Comment gérer les crises … et accueillir les émotions de nos enfants

S’il est difficile de gérer les émotions de nos enfants, c’est aussi parce que nous n’avons jamais appris ce qui était juste de faire en de pareils cas. Nos parents, même animés des meilleures intentions, avaient leur manière à eux d’accueillir nos colères, nos peurs et nos tristesses. Du coup, il est fortement probable que nous reproduisions un modèle inefficace.

Pourtant, accueillir les sentiments de nos enfants, cela s’apprend et vous découvrirez bientôt les bienfaits de cette pratique. Lorsque nous adoptons la bonne attitude, nos enfants ont la sensation d’être entendus, ils se sentent en sécurité, la communication peut enfin s’installer… « Je ne suis pas seul(e), maman ou papa a entendu mon chagrin, je peux passer à autre chose. » 

Accueillir

En revanche, lorsqu’il nous est impossible d’accueillir les émotions de nos enfants par manque de temps, de présence ou pour toute autre raison, bien souvent les relations s’enveniment et nous rejetons la faute soit sur notre enfant, soit sur les autres ou encore sur soi.

Pour aider nos enfants, rien de tel que le calme. C’est à nous de montrer l’exemple. Ce qu’il convient de faire en premier consiste à nommer et à décrire ce que nous observons afin de les accompagner à formuler leurs émotions et leurs sentiments lorsqu’ils n’y parviennent pas eux-mêmes. Et, si la situation empire, restons calme même lorsqu’ils nous traitent de « méchant(e) », voire nous insultent encore plus durement !

Pour autant, demeurer calme ne veut pas dire ne rien faire ou subir. Si votre enfant se montre violent physiquement vous devez poser fermement vos limites par un « non » ou encore en le maintenant à distance. Vous pouvez dire « je comprends ta colère, tu as le droit de l’exprimer, mais je T’INTERDIT de me frapper ! »

Il est vrai qu’il est bien plus naturel de vouloir intervenir en tentant de raisonner nos enfants lorsque leur comportement ne nous convient pas. Or, pour qu’une crise se dissolve et ne se reproduise plus, la meilleure manière d’agir est d’observer et de décrire ce qui se passe. C’est parce que votre enfant ne sait pas le faire qu’il utilise la violence et les cris.

C’est une véritable souffrance pour eux que d’être submergés d’émotions douloureuses et les cris, les pleurs, les coups, même quand ils sont dirigés injustement, ne sont qu’un des moyens en sa possession pour tenter de se calmer.
Décrivons de façon factuelle : « on dirait que tu es en colère » ou « je vois que tu es triste ». En se sentant reconnu dans ce qui le traverse, l’enfant va peu à peu s’apaiser. Cela va lui apprendre progressivement à exprimer ses états d’âme. En effet, notre tout petit n’a pas un cerveau assez mature pour traduire en mots sa colère, son mécontentement ou sa frustration. Rien à voir avec notre incompétence à éduquer nos enfants ou avec le caractère de notre progéniture, les enfants sont en effet tous égaux dans leur incapacité à gérer leurs émotions du fait de leur âge.

C’est une véritable souffrance pour eux que d’être submergés d’émotions douloureuses et les cris, les pleurs, les coups, même quand ils sont dirigés injustement, ne sont qu’un des moyens en sa possession pour tenter de se calmer.  C’est d’ailleurs un excellent moyen pour évacuer le stress qui s’est emparé de lui et nous ne devrions jamais chercher à calmer nos enfants, mais nous positionner à leur côté pour les aider à évacuer leur colère sainement. C’est à dire, sans s’en qu’ils s’en prennent à quelqu’un d’autre.

Un enfant qui pleure parce qu’il voulait un bonbon vert et pas un bleu, qui se fâche parce que nous avons pelé sa banane alors qu’il voulait le faire tout seul ou encore qui est inconsolable pour une tâche sur son pantalon, de notre point de vue d’adulte, ces tracas nous semblent minimes ou complètement injustifiés.

Seulement voilà…

Un enfant est un enfant et il ne le fait pas pour nous embêter, même si parfois nous en avons l’impression. Pour lui, ces choses si dérisoires créent de véritables tsunamis émotionnels qu’il ne sait pas gérer. Il est envahi d’émotions et le seul moyen qu’il a à sa disposition pour les juguler ce sont ces attitudes qui nous déroutent. L’enfant n’attend pas une solution, mais uniquement d’être entendu et surtout non-jugé pour son attitude.

Reconnaître…

Lorsque animé des meilleures intentions nous disons à notre enfant « ce n’est rien du tout, ne pleure pas pour ça » ou encore « cela ne sert à rien de t’énerver, ton jouet est cassé un point c’est tout », nous nions son émotion.

Imaginez que vous rentriez du boulot. La journée a été exécrable et vous dites à votre partenaire : « Je suis au bout du rouleau. J’en ai assez de toute cette pression, je sens que je ne vais pas y arriver. » Ce que vous attendez n’est-ce pas d’être entendu(e) ?

A votre avis, quelle réponse vous ferait du bien ?

  1. Ce n’est rien, tu sais bien que ça va passer, c’est juste un mauvais moment. Allez, viens regarder un film et demain tout ira bien !
  2. Comme ce doit être difficile pour toi en ce moment. Je comprends que tu sois tendu(e) ce n’est vraiment pas facile ce que tu vis. Je suis là si tu as besoin de moi.

Se remettre en question…

Eh oui, nous avons les mêmes besoins que nos enfants or, comme nos parents n’ont pas toujours su y répondre, nous reproduisons avec nos enfants et dans notre couple la mauvaise méthode.

