Cessez de féliciter vos enfants
Encourager plutôt que féliciter
Il faut bien distinguer deux choses: les félicitations et les encouragements. Or c’est avec les encouragements qu’il faut remplacer les félicitations. Parce que quand vous félicitez un enfant, vous le rendez dépendant de votre jugement et de votre appréciation. C’est-à-dire que l’enfant n’est plus satisfait de lui-même. Or ce qui est important c’est que l’enfant soit fier de lui, pas que vous, vous soyez fier de lui. Malheureusement on est éduqué un peu comme ça: à l’école on va nous mettre des notes et donc on va être évalué et félicité d’une certaine manière par cette note scolairement. Et puis à la maison, c’est vrai qu’on va dire aux enfants “c’est génial ton dessin est très beau”, “waouh tu as eu une super note”, etc., et c’est nous qui sommes contents. Et quand l’enfant voit qu’on est content, ça le rend content aussi. En fait, il finit par penser qu’il doit satisfaire le regard des autres, il doit coller à ça. Et c’est pour ça qu’après on est si soucieux à l’âge adulte du regard des autres. On va chercher sans arrêt la validation: je ne vais pas faire ça parce que que vont penser les autres; je ne vais pas dire ce que je pense parce que sinon je vais me faire rejeter, etc. On va chercher toute sa vie cette validation dans le regard des autres. D’où ce fameux problème qu’ont plusieurs personnes de s’affirmer face aux autres ou d’arriver à assumer qui ils sont dans le regard des autres. Ce qu’il faut faire en fait c’est d’encourager votre enfant. Si il a eu une très bonne note, au lieu de le féliciter dites-lui plutôt “dis donc tu as dû drôlement travailler pour en arriver là; tu vois c’est génial, ça paye ton travail”. Et là vous l’encouragez à continuer à travailler. Quand il vous fait voir un dessin “regarde maman j’ai décidé j’ai dessiné ça”, au lieu de lui dire “Waouh c’est génial, fantastique”, regardez ce dessin et dites “et toi? tu en penses quoi?”. Et laissez-le s’extasier sur son travail. Quand il est content d’avoir réussi quelque chose, faites-le parler de ce qu’il ressent plutôt. Si il a eu une mauvaise note, au lieu de dire “c’est pas bien” ou “tu peux mieux faire” observez cette note: “mais tu en penses quoi toi? Moi je pense que tu n’as peut-être pas eu assez de temps pour travailler, peut-être que tu n’étais pas encore prêt, peut-être que tu n’as pas fait les efforts suffisants”. Mais avant on le fait parler: “Pourquoi à ton avis tu as eu cette note là? Qu’est-ce qui ne va pas dans cette note? Quelle note aurais-tu aimé avoir?”. On passe son temps à trop parler et à ne pas assez écouter, et écouter c’est fondamental.
Ne pas féliciter peut nuire à sa sécurité
Les parents pensent que ne pas féliciter ça peut nuire à la sécurité de l’enfant. C’est-à-dire que l’enfant peut se dire “ah bah oui mais si on ne me félicite pas c’est que…”. L’enfant a besoin en fait qu’on le porte, qu’on l’aide à faire les choses. Quand votre enfant essaie de grimper à un arbre, plutôt que de lui dire attention tu vas tomber, posez-lui la question comment vas-tu faire pour ne pas tomber. Ainsi, vous envoyez le message qu’il est possible qu’il tombe et puis vous vous restez en rappel évidemment, vous ne le laissez pas seul. Et en même temps vous l’incitez à continuer, à poursuivre son effort. On a souvent trop peur pour nos enfants, peur justement qu’ils échouent. Mais à force d’avoir peur, on finit par leur transmettre et à leur injecter cette peur, et ce n’est pas ça qui va les aider justement à aller plus loin, à être plus confiant, à avoir plus d’estime d’eux même et donc à se dépasser. Autre petit conseil aussi: dites ce que vous observez. Ça peut être un bon truc pour éviter ces fameuses félicitations. Observez ce que vous voyez: ah et bien je vois que tu n’as pas dépassé les traits de ton dessin, ou je vois que tu as réussi à monter sans tomber. Dites ce que vous voyez, dites ce que vous observez plutôt que de donner des félicitations, des bravos, des “c’est super, c’est génial, c’est formidable”.
Remplacer le bravo par un merci
Vous pouvez aussi remplacer vos bravos par des mercis. Si votre enfant vous amène un beau dessin, dites-lui “merci d’avoir fait ce joli dessin pour moi”. Bien évidemment, le merci ne s’adapte pas à tout mais il y a plein d’occasions où vous allez pouvoir dire merci au lieu de dire bravo. Par exemple: si votre enfant a rangé sa chambre, dites merci c’est super d’être dans une chambre rangée sans que je risque de poser le pied sur un jouet qui me ferait mal. Ou merci de d’avoir mis la table avec moi, merci d’avoir participé à étendre le linge.
Ne minimiser pas l’estime de soi
Le fait d’être fier de soi va décupler l’estime et la confiance de votre enfant. Et ça pour moi, c’est fondamental. L’estime et la confiance en soi, ça ne s’enseigne nulle part. Et il y a des enfants qui sont les meilleurs à l’école, qui réussissent dans tout et qui ont une piètre estime de même, et une confiance en eux qui n’est pas très formidable. Parce que la confiance et l’estime ne sont pas des résultats que l’on obtient mais de la satisfaction personnelle que l’on tire de ce qu’on a fait. C’est une évaluation. Dans “estime de soi” il y a estimer. C’est la façon dont je m’estime par rapport à certaines situations. Et c’est mon propre jugement qui fait que l’estime de moi est en haut ou est en bas. Quand je suis fière de ce que j’ai fait et bien automatiquement mon estime et ma confiance augmentent. Et peut-être que ce que j’ai fait n’est pas encore le niveau que j’aimerais atteindre mais je suis déjà fière d’avoir fait ce pas ce premier pas. Ca évite aux enfants aussi de se décourager par rapport à quelque chose. Si votre enfant par exemple a des difficultés dans une certaine matière, si on ne fait que lui dire des bravos quand il a 15 et, bien il va se sentir nul à chaque fois qu’il aura 10 ou 9 ou 8. Quand l’enfant n’a pas une bonne note, réfléchissez avec avec lui: ok mais c’est déjà pas si mal, regarde tu as quand même réussi tout ça. Mettez l’accent sur ce qui a été bien fait plutôt que sur ce qui n’a pas été encore acquis. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas encourager l’acquisition future de notre enfant en lui disant “qu’est-ce que tu n’as pas bien compris et comment tu peux faire pour y arriver” ou “comment je peux t’aider”. On peut proposer son aide à son enfant. On peut proposer également des solutions: ”est-ce que tu veux qu’on revoit ta copie pour comprendre ce qui a pu se passer”. Et ça, ce ne sont pas des félicitations. Et ça va aider l’enfant à se dire en fait j’ai quand même fait des choses bien, tout n’est pas à jeter. Alors que si on met l’accent sur la note parce que quand on met l’accent que sur la note et qu’on évalue un 8 sur 20 comme étant une mauvaise note et bien l’enfant retient que mauvaise note implique mauvais enfant et donc son estime de soi chute drastiquement.
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