Enfant qui se dévalorise « je suis nul »

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Votre enfant présente une tendance à se dévaloriser excessivement lui-même en répétant des phrases telles que « je suis nul », « je suis bête », « je n’y arriverai jamais », et ainsi de suite. Cette situation suscite votre inquiétude et vous souhaitez évaluer son caractère préoccupant ainsi que déterminer comment réagir face à cela. Dans cette discussion, nous allons aborder le comportement fréquent chez les enfants qui consiste à exprimer continuellement des sentiments d’incapacité, de difficulté, voire d’insuffisance. Si ce comportement se manifeste de manière répétée, il est normal de ressentir de l’inquiétude à ce sujet. Bien qu’il puisse sembler habituel pour un enfant de se percevoir comme étant peu compétent, cette perspective n’est pas véritablement normale, et en réalité, elle est plutôt regrettable. Nous évoluons dans un monde où la comparaison, le jugement et les critiques sont courants, ce qui peut amener les enfants à se sentir inadéquats dès lors qu’ils n’atteignent pas les mêmes réussites que d’autres. Cette situation peut instaurer en eux un sentiment de ne pas être à la hauteur.

Il est possible que, en tant qu’adulte, vous ayez aussi expérimenté ce sentiment. Alors, est-il préoccupant que votre enfant le ressente ? En petites doses, cela peut ne pas être alarmant. Cependant, si ces propos deviennent une habitude chez votre enfant, se répétant systématiquement, voire quotidiennement voire plusieurs fois par jour, il est alors opportun de mettre en place une stratégie pour faire face à cette situation. Nous allons explorer ensemble la manière dont vous pouvez aborder cette problématique.

Pourquoi votre enfant se sous-estime t-il autant ?

Avant de dévoiler les méthodes que j’utilise, commençons par analyser pourquoi nous nous trouvons dans cette situation, pourquoi votre enfant ressent ces émotions. Comme je l’ai mentionné brièvement en ouverture, notre société est imprégnée d’une culture de l’évaluation constante. Dès les premières années à la maternelle, les enfants prennent conscience des comparaisons : un camarade escalade mieux, un autre dessine sans dépasser les lignes, un autre termine ses tâches plus rapidement, tandis qu’un autre sait déjà écrire son nom alors qu’eux n’y arrivent pas encore. Ces évaluations se font à travers le prisme des autres. Même si nous n’explicitons pas cela pour éviter de blâmer constamment autrui, il est naturel de remarquer les réussites des autres. Pourtant, souvent, ce sont les adultes qui renforcent cette dynamique. Les enfants, dans leur plus jeune âge, ne se soucient pas de leur apparence, n’hésitent pas à s’exprimer sans crainte de blesser ou de vexer autrui. Ils vivent leur vie sans entraves. Néanmoins, à force de les informer sur leur évaluation et de les encourager à s’auto-évaluer, ils finissent par éprouver de l’inconfort.

Cela nous amène à la question fondamentale : pourquoi votre enfant a-t-il une si faible estime de lui-même ? Est-il confronté à des situations de harcèlement à l’école de la part de certains camarades ? Souvent, ces problèmes surgissent de manière imprévue. Approchez votre enfant, posez-lui des questions, entamez un dialogue avec son enseignant. Efforcez-vous de comprendre ce qui pourrait être à l’origine de ces sentiments. Il est possible que cette situation se manifeste également à la maison, peut-être entre frères et sœurs. Même si vous ne pouvez pas toujours transformer radicalement l’environnement, les méthodes que je vais partager ne nécessitent pas de changer d’école ni d’isoler vos enfants. Il existe d’autres approches, que nous allons explorer immédiatement.

Vérifiez la réalité de ce sentiment

La deuxième étape consiste à déterminer si votre enfant ressent véritablement cette sensation d’infériorité. Est-ce une réalité tangible ? Avez-vous l’impression que lorsqu’il prononce de telles phrases, c’est peut-être parce qu’il les entend régulièrement de la part d’autres personnes ? Les adultes font parfois des déclarations telles que « je suis si bête », et si vous avez l’habitude de tenir de tels discours, votre enfant pourrait suivre votre exemple. Toutefois, il n’est pas nécessaire de s’alarmer à ce stade. Lorsque votre enfant exprime ces sentiments avec conviction, il vit l’instant présent et ressent véritablement cette impression de médiocrité à ce moment précis. Cela pourrait faire suite à un échec, à une réprimande de votre part ou à la prise de conscience qu’il n’arrive pas à accomplir quelque chose. Lorsqu’il émet un jugement négatif sur lui-même en se qualifiant de « nul », il y croit sincèrement à ce moment-là. Toutefois, voici la bonne nouvelle : la plupart du temps, une dizaine de minutes plus tard, cette pensée s’évanouira complètement de l’esprit de votre enfant, et il pourrait même retrouver une confiance solide, ne se percevant plus du tout comme incompétent. Par conséquent, il est inutile de dramatiser la situation, mais il est également important de ne pas laisser les choses en suspens. Votre rôle consiste à le guider vers des stratégies pour surmonter ces moments, et c’est précisément ce que nous allons explorer maintenant. Alors, quelles sont les méthodes qui peuvent lui apporter le soutien nécessaire ? 

