Les risques d’anxiété chez les ados

Pour vous abonner à ma chaîne Youtube, cliquez ici


On va parler des risques d’anxiété chez les ados, de dépression également. Or l’anxiété est souvent l’antichambre de la dépression chez les ados. C’est quelque chose qui croît aujourd’hui. On en voit de plus en plus. Les centres pour jeunes sont submergés de ces adolescents qui vont mal : beaucoup de cas de suicide, beaucoup de scarifications, beaucoup de mal-être chez les jeunes. D’où ça vient ?

On va encore incriminer ce qu’il faut incriminer : le mal du siècle, c’est-à-dire les réseaux sociaux et les écrans. Mais surtout les réseaux sociaux pour ce qui est de la dépression et de l’anxiété. Ça, c’est vraiment le fléau. Et je vais vous dire pourquoi dans cette vidéo, de manière à ce que vous ayez une vision claire de ce que vit votre enfant et dont vous ne vous rendez peut-être pas tellement compte.

Les risques

Il faut savoir que plus un jeune passe de temps sur ses écrans, et plus le risque de dépression va augmenter. Je le vois autour de moi. Certains enfants qui ne vont pas bien sont souvent des enfants dont les parents ont remis un écran entre leurs mains très jeunes, et sans aucune limitation. Alors, ça ne veut pas dire que votre enfant ne risque pas du tout d’anxiété s’il n’a pas d’écran, mais beaucoup moins. Je vous donnerai quelques chiffres qui donnent un peu des frissons. En tout cas, moi, ça m’a donné des frissons de les découvrir à la fin de cette vidéo. 

Il faut déjà savoir qu’à chaque fois que votre enfant a un écran entre les mains, il est exposé, d’une certaine manière, à plusieurs choses : au harcèlement en ligne, déjà. Et ça, ça arrive beaucoup plus souvent que ce que vous croyez. Étant au conseil d’administration d’une association qui s’appelle Caméléon, qui œuvre pour les violences faites aux enfants, eh bien, je sais à quel point il se passe des choses. D’ailleurs, j’ai fait une vidéo il n’y a pas très longtemps sur le sujet de publier des photos. Mais il n’y a pas que ça qui entraîne des risques pour vos enfants, il y a encore plein d’autres choses. Mais ce n’est pas le sujet de cette vidéo.

J’ai fait d’autres vidéos, dont une interview avec Laurence Ligier, la fondatrice de cette association, si jamais ça vous intéresse d’en savoir plus sur les dangers des écrans pour vos enfants. Mais là, il s’agit plutôt des dangers à l’extérieur. Ici on va parler des dangers sans avoir besoin d’être harcelé ni d’être en contact avec qui que ce soit.

L’autre risque, c’est une déformation de la représentation qu’on peut avoir de l’image de soi, notamment de son corps et de son physique. Et enfin, le troisième risque que j’ai noté, c’est de fragiliser l’estime que l’on a pour soi-même. Et ça, on sait à quel point c’est fondamental. C’est vraiment le squelette d’un être humain, c’est son estime de soi. Si l’estime de soi est en berne, eh bien, c’est comme un squelette qui est un peu tordu. Soit on n’est pas droit, soit tout peut s’écrouler. Donc, c’est quelque chose de fondamental, et surtout en pleine construction, hein. À l’adolescence, on est en train de se construire, de se chercher, d’être un peu perdu, de ne pas trop savoir, de construire une identité, encore plus fondamental d’avoir une bonne estime de soi et de savoir sur quoi l’on s’appuie. Or, les réseaux sociaux, ça va venir créer certains problèmes, comme on va le voir tout de suite.

Les problèmes sur les réseaux sociaux

Alors, les filles, elles sont plus exposées que les garçons. Pourquoi ? Eh bien, parce que sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup de choses liées à la représentation du corps, comme je viens de vous le dire, à l’image que l’on a de soi. Ce qui va mettre beaucoup plus de pression sur les filles et créer, de ce fait, beaucoup plus d’anxiété. Sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, les images sont idéalisées. C’est-à-dire qu’on va voir, en permanence – il suffit d’y passer pas très longtemps – pour voir qu’on ne voit que des filles avec des plastiques de rêve. Évidemment, si on n’a pas cette plastique-là, on ne fait pas les mêmes photos. Donc, on a l’impression que tout le monde est comme ça. Évidemment que non. Ces corps-là aussi vont vieillir à un moment. Mais comme d’autres jeunes vont arriver pour alimenter à nouveau la sphère, eh bien, on ne va pas s’en rendre compte. Donc, il y a ça. Et quand moi je vois ça, et que mon corps ne ressemble pas à ce que je vois, ça peut créer des problèmes d’identité, de représentation de mon corps et d’image de moi-même. J’ai déjà vu des petites jeunes filles se pincer le ventre pour trouver un bourrelet là où il n’y avait rien, finalement. Parce que sur les réseaux sociaux, quand la fille se pliait en deux, ça ne fait pas la même chose. Donc, on marche vraiment sur la tête. À un âge où, encore une fois, on peut trouver ça débile quand on est adulte. On a envie de lui dire: non mais tu as vu comme tu es jolie, tu es mince… Mais il y a ce qu’elle voit de son corps et ce qu’elle voit à l’extérieur, et qui entraîne une comparaison et donc une dévaluation. Il y a aussi les filtres sur les réseaux sociaux qui sont beaucoup utilisés par les jeunes. Et donc avec ce filtre c’est toujours moi, mais c’est une image de moi sublimée. C’est une espèce d’idéal de moi, de ce que je devrais être et que je ne serai jamais, finalement. On voit aujourd’hui beaucoup de jeunes qui viennent demander de la chirurgie esthétique. Et pas parce qu’il y a un gros complexe… enfin, évidemment, ça crée un complexe, mais ce n’est pas comme avant. C’est-à-dire qu’avant, on avait un nez vraiment qui ne nous plaisait pas, alors on le faisait refaire. Ou on avait une espèce de poireau qu’on voulait faire enlever. Ça se limitait à ça. On n’aurait jamais imaginé autre chose. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes viennent se refaire faire tout : le nez, les joues, les pommettes. Ils demandent énormément de chirurgie. Ils veulent ressembler à leur filtre ou à cette image idéalisée qu’ils se sont eux-mêmes fabriquée. Il y a aujourd’hui des standards qui existent : le nez doit être en trompette, les joues doivent être comme ça, la bouche doit être pulpeuse, etc., etc. Et donc, il y a cette espèce de surconsommation de chirurgie qui, à mon avis, est très dangereuse, parce qu’elle ne règle pas le problème de fond. Car c’est l’image que j’ai de moi qui est en berne. Donc c’est là-dessus qu’il vaudrait mieux travailler, plutôt qu’avec un bistouri.

