Ne demandez plus à vos enfants de s’excuser

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Votre enfant fait une bêtise: il fait mal à son frère ou à sa sœur, il a cassé quelque chose, il vous a dit un mot blessant, et vous lui demandez de s’excuser … Mauvaise pioche et je vais vous en faire la démonstration. Vous devriez vraiment cesser de demander à vos enfants de s’excuser. Oui mais pourquoi ? Faut-il cesser de s’excuser ?

Bien sûr, je ne vais pas être aussi radicale que le titre de cette vidéo. Mais néanmoins, je vais vous montrer pourquoi demander à un enfant de s’excuser car ce n’est pas très constructif en fait.

S’excuser… Si vous dites à un enfant : « Bah, tu as cassé ce vase, demande pardon », ou « Tu as tapé ta petite sœur, demande-lui pardon », ou « Tu m’as dit des méchantes choses, demande-moi pardon », ou encore que votre enfant fasse spontanément l’acte de venir vous dire pardon… c’est bien. Mais en fait, est-ce que le vase va être réparé parce qu’on a dit pardon ? Est-ce que la petite sœur a eu moins mal parce qu’on s’est excusé ? Et est-ce que vous, vous n’êtes plus blessé parce qu’on s’excuse ?

Eh bien, la réponse est non.

Je vais vous donner un petit exercice à faire avec votre enfant. Si vous avez un objet qui ne sert à rien, vous pouvez prendre un objet qui doit passer à la poubelle, comme une assiette déjà ébréchée ou un truc comme ça. Vous demandez à votre enfant de casser cet objet, ou vous le cassez vous-même si vous avez peur qu’il se blesse. Ou alors vous prenez une vieille bouteille en plastique ou un emballage en carton, puis vous donnez des petits coups de couteau sur cet emballage ou vous le froissez. Vous pouvez aussi prendre une feuille de papier et la froisser vraiment en mille morceaux.

Et là, vous dites à votre enfant : « Alors, tu vois maintenant, est-ce que tu peux t’excuser à cette feuille de lui avoir fait mal ? Est-ce que tu peux t’excuser de l’avoir toute abîmée, toute froissée, ou même toute déchirée ? »

Votre enfant va peut-être dire : « Bah, je te demande pardon », ou : « Je m’excuse. »

Alors déjà, « je m’excuse »… On ne s’excuse pas tout seul. Je ne vous apprends rien : c’est plutôt « je te demande pardon » que « je m’excuse ».

Et donc, vous allez lui demander : « Est-ce que la feuille est réparée maintenant ? Est-ce que la feuille a l’air d’être dans le même état qu’avant qu’on s’acharne sur elle ? »

Eh bien, la réponse est non.

Et c’est là où je dis que simplement des excuses, eh bien, ce n’est pas suffisant, parce que ça laisse entendre à votre enfant qu’en fait il suffit de dire « je te demande pardon » et puis on est absous de tous ses péchés, et on peut repartir comme ça. Non. Même à l’église, il faut quand même répéter des prières ou faire pénitence.

Ça ne suffit pas de demander pardon. D’abord, parce que ça peut devenir un réflexe : voilà, je vais demander pardon, parce que voilà, ça va faire passer la pilule, et puis c’est tout.

Bah non, le pardon, c’est quelque chose qui s’exprime déjà dans le cœur, avec une forte intention de repentir. Mais je ne parle pas de religion, mais vraiment de l’idée d’être très sincère.

Et là, ce « je te demande pardon » jeté comme ça, il n’est pas forcément sincère. Il n’a pas, peut-être, démontré à votre enfant à quel point ses actes ont eu des conséquences.

Alors, qu’est-ce qu’on fait une fois qu’on a dit ça ? Je vais vous donner les étapes.

1. Montrez leur les conséquences de leurs actes

Premièrement, je vous l’ai dit : vous montrez les conséquences des actes de vos enfants avec cette feuille déchirée. Vous pouvez montrer à votre enfant que dire « je te demande pardon », la feuille n’est pas redevenue comme elle devait être. Donc, ça laisse des traces que de maltraiter quelqu’un, lui dire de mauvaises choses, ou casser un vase…C’est fini, quoi. Le vase finit à la poubelle. Et si jamais il est réparable, il restera toujours des traces sur ce vase pour montrer qu’il ne sera plus jamais comme avant. On n’aura plus un vase parfait. Et peut-être même qu’on ne pourra plus jamais l’utiliser.

