Les habitudes éducatives à garder et à bannir

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On a tous des habitudes éducatives, et elles changent de génération en génération. Souvent quand on devient parent, on veut faire tout le contraire de ce que faisaient nos propres parents. On veut avoir sa propre méthode. Mais parmi les choses reçues de notre éducation, quelles sont celles à conserver et quelles sont celles à bannir ?

Les choses à bannir

Nier les émotions de nos enfants

Arrêtez de fuir les émotions de nos enfants. Quand par exemple ils hurlent et que vous avez envie de fuir ou de leur mettre un couvercle sur la tête pour qu’ils s’arrêtent, que vous leur dites “chut! calme-toi”. Oubliez tout ça. N’essayez ni de fuir, ni de minimiser, ni de nier les émotions, ni de faire diversion, ni d’essayer de rassurer votre enfant en lui disant que la petite bête ne va pas manger la grosse ou que ce n’est rien du tout ce petit bobo. Non. On accueille les émotions de nos enfants. Je ne vais pas me répéter, j’ai fait plusieurs vidéos sur l’accueil des émotions et pourquoi c’est important car ça permet d’avoir une bonne intelligence émotionnelle, et on sait aujourd’hui à quel point elle est supérieure à l’intelligence intellectuelle et scolaire. Donc surtout on accueille les émotions. On essaie de les comprendre. On accepte que nos enfants se roulent par terre parce qu’ils sont frustrés.On écoute la tristesse d’un enfant même si pour nous ça a l’air complètement ridicule de pleurer parce que la feuille que l’on a trouvé dans la rue s’est déchirée ou qu’on ne la retrouve plus. On essaie d’être en empathie et d’accueillir les émotions de nos enfants.

Pointer systématiquement ce qui ne va pas

Cessons de pointer du doigt ce qui ne va pas et essayons de faire le contraire et de parler de ce qui va bien finalement et de faire comme si on le voyait pas: “ Ah il est joli ton dessin mais tu trouves que c’est ressemblant, toi? Ouh là là, mais oui elle est jolie ta page d’écriture mais là tu vois ta barre du T, elle est un petit peu trop haute ou trop basse”. Pointer du doigt ce qui ne va pas est quelque chose que l’on fait sans même s’en rendre compte. Essayez donc déjà d’être conscient de la façon dont vous parlez à vos enfants et de ce que vous leur dites. On leur dit souvent ce qu’ils ont mal fait et on croit qu’en disant ça ils vont s’améliorer. C’est ce qu’on fait à l’école également en pensant que ça va aider nos enfants à mieux faire. Or c’est tout le contraire. A force de leur dire que ça ne va pas, ils finissent par se décourager, par penser qu’ils sont nuls et qu’ils n’y arriveront jamais. Et résultat ils ne font pas d’efforts pour faire mieux.

Mettre la pression scolaire

Je pense qu’on a tous eu la pression de nos parents qui voulaient qu’on ait des bonnes notes, qu’on ait notre bac et qu’on fasse des études supérieures. Est-ce que vous croyez que c’est parce que vous mettez la pression à un enfant qu’il travaille mieux? Moi je ne crois pas. Bien sûr, si votre enfant n’a envie de rien faire, au bout d’un moment, vous allez lui mettre la pression et c’est quasiment sûr qu’il va y répondre de peur de se faire gronder, de peur de ne pas vous plaire, de peur des représailles parce qu’il y en a parfois: si tu n’as pas une bonne note, on ne va pas Disney ou si tu as une bonne note au contraire tu auras un cadeau. Tout ça va faire que l’enfant va être plus  concentré sur la récompense ou la sanction que sur le fait de faire mieux à l’école ou de s’appliquer. Donc non ça ne sert à rien. Si au bout d’un moment votre enfant a envie de ne plus rien faire, et ça arrivera très vite dès le collège, il ne fera plus rien. Et vous ne pourrez plus rien y faire, il sera complètement démotivé. Et c’est encore pire lorsqu’il s’agit d’un enfant qui travaille bien et que les parents lui mettent la pression. J’ai un cas autour de moi d’un papa qui a mis extrêmement de pression sur sa fille qui a complètement perdu pied, qui a fini par se scarifier, par être mal dans sa peau, par faire de la dépression, alors qu’elle était brillante à l’école. Donc cessez de mettre de la pression, ça ne sert à rien. Transmettez vos valeurs. Si la valeur du travail est importante pour vous, transmettez-la à vos enfants. Mais mettre la pression n’a jamais fait travailler quelqu’un. 

Nos enfants ne sont plus les mêmes qu’avant. Ils ne sont plus comme nous, ils sont beaucoup plus sensibles. Et nous ne les avons pas élevés de la même manière que l’on a été élevé. Résultat, cette sensibilité fait que des méthodes éducatives trop strictes, trop dures, entraînent des troubles chez les enfants. Donc attention.

