Ado: pourquoi vous devriez cesser de le contrôler

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Faut-il contrôler son adolescent ? Il est vrai qu’à cet âge-là, on craint énormément pour eux.

On sent qu’on perd le contrôle, qu’ils nous échappent totalement et parfois, on a envie de serrer un petit peu pour justement garder la main et surtout se rassurer.

Déjà, il faut savoir qu’un adolescent, selon certaines études, passe plus de 95 % de son temps sans vous.

Ce qui fait que si vous voulez contrôler, il ne vous reste qu’une petite marge de 5 % sur laquelle vous pouvez agir, ça ne fait pas beaucoup.

Vous remarquerez que votre adolescent passe par exemple beaucoup de temps à naviguer sur Internet, à jouer à des jeux vidéo.

En tout cas aujourd’hui, dans l’époque moderne, les écrans tiennent une place importante.

Il passe beaucoup de temps à l’école, avec des copains et il est souvent dans sa chambre.

Donc il y a très peu d’interactions avec un ado dans les familles sauf si vous avez réussi à mettre en place des activités, des choses que vous arrivez à partager.

Si c’est le cas, vous avez beaucoup de chance mais ce n’est pas le cas de la majorité d’entre vous.

Alors faut-il le contrôler ? Il faut déjà savoir pourquoi vous avez ce besoin de contrôle.

Si vous avez besoin de contrôler votre adolescent, c’est pour trois raisons principales.

La première, c’est que vous voulez éviter qu’il fasse des choses graves.

La deuxième, c’est que vous voulez l’aider à faire les bons choix.

Et la troisième, c’est pour gérer vos propres peurs et vos propres angoisses.

Arrêtez de vous projeter sur votre enfant

La clé numéro un va être d’arrêter les projections sur votre adolescent.

Il est vrai qu’en tant que parent, on passe son temps à projeter nos doutes, nos craintes, notre vision du monde sur nos enfants. Résultat : on s’imagine que parce qu’on a vu un article sur Instagram,  qui a dit qu’il y avait des pédophiles, notre enfant est exposé et est en danger imminent.

Que s’il fume une cigarette, ça va être la catastrophe, que s’il touche un peu à un joint, ça va faire de lui un drogué.

Donc on se monte des scénarios catastrophes à l’intérieur de notre cerveau et pour les faire taire, il faut le reconnaître : si l’on contrôle nos enfants c’est effectivement parce qu’on a ce désir de vouloir les protéger mais en réalité, la raison première, ce n’est pas du tout de les protéger.

C’est plutôt de nous apaiser, d’apaiser nos propres angoisses et c’est important de le reconnaître.

Or notre enfant n’est pas là pour gérer nos angoisses et pour répondre positivement à nos peurs, c’est à nous d’apprendre à gérer nos peurs et pas à les faire peser sur nos enfants.

Pourquoi ? Parce que ça crée de la pression.

Plus vous allez le contrôler et plus il va se passer les choses suivantes : soit il va être agressif, soit il va se renfermer encore plus ou soit il va se murer dans le silence.

Vous allez couper la relation, il faut vraiment que vous ayez conscience que le contrôle va détériorer la relation que vous avez avec votre enfant parce que ce n’est pas agréable déjà d’être contrôlé quand on n’est pas un enfant même quand on est un tout petit et justement c’est là le problème.

C’est que peut-être, vous faites ça depuis des années avec lui et donc à l’adolescence, votre enfant, plus que jamais, a besoin que vous arrêtiez justement de le contrôler, de faire des choix pour lui sans que vous interfériez dans sa vie.

Il a besoin d’apprendre à prendre soin de lui-même tout seul et c’est vraiment une étape importante pour ça.

Acceptez que votre enfant se trompe

La deuxième clé, c’est qu’il va falloir accepter que votre enfant se trompe.

Comme je vous ai dit, il y a trois choses que votre contrôle va générer chez votre enfant : c’est le mensonge, l’agressivité et le silence.

J’imagine que vous n’avez pas du tout envie de ça donc plus vous allez le contrôler et moins vous allez avoir de prise sur lui parce que s’il vous ment et s’il ment bien (et souvent quand ils apprennent à mentir, ils apprennent à bien mentir), il va vous rouler dans la farine et vous n’arriverez jamais à démêler le vrai du faux. 

Ça va vous rendre encore plus hystérique parce qu’en plus, s’il vous ment, vous allez imaginer qu’il vous cache encore des choses horribles alors qu’en réalité, s’il vous ment, c’est juste peut-être pour protéger son espace.

S’il est dans le silence, c’est pareil : vous allez encore plus projeter vos peurs et s’il se renferme sur lui-même, vous allez finalement détériorer la relation.

Vous n’arriverez plus à communiquer, donc vous avez beau essayer de contrôler, ça ne mène pas à grand-chose.

C’est vrai que vous avez encore du pouvoir sur lui : vous pouvez l’empêcher de sortir, de voir certaines personnes mais vous ne pouvez pas le suivre à la trace h24 et savoir tout ce qu’il fait.

Donc la clé, c’est de faire confiance à votre enfant parce que oui, il faut accepter que votre enfant va peut-être tester une cigarette ou va peut-être essayer des choses graves ou dangereuses, qu’il va peut-être être tenté par ces choses-là mais est-ce vraiment grave ? 