Puis, il y a le culte de la beauté sur les réseaux. On ne compte plus le nombre de tutos de make-up, de trucs comme ça… Voilà, de filles qui se montrent avec ce culte, encore une fois, du beau, de ce qui est beau, de ce qui devrait l’être, de comment ça devrait l’être. Et ça crée beaucoup d’anxiété chez les jeunes femmes, parce qu’elles sont dans une comparaison permanente, qui va entraîner de facto une dévalorisation dès lors qu’elles ne collent pas à l’image de ce qu’elles voient.

Quelques chiffres

Alors, quelques chiffres pour conclure cette vidéo. Et vous allez voir : moi, ça m’a glacé. Il faut savoir que 4 heures — et ce n’est pas beaucoup 4 heures. Si vous considérez que votre enfant part à l’école à 8 heures avec son téléphone, qu’il va y avoir 2 ou 3 récréations dans la journée, dont la pause déjeuner. Allez, il va peut-être passer 1 heure dans la journée. Il termine l’école vers 17 heures, et ensuite vous laissez son téléphone jusqu’à 21 heures… Eh bien, les 4 heures, on les a largement. Et je ne compte pas le week-end, où là, ça peut être beaucoup plus longtemps. Et donc, si on fait une règle, si on cumule tous les horaires de la semaine et qu’on les divise par 7, on arrive largement à plus de 4 heures en moyenne, par rapport aux restrictions que les parents mettent sur les écrans aujourd’hui. Sachant qu’il y a encore beaucoup de familles qui n’ont aucune restriction d’écran, qui laissent les écrans H24, j’ai envie de dire, à leurs enfants.

Alors, 4 heures d’écran par jour : le risque de dépression est multiplié par 3. Je ne sais pas si vous vous imaginez. Et ça, c’est 4 heures. À 5 heures d’écran, 40 % des jeunes qui passent 5 heures à scroller sur les réseaux sociaux ont déjà des signes de dépression. 5 heures… presque un adolescent sur 2 ! Donc tout ça, ça fait beaucoup réfléchir, surtout si on sait qu’il y a beaucoup de filles là-dedans. Donc, ça veut dire que la proportion au niveau des filles est énorme et qu’il faut faire très attention. Les garçons ne sont pas en reste, évidemment. Ce n’est pas parce que c’est plus chez les filles que c’est zéro chez les garçons, pas du tout. Eux aussi, il y a le culte du corps, hein. Il y a beaucoup de garçons qui postent sur les réseaux avec, voilà, leur torse musclé, etc. Donc oui, ça existe. Mais c’est vrai qu’on constate qu’il y a plus de filles.

Je ne sais pas ce que ces chiffres vous font, mais en tout cas, moi, ce que je voudrais conclure dans cette vidéo, c’est en vous donnant un conseil tout bête : évitez de laisser les écrans à vos enfants toute la nuit. Déjà, rien que ça, ce n’est pas normal. Normalement, les écrans doivent rester en bas. Enfin, en bas chez moi, il y a un étage — je suis dans une maison. Mais voilà, ils doivent rester dans un endroit de la maison, dans une petite boîte quelque part, et vos enfants doivent déposer leur téléphone pour qu’ils passent une bonne nuit.

Structurez le temps d’écran de vos enfants. Je sais que ce n’est pas facile. Je sais que vous vous heurtez à des cris, etc. Mais vous le faites pour leur bien. Donc, s’ils vous demandaient de monter dans leur chambre avec une bouteille de whisky, vous n’accepteriez pas. Alors dites-vous que c’est une bouteille de whisky. C’est addictif, c’est mauvais pour leur santé, c’est mauvais pour leur équilibre émotionnel, c’est mauvais pour plein d’autres choses.

Donc, ayez conscience de ça. Et même si ce n’est pas drôle, jouez les gendarmes. Mettez des règles claires. Ils se rebelleront pendant un temps, et puis, à la fin, ils se soumettront à vos règles. Parce que c’est comme ça et pas autrement.

Regardez-nous : quand une loi change, il y a des manifestations, et tout… Au bout d’un moment, bon, c’est fait, c’est fait. On accepte, finalement, hein. Ce n’est pas se soumettre, mais c’est accepter, plutôt. On accepte la règle quand on comprend qu’il n’y a rien qui fera changer d’avis, que c’est foutu. Foutu pour foutu, voilà. C’est comme ça que les manifs s’arrêtent : c’est quand on sait que ça ne sert à rien de faire la manif, ça ne changera pas. Donc, c’est triste pour les manifestants. Mais là, pour vos enfants, c’est vraiment pour leur bien. Soyez-en conscients. C’est ce qui vous aidera à tenir quand eux partiront en vrille, parce qu’ils se rebelleront et ne seront pas d’accord.