Non! Votre enfant n’est pas timide

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Votre enfant n’est pas timide. Il s’agit d’une étiquette d’un jugement qu’on a déposé sur lui. Ca peut être par vous. Ca peut être par d’autres gens. Et peut-être que plein de gens sont d’accord pour dire que votre enfant est timide. Mais en réalité, des enfants timides ça n’existe pas. De même que ça n’existe pas des enfants méchants ou des enfants caractériels. En fait, comme tout le monde, on peut parfois se montrer timide, et parfois avoir confiance en soi et ne pas être du tout timide. 

Mettre des étiquettes

Vous serez d’accord pour dire que votre enfant n’est pas tout le temps timide. Simplement, quand on voit un comportement, on a besoin d’étiqueter, c’est comme ça qui est fait notre cerveau humain. Donc on va poser des étiquettes : lui il est joyeux, lui il fait des blagues tout le temps, celui-là est timide, celle-là est extravertie, l’autre est introvertie, … etc. Donc on colle comme ça plein d’étiquettes le front de nos enfants. Et il faut savoir que plus on dit quelque chose, plus on renforce ce comportement chez l’autre. C’est prouvé scientifiquement. Parce que, pour un enfant, l’adulte est celui qui détient la vérité. Donc si on lui dit qu’il est timide, c’est qu’il est timide. Et comme en plus on a des preuves de sa timidité,  l’enfant va finir par se comporter tout le temps comme ça. Et au bout d’un moment, évidemment, il aura toutes ces caractéristiques là. 

 

J’ai trois enfants et la deuxième, Marie, était plus réservée que sa sœur que sa sœur. Comme elles n’ont qu’un an d’écart; on faisait facilement des comparatifs. Quand, par exemple, je recevais des amis à dîner, j’en avais une qui dévalait l’escalier, qui se jetait dans les bras de tout le monde, y compris de personnes qu’elle n’avait jamais vu de sa vie, qui se mettait sur les genoux, qui venait discuter. Et puis j’avais l’autre qui parfois ne descendait jamais; et quand elle descendait elle se cachait derrière mes jambes. Comme elle n’allait pas vers les gens, on me disait “elle est timide”. Règle numéro 1 : reprenez  systématiquement les gens qui posent une étiquette sur votre enfant. Votre parole sera toujours plus importante que celle des autres. D’abord parce que vous passez plus de temps avec votre enfant,  vous êtes son parent. Donc, pour votre enfant, vous êtes la personne de référence, en tout cas jusqu’à un certain âge. Comment fait-on pour reprendre la parole des autres? Pour reprendre l’exemple de ma fille, je disais “Ah non pas du tout, Marie n’est pas timide, Marie a besoin de plus de temps, Marie est plus réservée, Marie a besoin de se familiariser.” Je corrigeais systématiquement, je disais non. Aujourd’hui Marie a 17 ans au moment où je fais cette vidéo et plus personne ne dirait qu’elle est timide. Plus personne au monde ne le dit. Et je suis fondamentalement persuadée que si j’avais entretenu ce mythe de “elle est timide”,  je n’aurais pas une enfant qui se comporterait de la même façon. Elle est très à l’aise avec les autres, elle vient dire bonjour, elle a plein de copines, elle est assez volubile. En tout cas, on ne voit plus cette timidité. On voit de la réserve. C’est une enfant qui n’est pas expansive, qui est plutôt calme et sereine. Ce qu’on ce qu’on voyait comme de la timidité donne une posture beaucoup plus carrée, rangée, mais plus du tout timide.

Faites attention avec les étiquettes que vous déposez sur vos enfants. Parce que le problème d’une étiquette c’est qu’on finit par y croire et à en être persuadé. De même, dire d’un enfant qu’il est comme son père, ou comme sa tante ou sa grand-mère, est dangereux: votre enfant est unique et ne ressemble à personne d’autre .