D’ailleurs avez-vous remarqué que les paroles que nous nous étions pourtant juré de ne plus jamais prononcer ressortent toutes seules de notre bouche, comme si nous étions en pilotage automatique ?

Nous avons les mêmes droits que nos enfants or,comme nos parents n’ont pas toujours su y répondre, nous reproduisons avec nos enfants et dans notre couple la mauvaise méthode.
Parfois, nous sommes en mesure d’appliquer la dernière recommandation de parentalité positive ou le dernier conseil de l’assistante maternelle et parfois, c’est le scénario cauchemar à la maison ! Une journée longue, un rythme effréné, des contrariétés, des besoins non assouvis et le premier pas de travers de nos enfants lui est vivement reproché et peut-être le début et le prétexte d’une soirée riche en colères ! Nous pensons alors que c’est de la faute de celui-ci qui n’aurait pas dû nous parler sur ce ton, ou encore de celui-là qui a oublié ce qu’on lui a déjà dit plusieurs fois, sans compter le troisième qui pleurniche et monsieur qui n’a pas fait les courses…

Mais pourquoi ce soir-là, tout ceci nous rend dingues alors qu’hier cela ne nous a (presque) pas posé de problème ? Nous étions alors capables de discerner correctement la situation : « les enfants ne rangent pas sans qu’on leur répète, sinon ça se saurait » ; « l’éducation, c’est la répétition » ; « ça arrive à tout le monde d’oublier, les enfants sont juste fatigués, ils n’ont pas décidé de s’en prendre à moi », « les miens ne sont pas pires que les autres et je ne suis pas un mauvais parent » … Seulement voilà ce soir, c’est complètement différent et nous accusons les uns après les autres.

Ne serait-ce pas le signe que cela vient bien de nous et uniquement de nous et de notre état intérieur ?

« Oui, mais quand même, me direz-vous, je ne peux pas le laisser me parler comme ça ! »

Il ne s’agit pas bien entendu d’encaisser les insultes sans mot dire. Mais nous pouvons expliquer à l’enfant ce que cela nous fait ou l’aider à reformuler sa pensée, sans lui envoyer de nombreuses accusations telles que « Tu es mal élevé » ni le faire culpabiliser « Tu me fatigues ».

Que nous renvoie notre enfant lorsqu’il nous manque de respect ? Pourquoi cela nous agace-t-il ? Est-ce que quelqu’un nous a manqué de respect aujourd’hui ? Est-ce que nous nous respectons nous-mêmes ? …

Pourquoi ne sommes-nous pas toujours en mesure de prendre nos enfants dans nos bras et de les consoler de leurs chagrins ? A quoi nous renvoient leurs pleurs ? Étions-nous autorisés à pleurer lorsque nous étions enfants et ceci quelle que soit l’intensité et la cause de notre douleur ? Demandez-vous si vous vous êtes autorisé(e) à pleurer la dernière fois que vous en ressentiez le besoin ?

Une émotion non exprimée s’imprime
L’enfant à qui nous demandons de cesser de pleurer comprend et enregistre qu’exprimer ses émotions n’est pas une bonne chose, de la même façon que nous l’avons compris et enregistré quand nous étions petits. Malheureusement, une émotion non exprimée s’imprime.

Bien entendu, il ne s’agit pas de juger nos parents qui, eux-mêmes ont reçu une éducation où il n’y avait aucune place pour ce genre de discours. Mais nous sommes dans une génération charnière où nous savons désormais que faire taire nos enfants n’est pas recommandé ; pourtant, nous peinons à nous débarrasser de nos schémas familiaux et sociétaux.

Lorsque nous reconnaissons les premiers signes de colère, nous pouvons nous interroger pour savoir quel est notre besoin non comblé et prendre ainsi les dispositions nécessaires pour y remédier ou pour les prévenir à l’avenir.

« Déjà que je n’ai aucun temps pour moi … »

Lorsque nous accueillons les émotions des enfants, nous gagnons du temps à court terme pour apaiser les tensions et à long terme pour établir une relation de confiance.

Quel est le plus important ? Que nos enfants mangent un plat original et mijoté tous les jours ou qu’ils soient entendus ? De quoi se souviendront nos enfants ? De la propreté de la baie vitrée ou des câlins qu’ils auront reçus ?

Quel meilleur service pouvons-nous rendre à nos enfants et à la société pour l’avenir si ce n’est celui de se débarrasser d’un schéma de violence, d’accusations et de refoulement de ses émotions ?

Vous avez dérapé et vous dérapez souvent ?

Les colères envers les autres sont souvent le signe d’une colère contre soi-même.
Il ne s’agit pas non plus de pointer du doigt ceux qui ont le sentiment de ne pas y parvenir. Il n’existe pas de parent parfait et l’essentiel est de progresser ou tout au moins de reconnaitre ses erreurs, de s’excuser auprès des enfants, afin que la violence et les cris ne soient pas validés comme étant la norme et reproduits ultérieurement.

Pardonnez-vous. Et sachez demander de l’aide et reconnaitre vos besoins et vos limites. Les colères envers les autres sont souvent le signe d’une colère contre soi-même.

Nous progressons de génération en génération et nous devons nous en féliciter. Nous  ne devons pas compter les jours où nous avons commis des erreurs, mais bien nous concentrer sur chacune de nos réussites. Plus notre estime de soi sera meilleure et moins nous serons sujets à nous mettre en colère et à nous en prendre aux autres.

Le meilleur service que l’on puisse rendre aux autres est de prendre soin de soi, aussi paradoxal que cela puisse paraître !

 

 

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