Mon ado fait n’importe quoi. Comment gérer ?

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Votre ado part en vrille : il fume des joints, il fume tout court, il a des relations sexuelles avec un peu tout le monde, voire un peu trop tôt. Bref, vous trouvez qu’il fait n’importe quoi et ça vous inquiète. Que faire pour gérer cette situation ?

J’ai moi-même deux ados à la maison, et ce n’est pas toujours facile pour moi non plus. C’est un véritable terrain de jeu que j’ai à ma disposition, et j’aime vous faire part de mes connaissances en psychologie de l’enfant, de l’adolescent, en psychologie tout court, en développement personnel et en parentalité. 

Aujourd’hui, nous allons voir comment gérer la situation lorsque tout part en vrille, lorsque vous êtes inquiet, car comment ne pas l’être lorsque nos enfants font n’importe quoi et que nous nous sentons impuissants ? 

Se déculpabiliser et prendre sa propre responsabilité en tant que parent

Lorsque votre adolescent traverse une période difficile, la première chose à faire est de se concentrer sur vous-même plutôt que sur lui. Il est temps d’arrêter de vous blâmer, car les ados ont un talent inné pour nous faire ressentir de la culpabilité. Ils ont une sorte de radar qui leur permet de détecter notre mal-être et ils en profitent pour nous rendre responsables. Cependant, vous ne devez pas vous sentir responsable de tout. Bien sûr, j’ai déjà expliqué sur cette chaîne que certains comportements parentaux peuvent avoir des conséquences néfastes sur l’adolescent à long terme, voire sur l’enfant en général. Cependant, cela ne signifie pas que vous êtes un mauvais parent, car votre enfant aura le pouvoir de changer cela plus tard. Je n’ai pas eu des parents qui m’ont constamment valorisée, mais cela ne m’a pas empêché de développer une grande confiance en moi à l’âge adulte. À un certain moment de ma vie, j’ai pris les rênes et défini ma propre direction. De plus, vous ne devez pas porter toute la responsabilité, car il y a aussi la perception et le ressenti de votre enfant.

En d’autres termes, lorsque vous parlez à votre adolescent, vous êtes seulement responsable de vos paroles, mais pas de ce qu’il entend, ressent, perçoit, interprète, analyse et déduit. Vous n’êtes pas responsable de la façon dont il interprète vos paroles. Par exemple, si vous lui dites : « Tu vas gâcher ta vie scolaire parce que tu ne travailles pas », et qu’il comprend : « Je suis nul parce que maman ou papa me l’a dit », ce n’est pas ce que vous vouliez dire et s’il l’interprète mal, c’est son problème, pas le vôtre. Bien sûr, vous pouvez revenir sur vos paroles pour clarifier votre intention. 

Certains ados utilisent souvent la carte de l’amour en disant : « Tu ne m’aimes pas assez », ce qui est facile pour eux. Mais comment prouver que nous ne les aimons pas suffisamment ? À moins d’avoir une pathologie, un parent ne peut pas ne pas aimer son enfant. C’est impossible. Ils essaient simplement de nous culpabiliser en nous faisant croire que nous ne les aimons pas, et cela peut nous blesser. Nous pourrions nous demander ce que nous avons fait de mal pour qu’ils pensent ainsi. En fait, nous prenons tout de suite la responsabilité de ce qui est dit. Mais pourquoi ? Déculpabilisez! Nous faisons beaucoup pour nos enfants. Nous leur donnons tellement, mais parfois nous ne recevons pas beaucoup de reconnaissance en retour. Au lieu de penser que c’est eux qui ont un problème avec cela, nous avons tendance à croire que nous n’en faisons pas assez. Mais ce n’est pas vrai, vous en faites bien plus que nécessaire depuis leur naissance. Vous faites tout pour assurer leur bien-être, leur sécurité, un environnement et une éducation. Maintenant, ils font leurs choix et rejettent ce que nous leur offrons, et vous n’êtes pas responsable de leurs rejets. 

Comment faire face aux comportements problématiques de votre adolescent

Lorsque votre adolescent commence à se comporter de manière inappropriée, la deuxième chose à garder à l’esprit est qu’il y a des actions que vous pouvez entreprendre. Vous voulez le protéger, l'empêcher de faire des erreurs. Oui, nous pouvons essayer, et nous devons essayer, car en tant que parents, il est de notre responsabilité de le protéger, y compris de lui-même. Cependant, une fois que cela est dit, il est important de ne pas tomber dans le piège du contrôle absolu, car nous ne pourrons jamais contrôler ce qui se passe à l’extérieur. Nous ne pourrons jamais le surveiller totalement. Bien sûr, il est nécessaire de maintenir certaines règles, des limites, etc. Mais dès que votre adolescent quitte la maison, à moins de l’espionner à chaque instant, de placer des traceurs dans son sac à dos ou sur ses vêtements, bref, d’adopter une approche de détective privé, ce qui serait épuisant, vous ne pouvez pas le contrôler tout le temps. En revanche, il existe des solutions. Si vous pensez que votre enfant est réellement en danger ou s’engage dans des comportements sérieux, envisagez de consulter un médiateur, discutez-en avec un travailleur social, l’école ou ses représentants pour comprendre ce qui se passe. Essayez de parler à votre enfant, voyez s’il a besoin d’une thérapie, tentez de comprendre ce qui se cache derrière tout cela. J’ai déjà abordé les comportements à risque des adolescents dans mes vidéos, je vous invite à les regarder. La chose à retenir est que nous devons nous convaincre que nous ne pouvons pas éviter l’inévitable et que nous ne sommes pas responsables des erreurs commises par nos adolescents. Bien sûr, si vous lui donnez de l’argent et que vous savez qu’il l’utilise pour se droguer, alors vous êtes responsable de lui avoir donné cet argent. Vous pouvez l'empêcher de sortir le soir, de ne pas avoir de petit(e) ami(e), mais s’il veut s’éclipser pendant l’heure du déjeuner ou à un autre moment, vous ne pourrez pas l’en empêcher. Il trouvera toujours un moyen.