Votre enfant croit que vous dites la vérité

Tant qu’il est petit, sachez que votre enfant croira toujours que c’est vrai, parce que les adultes font autorité pour lui. Vous lui avez appris des tas de choses. Il est en apprentissage permanent avec vous. Voici l’histoire de ma fille aînée. A l’école, on catégorise beaucoup les enfants à l’école: les littéraires d’un côté, les scientifiques de l’autre. C’est un peu moins vrai aujourd’hui, mais à l’époque de ma fille, c’était le cas.On séparait les élèves en catégories.  Ma fille avait des facilités, elle était assez brillante partout, mais encore plus en mathématiques.  Donc elle s’est dirigée vers un baccalauréat scientifique. Or elle a eu une professeure de physique qui un jour a réussi à lui faire croire qu’elle n’était pas du tout scientifique. Et ma fille y a cru. Et j’ai eu beau faire tout ce que je voulais, elle a fini par y croire. A tel point qu’elle a changé de voie scolaire pour aller en ES (économie et social). Et pourtant au baccalauréat elle a eu 19 en math. Est-ce qu’elle était scientifique ou pas? Et tout cas, cette professeure a réussi à faire perdre confiance à ma fille, qui aurait pu en plus se dire “je suis nulle” et voir ses notes dégringoler. Et ça ne fait que confirmer la croyance. Il faut dire qu’à l’époque je ne savais pas ce que je sais aujourd’hui de la psychologie et que j’aurais pu œuvrer autrement pour montrer à ma fille que ce que disait cette professeure n’était pas cohérent. Il faut être vigilant.

N’oubliez pas que votre parole est la plus importante

N’oubliez jamais que votre parole est plus importante que celle des autres. J’insiste là-dessus parce que c’est fondamental. Ça veut dire que vous aurez toujours un poids plus important que ce que les autres disent. Ça veut dire que si les croyances ou les étiquettes viennent d’ailleurs, vous allez pouvoir les édulcorer et revenir là-dessus avec votre enfant en disant “timide? pas du tout!”. On n’est pas timide à 100%. Ma fille Marie ne se cachait dans mes jupes que lorsqu’on était avec des gens qu’elle ne connaissait pas. On ne pourrait pas dire de moi que je suis timide. Pourtant il y a des situations dans lesquelles je le suis. Je suis intimidée. Mais ça ne fait pas de moi quelqu’un de timide. Ça fait de moi quelqu’un qui à ce moment-là utilise cette caractéristique.En fait, on peut être tout et rien. Quand on dit de quelqu’un qu’il est colérique, il ne se lève pas le matin colérique et le reste jusqu’au soir. Ce n’est pas possible, il a des moments où il est joyeux, des moments où il est préoccupé, des moments où il est concentré,… On est tellement multiple, que nous réduire à quelques étiquettes est très réducteur et improductif. Quand ce sont des choses positives, on ne va pas les changer. Si tout le monde dit de votre enfant qu’il est extraordinaire et qui réussit tout ce qu’il entreprend, ces croyances positives ne vont pas le gêner. En revanche quand il s’agit de choses plus négatives qui peuvent avoir des conséquences dans sa vie, alors là on rectifie les choses.

Les étiquettes ne viennent pas que de l’extérieur. Elles sont aussi dans la famille, donc faites attention à ce que vous mettez derrière “tu es c’est comme ça”. Ce qui est valable pour ce que les autres disent est aussi valable pour ce que vous dites. C’est fondamental parce que c’est ce qui va construire la personnalité de votre enfant. Bien sûr, il n’est jamais trop tard pour se défaire des étiquettes qu’on a posées dans l’enfance. Je pensais que j’étais moche, je le crois plus aujourd’hui. J’ai évolué par rapport à certaines croyances ou certaines choses qu’on qu’on m’avait déposées. Mais c’est long et ça colle à la peau, parfois pendant des années. Quand j’accompagne des adultes et qu’elles se libèrent de certaines de leurs croyances, je mesure un peu tous les dégâts que ça a pu produire dans leur vie. En fait la réalité des choses c’est qu’on peut être qui l’on veut être. C’est juste une histoire de travail. Ce n’est pas parce qu’on est né mince qu’on ne peut pas se muscler et devenir quelqu’un d’autre. On a vu des transformations extraordinaires. Et ce qu’on peut faire avec le physique on peut le faire avec son mental aussi. Donc on peut devenir qui on veut être mais c’est fastidieux. Donc autant accueillir les enfants en limitant la casse. On n’évitera pas toutes les étiquettes évidemment mais on peut limiter ce qui est vraiment très préjudiciable pour leur avenir.