C’est grave si votre enfant se laisse glisser.

Si c’est juste de la curiosité finalement, on a tous été des adolescents et on peut tous reconnaître que ce n’est pas parce qu’on a fait quelques bêtises que ça fait de nous des mauvaises personnes ou qu’on se soit mis en danger grave.

Certaines personnes oui mais souvent, ces enfants qui ont des conduites à risque sont aussi des enfants qui ne vivent pas dans un foyer stable, où il y a un terrain propice à ça.

Ayez une bonne communication avec votre enfant

La troisième clé est de maintenir le dialogue avec votre enfant et pour ça, c’est plutôt de lui parler de vos peurs que de le contrôler.

Vous voyez, la différence est énorme.

Au lieu de l’empêcher de sortir parce que vous avez peur qui lui arrive quelque chose ou vous voulez le téléphone de tout le monde et c’est bien normal : si vous voulez le numéro de téléphone des gens, ce n’est pas parce que vous n’avez pas confiance en votre enfant, c’est parce que vous avez conscience qu’il peut se passer des choses graves quand il est chez quelqu’un et que si vous devez intervenir, vous voulez pouvoir savoir vers qui vous tourner, etc. 

C’est bien normal sauf que votre enfant lui, il ne voit pas tout ça même si vous lui avait dit parce que vous ne lui avait pas dit de la bonne manière.

Ce qu’il faut faire, c’est de vraiment lui dire vos peurs à vous.

Vous avez aussi à établir des règles et des limites, ça c’est fondamental ; elles doivent être revues parce que votre enfant a grandi, qu’il n’a pas envie d’être traité comme un bébé et qu’il va donc falloir assouplir vos règles et un minimum lui faire confiance.

Il vaut mieux donner de la confiance et recadrer si ça ne se passe pas bien en disant « bon bah voilà, je constate que… ». Peut-être que ça ne s’est pas très bien passé, on en parle et on revoit les choses.

On essaye de comprendre pourquoi votre enfant est rentré à 1h du matin quand vous aviez dit minuit par exemple et qu’est-ce qui s’est passé, qu’est-ce qui a fait qu’il n’est pas rentré à l’heure.

Qu’est-ce que vous avez vécu et ressenti vous de votre côté, c’est vraiment le moment de parler de vos émotions.

Plutôt que de dire « j’en ai assez, je ne peux pas te faire confiance, c’est toujours la même chose, j’en étais sûre », c’est plutôt de dire après l’avoir écouté « à ton avis, qu’est-ce qui s’est passé pendant cette heure où je t’attendais et où je n’arrivais pas à te joindre ? J’étais angoissé, j’ai imaginé des choses graves et je ne savais pas quoi faire ! ».

Honnêtement, votre enfant n’a aucune envie de vous faire du souci, de vous créer des émotions négatives donc il va être sensible et sensibiliser à ça.

L’autre chose qu’il faut faire et ça c’est impératif, il ne faut pas attendre qu’il devienne très grand pour le faire, c’est vraiment de prévenir.

Vos enfants ont une vision du monde qui est la vision des copains et la vision d’Internet j’ai envie de dire aussi sauf que c’est une vision erronée de la vie.

J’ai fait une vidéo sur les relations sexuelles par exemple ou effectivement, les enfants ont une vision du sexe qui est très trash aujourd’hui à cause des vidéos pornographiques donc ils se sont fabriqué une image sur les relations sexuelles qui est complètement à côté et n’ont comme référence que les copains d’école ou des images Internet ce qui n’est pas la vérité.

Il est donc important que vous ameniez votre propre vérité et que vous expliquiez à vos enfants ce qu’est la vie finalement : ce qu’est une vie sexuelle, quel danger existe dans ce monde mais sans l’effrayer, juste en lui disant « tu vois, quand tu vas à une soirée et bien voilà ce qui peut se passer. C’est rare, ça n’arrive pas tout le temps mais il faut être vigilant. Si tu vas en soirée avec quelqu’un qui a bu, tu ne montes pas dans le véhicule même si c’est ton meilleur ami, appelle-moi. Même à 3h du matin je viendrai te chercher si tu ne sais pas comment rentrer ».

Quoi qu’il arrive, il faut que votre enfant ait le réflexe de vous appeler vous en premier s’il lui arrive un problème.

Pourquoi ? Parce que vous le savez, il ne prendra pas les bonnes décisions à ce moment-là sous couvert de soi il voudra cacher (rappelez-vous de ce qu’il va utiliser : le mensonge, le silence ou la fuite et donc du coup, vous ne saurez rien.

Et peut-être que quand vous l’apprendrez des jours après, ce sera plus grave donc il est important que votre enfant sache que quoi qu’il fasse, il peut compter sur vous.

Remplacer le contrôle par de la confiance et de la confiance mutuelle parce qu’on veut leur faire confiance mais qu’est-ce qu’on fait pour qu’ils aient confiance en nous?

Que faisons-nous de leurs confidences, est-ce qu’on les retourne contre eux ? Est-ce qu’on en parle à des copains en rigolant : « Ah tiens, Louisa a un nouveau petit ami en ce moment » et eux en attendant ça, ils se sentent profondément trahis.

Voilà comment nous aussi on se montre digne de la confiance de nos ados.