Les choses à garder

Goûter, même si on n’aime pas

Le fameux “on goûte à tout” est quelque chose qu’il ne faut pas retirer. On a trop tendance aujourd’hui à vouloir donner à nos enfants des choses à manger différentes de celles de leurs parents. Ce n’est pas ce que faisaient nos parents. Nos parents ne faisaient pas 1000 plats et ne répondaient pas aux besoins de chacun. Tout le monde consommait à table ce qui était prévu. On déjeunait de la même chose, on dînait de la même chose, et au petit-déjeunait de la même chose. Eh bien c’est pareil aujourd’hui. Il faut garder ça sous peine que vos enfants ne puissent pas développer le goût. En tant que français, nous vivons dans un pays où la culture de la table est très importante. Les anglo-saxons nous envient ce truc de goûter. Il faut le conserver. Il faut que votre enfant accepte de goûter à tout. Il n’est pas obligé de tout manger mais il est obligé de tout goûter. Et je vous assure que le goût est quelque chose qui s’éduque. Quand j’étais petite, et c’est certainement votre cas aussi, il y avait des tas de choses que je n’aimais pas. Je n’aimais pas les légumes par exemple, on ne pouvait pas m’en faire manger. Mais aujourd’hui j’adore tous les légumes. Pourquoi?  Parce qu’on m’a toujours obligé à goûter les légumes qu’on me servait dans l’assiette. Et au bout d’un moment, j’ai fini par trouver ça bon. Aucun enfant d’un an, ou presque, ne trouve un morceau de roquefort délicieux. Mais avec le temps et l’éducation de ce goût, ça va venir. Le palais s’éduque. Donc installez avec votre enfant ce rituel du goûter. Tu n’aimes pas ? Je te demande quand même de goûter. 

A chacun sa place

C’est quelque chose qui était très vrai dans les générations passées et qui se perd. On met aujourd’hui l’enfant au centre de la famille et ce dernier finit parfois par devenir le chef de la famille dans certaines familles. C’est quelque chose que je vois énormément dans mes accompagnements en parentalité: un enfant roi, un enfant tyran, un enfant qui fait la pluie et le beau temps dans son foyer. Ce n’est pas normal. Chacun doit être à sa place. Un enfant est un enfant, un adulte est un adulte. Ca veut dire qu’on ne demande pas à un enfant ce qu’il veut dîner le soir. On ne demande pas à un enfant où il veut partir en vacances. On ne lui demande pas non plus quelle sortie on va faire. Bien sûr, vous pouvez de temps en temps impliquer votre enfant. Mais attention. Il y a une barrière à ne pas franchir. Il faut éviter de faire en sorte que l’enfant soit décisionnaire de tout. Je vois des parents qui demandent l’avis de l’enfant même pour un canapé: “ tu crois qu’on devrait le prendre vert ou rouge?” “et cette maison elle te plaît ou elle ne te plaît pas?” Vous pouvez lui demander son avis mais pas le faire entrer en ligne de compte quand vous devez prendre votre décision. C’est fondamental: impliquer les enfants oui, mais chacun à sa place et ça évitera les problèmes de comportement. Parce que si vous mettez votre enfant au même niveau que vous, il vous parlera comme si vous étiez son copain, il se comportera avec vous de la même façon. En tout cas, c’est le risque.

Faire participer et responsabiliser votre enfant dès son plus jeune âge

Si vous demandez à vos grands-parents s’ils participaient aux tâches de la maison, ils vont vous dire oui. Ils participaient à tout. Ils avaient ce qu’on appelait des corvées: ils devaient étendre le linge en rentrant de l’école, quand on vivait dans une ferme on allait aider à la traite des vaches ou dans les champs, etc. Et c’était une très bonne chose. Dans nos sociétés modernes et mononucléaires, on a fini par faire peser toute la charge mentale sur une voire 2 personnes. Et on demande aux enfants de participer seulement quand ils grandissent. Or il faut le faire dès le plus jeune âge. Vous étendez du linge avec vos enfants de 2 ans en leur demandant de poser les chaussettes sur l’étendoir. Vous faites la cuisine, donnez une petite carotte à éplucher. C’est sûr que ça va prendre du temps à votre enfant mais pendant ce temps il est occupé et au moins il fait quelque chose. Vous faites le ménage, donnez un petit chiffon à votre enfant pour qu’il essuie quelque chose. Habituez vos enfants à participer aux tâches de la maison et faites-le dès le plus jeune âge. C’est ce que faisaient nos parents. Je suis l’aîné de 5 enfants et je me souviens que très très tôt ma maman me faisait faire du ménage, du nettoyage, laver la vaisselle, m’occuper des plus petits, filer un coup de main pour les bains, et plein d’autres choses comme ça. C’est très important parce qu’on doit aussi éduquer nos enfants à la vie qui les attend, et aussi parce que quand on vit dans un même foyer il faut que tout le monde participe. Or aujourd’hui c’est quelque chose qui se perd malheureusement parce qu’on ne met pas les bonnes règles au bon moment.