Plus vous cherchez à exercer un contrôle excessif, plus vous risquez de le pousser à devenir habile dans l’art de la manipulation, du mensonge et de la dissimulation. Il est donc préférable de lâcher prise sur le contrôle, car trop de contrôle finit par vous faire perdre le contrôle sur lui. 

Lâcher prise et éduquer sur les conséquences

Ce que je vous recommande plutôt, c’est de dire clairement les choses à votre adolescent. Au lieu de lui dire « tu n’as pas le droit, ne fais pas ceci, ne fais pas cela », ce qui ne sert à rien, dites-lui qu’il a le droit de faire ses propres choix, mais exposez-lui clairement les conséquences.

Si tu veux fumer, voici ce qui va se passer : tu deviendras dépendant, tu dépenseras beaucoup d’argent, tu auras les dents jaunes, une mauvaise odeur, tes vêtements sentiront mauvais, et surtout, tu seras esclave de cette habitude toute ta vie. Est-ce vraiment ce que tu veux ? Eh bien, libre à toi. 

Il est important de présenter les conséquences négatives de manière détaillée, afin de prévenir et éduquer. Cependant, plutôt que d’interdire, gardez à l’esprit que plus vous interdisez, plus ils seront tentés de transgresser vos interdits. De plus, lorsque vous imposez des interdictions, vous ne pouvez pas tout savoir. Je comprends que cela puisse être difficile, car nous avons envie de garder le contrôle, mais sommes-nous réellement capables de tout contrôler ? Non.

Laissez-le commettre des erreurs

Enfin, la troisième chose à prendre en compte est d’être prêt à les laisser commettre des erreurs. C’est sans doute la chose la plus difficile en tant que parents : se rendre compte que l’on voit clairement qu’ils se dirigent droit vers l’échec. Vous le savez, vous savez que ça va mal tourner, mais eux ne le voient pas, ils s’entêtent, etc. Une fois que vous les avez correctement avertis, vous avez fait votre devoir. S’ils veulent foncer droit dans le mur et que vous leur dites : « D’accord, donc si je comprends bien, tu as décidé, c’est ça, tu ne veux pas travailler, rien du tout », alors vous devez accepter cela et ils doivent en assumer les conséquences. Si votre enfant souhaite quitter l’école à 16 ans ou ne plus y aller du tout, très bien, qu’il trouve un emploi. Je suis d’accord pour qu’il ne fréquente pas l’école s’il trouve un emploi, en tenant compte du type d'emploi qu’il pourrait trouver. Je connais de nombreux jeunes qui ont fait cela et qui ensuite se disent : « Ah oui, c’est un peu compliqué, je préfère retourner à l’école ». Peut-être que c’est le chemin que votre enfant doit emprunter pour prendre conscience de la réalité, et peut-être pas, mais en même temps, c’est son choix, c’est sa vie. Donc oui, s’il a 15 ans, vous ne pouvez pas faire grand-chose, vous devrez le suivre au moins jusqu’à 18 ans et le protéger, y compris contre lui-même, en l’obligeant à aller à l’école. Mais à un certain point, s’il ne veut rien faire, c’est lui qui décide. Vous pouvez le contraindre à aller à l’école, mais s’il ne fait rien là-bas, c’est comme s’il n’y allait pas du tout. C’est juste qu’il n’est pas présent. Alors est-ce que vous le laissez traîner à la maison ? J’ai vu de nombreux parents que j’ai accompagnés  dont l’enfant ne veut plus aller à l’école; mais on lui donne de l’argent de poche, on le laisse regarder des séries toute la journée, il a un téléphone. Mais à partir du moment où votre enfant ne va pas à l’école, ne travaille pas (parce que c’est son travail d’aller à l’école), il doit comprendre qu’il peut tout perdre. 

Dites-lui “tant que tu ne travailles pas, tu ne peux pas avoir d’argent de poche, et puis il n’y a rien”. Ainsi, votre enfant se sentira obligé d’aller travailler s’il veut de l’argent. Sinon, il restera dans cette situation. Mais ce n’est pas lui rendre service que de lui donner de l’argent quand il est chez vous. Et s’il est chez vous, il doit participer davantage aux tâches ménagères et autres. Il doit faire quelque chose. Votre maison n’est pas un hôtel, d’ailleurs on paie dans un hôtel, ce n’est pas gratuit. Donc, il faut qu’il y ait une contrepartie.