Donc, c’est important que votre enfant mesure vraiment les conséquences de ses actes. Et si c’est un geste qu’il a eu envers son frère ou sa sœur, c’est de lui poser la question : « À ton avis, qu’est-ce que ça lui a fait, ce coup, ce geste, etc. ? »

Et si c’est un mot blessant, c’est pareil : « Qu’est-ce que tu crois que ça lui a fait dans son cœur ? »

Il faut que votre enfant vous donne une réponse : « Ça lui a fait mal », « Ça l’a blessé ». Et s’il ne la donne pas, vous allez lui dire : « Tu sais, toi, si on t’avait dit ça, qu’est-ce que ça t’aurait fait ? Ou si on t’avait fait ça, qu’est-ce que tu aurais ressenti ? »

Alors, il ne faut pas le faire pour le culpabiliser, bien sûr. C’est pour ça qu’il faut le faire dans un moment de calme, après la lutte, après le combat, après les cris, après tout ça.

Mais il est important que votre enfant entende et comprenne que ses actes ont des conséquences.

2. Encouragez-les à réparer

Deuxième chose : plutôt que de s’excuser, c’est l’encourager à réparer son tort. Vous pouvez lui demander : « Bah, comment tu vas faire maintenant ? » Alors, si le vase est cassé, on va déjà ramasser. S’il est très petit et qu’il risque de se couper ou de se faire très mal, vous allez l’aider et faire attention pour qu’il ne se blesse pas. Peut-être qu’il ne peut pas le faire parce que ce sont des petits bouts de verre trop fins. Dans ce cas, vous allez prendre l’aspirateur. Mais il n’est pas question de ne rien faire : vous pouvez quand même enlever les bouts de verre, et lui demander de passer l’aspirateur, même s’il n’y a plus rien. Histoire qu’il fasse quelque chose.

Ça, c’est la première chose. Deuxièmement, si votre enfant a de l’argent de poche et qu’il a cassé quelque chose, eh bien, vous allez aller avec lui dans un magasin pour remplacer cet objet. Il n’y a pas de raison.S’il n’a pas encore d’argent de poche, vous prélèverez cet argent sur une prochaine sortie, un anniversaire ou n’importe quelle autre occasion. Par exemple, si demain vous emmenez vos enfants au cinéma et que vous leur achetez du pop-corn, eh bien, à cet enfant-là, vous lui dites : « Écoute, les 6 € du pop-corn, on ne va pas te les acheter. Ces 6 €, ce sera pour rembourser ce que tu as cassé. » Ou vous pouvez aussi lui acheter un plus petit paquet ou autre chose. Vous mettez une cagnotte jusqu’à ce qu’il ait remboursé.

Ça, c’est fondamental, parce que c’est comme ça que les enfants apprennent. Je sais que certains parents me disent : « Oh là là, mais c’est cruel de faire ça ! » Moi, je trouve que c’est beaucoup moins cruel que de laisser un enfant penser qu’il est tout-puissant. Aujourd’hui, en tant que coach en parentalité, j’accompagne énormément de parents pour des problèmes de discipline, de respect et de bien d’autres choses. Là, cette surpuissance, elle vient de quoi ? Elle vient du fait qu’on les laisse finalement faire ce qu’ils veulent, ou en tout cas, qu’on ne leur montre pas clairement que leurs actes ont des conséquences. Si un enfant pense que ses actes n’ont pas de conséquences, il se dit : « À quoi bon ? Je ne vais pas m’améliorer ou faire des efforts, puisque de toute façon ça n’a pas d’impact. » 

3. Etablir des conséquences négatives

Il faut que l’enfant ressente directement les conséquences de ses actes. Par exemple, s’il a fait mal à sa sœur, évidemment, il ne va pas payer pour qu’elle ait moins mal. Mais vous pouvez l’encourager à trouver lui-même comment il peut réparer cela. Qu’est-ce qu’il peut faire pour se rattraper ? Vous pouvez également établir des conséquences négatives.

Votre enfant a des privilèges dans votre maison, forcément, il en a plein. Mais ce ne sont pas des acquis. Aujourd’hui, les enfants ont tendance à croire que tout leur est dû : les cours particuliers, les loisirs, les vacances, les jouets, etc. Tout cela, ce sont des privilèges que vous mettez à leur disposition. Si son comportement n’est pas adapté, trouvez une conséquence négative qui lui permettra de ressentir l’impact de ses actes. Par exemple, retirer un privilège temporairement pour qu’il comprenne qu’il y a des limites.

Sinon, on n’y arrivera pas. Tant qu’il n’y aura pas de limites claires et bien définies, un enfant continuera de se comporter comme un tyran, et son comportement deviendra de plus en plus déviant. Certains parents me disent : « Je ne comprends pas, c’est de pire en pire. » Eh bien oui, c’est l’escalade. D’où l’importance de cadrer les choses dès le départ.

Enfin, dire simplement « Je te demande pardon » n’est pas suffisant. Même si cela reste important, cela ne dispense pas de ressentir un véritable regret dans son cœur. Ce n’est pas juste une formule qu’on dit pour avoir la paix. Voilà pourquoi, selon moi, s’excuser est nécessaire, mais pas suffisant.