Les enfants nuls ça n’existe pas

La première étape consiste à éviter de lui dire simplement « Non, ce n’est pas vrai que tu es nul. » Ce genre de déclaration ne s’avère pas efficace. Votre enfant est déjà conscient de votre amour pour lui et il peut penser que vous manquez d’objectivité. En réalité, aucun enfant n’est véritablement « nul ». Plutôt que de nier ses sentiments, vous pouvez lui faire comprendre que l’idée d’enfants « nuls » est erronée. Votre enfant percevra que cette notion manque de fondement. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il cessera immédiatement d’exprimer ce sentiment, mais chaque fois que vous formulez cette idée, vous plantez une graine de doute en lui. Une autre approche à considérer est de poser des questions. Par exemple, demandez-lui, « Pourquoi dis-tu que tu es nul ? » Attendez sa réponse pour pouvoir ensuite discuter davantage. S’il répond, par exemple, « Je suis nul parce que je n’arrive pas à marquer un but comme les autres », vous pourriez rétorquer, « D’accord, tu n’as pas réussi à marquer un but, mais combien d’enfants ne marquent jamais de buts ? Dans une équipe, tout le monde ne peut pas être le buteur. Y a-t-il des joueurs qui n’en marquent jamais ? » À travers ces questions, il sera amené à réfléchir et à fournir des exemples. Vous pourrez alors lui demander, « Donc, toutes ces personnes sont nulles ? » À ce moment-là, il réalisera que ce n’est pas le cas, particulièrement s’il connaît les autres joueurs et qu’il joue avec eux.

Maintenant, si votre enfant affirme qu’il est nul parce qu’il a reçu une mauvaise note, demandez-lui pourquoi il pense qu’il est nul. Il pourrait répondre, « Je n’ai pas réussi même si j’avais travaillé, etc. » Vous pourriez ensuite demander, « Penses-tu avoir vraiment fait tout ce qu’il fallait pour obtenir une bonne note ? As-tu bien compris les exercices avant de les faire ? Peut-être as-tu appris sans vraiment comprendre. » Expliquez-lui que l’échec, comme dans ce cas une mauvaise note, est une expérience normale. Cela indique simplement qu’il a la possibilité de faire mieux la prochaine fois.

Si votre enfant déclare qu’il n’arrive pas à quelque chose, reformulez en disant, « Tu n’y arrives pas encore. » C’est ce qu’il faut faire, le reprendre chaque fois pour lui offrir de nouvelles perspectives. L’objectif n’est pas de le décourager, mais de lui fournir des ressources. L’objectif n’est pas de prouver que vous avez raison, mais de lui donner des informations. Si votre enfant fait quelque chose qui vous a poussé à le réprimander et qu’il se juge nul, répondez-lui en disant, « Tu sais, tous les enfants agissent de cette manière. C’est pourquoi ils ont des parents. Tous les enfants ont parfois des comportements qui ne plaisent pas aux parents, car tu es ici pour apprendre. Cela ne signifie pas que tu es nul, mais simplement que tu n’as pas encore tout compris.

Reformulez la question ou la l’affirmation

En dernier lieu, le quatrième aspect à garder à l’esprit est que vous avez saisi l’essentiel. En conséquence, réexprimez-le pour lui, posez des questions puis réexprimez à nouveau. Cependant, il est à noter que certains enfants pourraient ne pas réagir de manière favorable aux interrogations. Les suggestions que je vous propose sont de nature générale. Pour obtenir une approche davantage personnalisée, un accompagnement spécifique sera nécessaire. Chaque enfant, parent et famille possède ses spécificités, exigeant ainsi une analyse approfondie. Mon intention est de fournir des informations générales pour atteindre un public varié. Il importe de souligner que la réaction de vos enfants ne suivra pas systématiquement le schéma que je décris. La tâche de trouver la méthode la plus appropriée ou de solliciter de l’aide pour déterminer comment aborder la situation et essayer de nouvelles approches vous revient. C’est pourquoi je vous propose diverses pistes à explorer.

Une fois ces éléments pris en compte, il est temps de mettre en pratique la reformulation, le questionnement et la patience. Les parents aspirent souvent à une solution instantanée. Néanmoins, il est essentiel de comprendre que la mise en œuvre de stratégies spécifiques peut apaiser temporairement la situation, mais le problème pourrait ressurgir ultérieurement, ce qui peut être déconcertant. Il est crucial de garder à l’esprit que votre enfant ne change pas en un jour, tout comme il n’a pas commencé à parler en un jour et n’apprendra pas à jouer du piano en un jour. Tout processus d’apprentissage demande du temps et de la patience. Persévérez, continuez à semer des pensées positives dans son esprit afin qu’elles puissent peu à peu remplacer les pensées négatives.