’est pas toujours conscient. On s’accroche tellement à elle qu’on est convaincu d’être dans la vérité. Or la vérité personne ne la détient. Vous n’avez pas la preuve que ce que vous percevez est réel ou pas. Ces perceptions sont des jugements, ni plus ni moins. D’ailleurs si quelqu’un que vous connaissez et que vous n’avez pas vu dit “mais pour qui elle se prend!” vous allez vivre mal la situation. Vous allez dire que dire que c’est complètement injuste, qu’on vous a jugé avant même de savoir pourquoi vous étiez dans cette situation.
En fait ces jugements vont changer votre réaction par rapport à votre enfant et c’est là où ils sont dangereux. Ils vont totalement influencer la façon dont vous allez réagir à ce que vous percevez que votre enfant est en train de vous faire vivre. Si vous croyez que votre enfant fait un caprice et bien vous allez prendre ça à la légère. Si vous croyez qu’il est en train de vous provoquer ça peut vous mettre en colère. Vos réactions ne vont pas être justes pour lui à ce moment-là.
Dissocier l’enfant de ses actes
En fait pour sortir de ce cercle qui n’a rien de vertueux, il suffit de faire deux choses:
La première c’est de dissocier l’enfant de ce qu’il est en train de faire. C’est-à-dire qu’au lieu de vous dire qu’il fait un caprice, vous pouvez vous dire mon enfant en ce moment se roule par terre ; pourquoi ? Qu’est-ce qui provoque cette réaction ? Mon enfant recommence à répéter un comportement alors que je lui ai dit mille fois qu’il fallait qu’il arrête. Je ne supporte pas ce comportement là. L’acte que fait mon enfant est répréhensible mais ça n’a rien à voir avec lui. Il faut vraiment dissocier parce que ça va changer votre vocabulaire, ça va changer votre façon de vous adresser à lui. Au lieu de lui dire “tu es méchant”, “tu ne m’écoutes jamais” et toutes ces phrases qui commencent par “tu” et qui tuent la relation avec votre enfant, et même d’autres personnes, abordez les choses d’une autre manière. Utilisez le “je”. “Je n’accepte pas qu’on écrit sur les murs je j’ai déjà expliqué qu’écrire sur les murs c’est …”. “Je préfère que tu écrives sur une feuille”. Ce sera beaucoup plus positif.
Détachez-vous de vos pensées
La deuxième chose à faire c’est de vous détacher de vos pensées. Il faut prendre du recul, faire un pas de côté. Et quand vous pensez que votre enfant est en train de faire un caprice, demandez-vous si c’est vraiment un caprice. Vous aviez promis deux tours de manège à votre enfant, le deuxième tour est terminé et là il se roule par terre parce qu’il en veut un troisième. Vous vous dites alors “il me fait un caprice parce que j’avais bien dit qu’il n’y aurait que 2 tours”. Mais est-ce qu’il y a pas autre chose à voir ? Est-ce qu’on peut pas essayer de comprendre que pour un enfant, même s’il le savait d’avance, c’est difficile pour lui de se dire qu’il ne peut pas continuer à faire un truc aussi fantastique qu’un tour de manège. A ce moment-là, au lieu de le juger et d’avoir une réaction du type “puisque c’est comme ça, la prochaine fois tu n’auras pas de tour de manège du tout parce que je peux pas te faire confiance, il est préférable de dire “mon loulou c’est sûr que je comprends c’est dur de pas faire un troisième tour et un 4e tour de manège, et je comprends que tu en aies envie”. Ca change votre façon d’aborder les choses. Et à votre avis laquelle va mieux fonctionner ? C’est la seconde que je conseille aux personnes que j’accompagne, celle qui fonctionne toujours le mieux et dans la durée. Parce qu’à partir du moment où votre enfant est entendu dans sa souffrance et son ressenti et qu’il n’est plus jugé sur ses actes, il va être plus enclin à s’apaiser et à passer à autre chose. En fait, vous mettez des mots sur sa réaction parce que quand il se roule par terre, il n’est même pas conscient qu’il est en train de faire un caprice. Il est juste envahi d’un stress parce qu’il voulait quelque chose qu’il n’a pas. Et il a besoin d’un papa ou d’une maman pour l’aider à comprendre ce qui se joue. Et quand on pose des mots sur ce que ressent son enfant, ce dernier s’apaise et c’est comme ça qu’on l’éduque à une bonne gestion émotionnelle.
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