Consoler un enfant violent
Faut-il consoler un enfant violent. Cette question a été posée sous l’une de mes vidéos. La question portait sur le moyen de mettre un terme à une crise de colère. Le père a exprimé son premier réflexe, qui est d’apporter un câlin à son fils lorsqu’il est triste et hors de lui. Cependant, se pose la question : est-ce que l’enfant ne risque pas d’apprendre que lorsqu’il est violent, il obtient du réconfort en retour ? N’est-il pas risqué d’apprendre que sa violence envers les autres lui apporte, en fin de compte, du réconfort et de l’affection de la part des autres ? Quand je dis « violent, » je veux dire qu’il tape, mord, hurle, griffe, casse des choses et dit des choses horribles et blessantes.
Je m’interroge pour répondre à la question de ce papa. Tout d’abord, je félicite les papas qui sont de plus en plus nombreux à participer à l’éducation de leurs enfants. C’est tellement rare que cela mérite d’être dit. Et bien évidemment, je m’incline devant toutes les mamans qui en font autant. Il est vrai que l’on a tendance à s’extasier quand un papa s’occupe de ses enfants, mais je ne m’extasie pas, je trouve simplement que c’est normal. Donc, je le salue, car les pères qui s’investissent dans l’éducation de leurs enfants sont rares. Parenthèse terminée.
Je vais répondre donc à ce papa. Peut-être que vous aussi vous vous posez cette question. En fait, quand votre enfant a fait quelque chose comme taper, mordre, etc., lui faire un câlin s’il ne l’a pas demandé n’a pas lieu d’être. Votre enfant est en colère, le but n’est pas de le consoler, mais de comprendre sa frustration. C’est ce qu’il faut faire : comprendre sa frustration. Si, quand vous venez vous mettre près de lui, en disant, « Dis donc, tu as l’air tellement en colère, » et en mettant votre main sur son épaule ou en lui apportant du réconfort, ce n’est pas lui apprendre que quand il est violent, on a un câlin. C’est lui montrer que, en tant que parent, on l’aime de manière inconditionnelle. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas revenir sur l’événement, mais au moment où votre enfant est en colère, il n’est pas encore assez attentif pour écouter ce que vous avez à dire sur son comportement. Donc, je récapitule : quand un enfant fait une crise de colère, et que vous vous mettez en empathie pour comprendre ce qui a conduit à sa violence, c’est la bonne approche. Si vous le jugez quand il est violent, si vous lui refusez vos bras parce qu’il réclame, si vous lui montrez que vous ne l’aimez plus, ou en tout cas que vous n’êtes pas content de lui à ce moment-là, c’est un rejet de lui-même que vous faites. Or, ce que vous rejetez, ce n’est jamais votre enfant, c’est le comportement qu’il a eu. Et en tout cas, c’est ainsi qu’il faut procéder. Une fois que votre enfant sera calmé, que le calme sera revenu, et qu’il sera apaisé, il sera temps de discuter avec lui pour revenir sur la situation.
Lui dire, tu sais, je comprends que quand ta sœur détruit ton travail, quand un tel a pris ton jouet, quand tu n’obtiens pas ce que tu veux, quand on te refuse un énième tour de manège, ou la console de jeux, ou un autre dessin animé, je comprends que ça crée de la frustration et que parfois ça peut faire naître de la colère. Mais il y a plusieurs manières d’exprimer cette colère. Crier, mordre, dire des mots blessants ne sont pas acceptables. Bien sûr, quand j’ai dit ça, ne vous attendez pas à ce que votre enfant du jour au lendemain cesse d’exercer de la violence quand il est frustré. Pourquoi ? Parce que c’est un cheminement, de la même manière qu’il ne range pas son cartable tous les jours en rentrant de l’école, qu’il ne met pas ses chaussons à chaque fois que vous rentrez à la maison, qu’il ne range pas sa chambre systématiquement. Votre enfant a besoin, pour son apprentissage, que vous lui répétiez les choses pour qu’il les intègre. Cela vient aussi d’une immaturité de votre enfant qui fait qu’il n’est pas encore capable de maîtriser ses émotions et de ne pas associer un geste ou une parole à une frustration intérieure.
Si vous ne deviez retenir qu’une chose, c’est qu’on ne juge pas son enfant, mais l’acte qu’il a commis. Et je vous assure que ça change tellement de choses, car si vous ne faites pas ça, l’enfant va se dire « je suis une mauvaise personne, » et cela va affecter son estime de lui-même.
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