Comment garder son calme

Les cris stridents, les colères à répétition, les chamailleries entre frères et sœurs, le rythme effréné de la journée interminable et le manque de sommeil… Autant d’ingrédients qui nous mettent à rude épreuve et qui, malgré notre bonne volonté, finissent par avoir raison de notre calme. Est-ce seulement possible de faire autrement et de ne plus se mettre en colère avec des enfants en bas âge ?

La bonne nouvelle, c’est que c’est possible. Ce n’est pas naturel et obligatoire de crier toute la journée… La mauvaise nouvelle, c’est que ce n’est pas de la faute des autres ni de nos enfants si nous nous mettons en colère. Nous sommes les seuls responsables : ce qui est une chance également, car si cela vient de nous c’est que nous pouvons aussi l’éliminer.

Apprendre à gérer les colères

Il nous est très difficile d’accueillir la colère de nos enfants, car pour la plupart du temps, nous ne savons pas comment faire.

Pour les générations précédentes, les colères étaient systématiquement réprimées, car l’enfant devait respecter ses parents, l’entourage, leur besoin de silence et surtout leur autorité en faisant preuve d’obéissance. Aujourd’hui, nous savons que les colères sont légitimes et que le cerveau des enfants n’est pas mature pour les gérer de manière raisonnable. En revanche, nous ne savons pas comment faire. Nous pensons les aider en tentant de les divertir pour qu’ils oublient le motif de leur colère, ou bien encore en cédant à leur demande, ou en criant à notre tour, drôle d’idée quand même !

En réalité, nous ne faisons que repousser le problème, car nous n’accueillons pas réellement les émotions de nos petits. Bien souvent, ils demandent juste à être entendus et compris. Nous pouvons juste essayer de nous mettre à leur place :

  • Tu voulais un bonbon ?
  • Ouuuiiiiiiiiiiiii !
  • Ah je comprends ? C’est très tentant, ces bonbons
  • … Ouuuuuiiiiiiiiiii !!
  • Et combien de bonbons tu pourrais manger ?…

Plus notre enfant est entendu et moins il fera de demandes pour être compris
C’est normal à 3 ans de vouloir des bonbons, c’est tellement dur de résister à toutes ses tentations qui se dressent sur le chemin et difficile de comprendre pourquoi c’est non !

Cet échange n’empêche pas les pleurs (plus ou moins longs) et ne fait pas passer l’envie de bonbons, mais cela évite que notre enfant soit taxé de méchant, capricieux, de gourmand ou encore que nous fassions semblant de ne pas l’avoir entendu. En effet, si « nier les émotions » fonctionne un temps avec les tout petits, cela fonctionnera de moins en moins avec le temps. Plus notre enfant est entendu et moins il fera de demandes pour être compris (lire l’article : Savoir accueillir les émotions de nos enfants).

Prenons les colères avec légèreté

Pourquoi ne pas en rire ?

Il ne s’agit pas, bien entendu, de nous moquer de notre enfant lorsqu’il se met en colère, mais bien d’accepter la situation telle qu’elle est, car oui, mon petit de deux ans fait une colère pour sa banane cassée et alors ? Ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière colère.  Faisons tout de suite taire cette petite voix en nous qui nous dit que nous gênons l’entourage, que nous avons un enfant plus mal élevé que ceux des autres ou encore que nous sommes un mauvais parent. Oui, les colères pour les biscuits cassés, le refus de partir ou de partager ou encore pour une friandise, c’est le quotidien de tous les parents. Accueillons la tristesse de notre enfant en respectant l’amplitude de son émotion même si, avec notre regard d’adulte, cela nous parait complètement démesuré et voyons comment nous pouvons modifier l’air ambiant. Pitreries, expression ridicule ou cascade improvisée… Une fois, la détresse accueillie, appelons à la rescousse la brigade des bananes cassées, les pompiers réparateurs ou encore exclamons nous d’un « bachi-bouzouk » pour faire rire l’assemblée. Et si nous nous apercevons que même le rire n’y fait rien, optons pour une autre solution.

Nous pouvons anticiper pour se préparer à affronter la colère de nos enfants : vers 3- 4 ans, un enfant peut difficilement arrêter de regarder un écran sans se mettre en colère, y compris si nous l’avons prévenu et si nous avons attendu la fin de l’épisode ; il est tellement happé par l’écran et son cerveau n’est pas assez mature pour prendre du recul et gérer cette énorme frustration. Si nous avons conscience que la colère de fin de dessin animé n’est pas une comédie et qu’elle n’est pas provoquée pour nous embêter, c’est déjà plus facile à supporter ! Une diversion bien menée et hop, fini les crises.

Ce n’est pas de la faute de nos enfants

La seule chose dont sont responsables nos enfants, c’est d’être des enfants.
Nous ne nous sommes pas écoutés toute la journée et à la fin de la journée, nous ne supportons pas que notre ainé ne nous écoute pas. Mais pas cette fois, pas après une journée à faire un travail qui ne nous plait plus, à dire oui lorsque l’on veut dire non, à ne pas prendre 5 minutes pour boire lorsqu’on a soif…

La seule chose dont sont responsables nos enfants, c’est d’être des enfants. Si nous ne supportons pas leur colère, si nous ne parvenons pas relativiser avec légèreté, si nous n’arrivons plus à rire, nous sommes les seuls responsables de cette situation. Quand nos enfants, en se comportant comme des enfants, rendent la vie impossible, font les pires bêtises et ne font rien de ce que nous leur demandons, il est normal de se sentir épuisé et d’avoir besoin de relais ou repos…

Là où nous sommes responsables, c’est lorsque nous ne demandons pas d’aide, lorsque nous ne sommes pas à l’écoute de nos besoins. C’est seulement parce que nous n’avons pas respecté nos besoins que nous ne parvenons pas à garder notre calme et non pas parce que nous sommes d’une nature colérique ou parce que nos enfants sont pires que les autres.

Sinon pourquoi gérons-nous parfois une crise un jour et pas le lendemain ? Pourquoi acceptons-nous que le petit dernier se tache aujourd’hui alors qu’hier nous lui avons hurlé dessus pour le même motif ? Nous sommes responsables de nos émotions. Difficile d’admettre que ce ne soit pas de la faute des autres et en même temps, cela signifie que nous avons toute latitude pour agir.

Rien ne sert de culpabiliser, cela ne ferait que renforcer notre tendance à la colère ou notre impatience. Nous sommes responsables de nos émotions, mais pas fautifs de quelque chose. Être responsable, cela signifie que nous sommes à l’origine de la situation, nous avons les moyens d’agir et de modifier la situation. Le comportement de notre enfant n’est qu’un élément déclencheur. À l’inverse, être coupable, cela veut dire que nous avons commis une faute. Or, nous ne commettons pas de faute en nous mettant en colère. Toutes les émotions sont légitimes ; en revanche, les actes qui en découlent ne le sont pas forcément. Ce n’est pas si grave de se mettre en colère, mais si cette émotion trop fréquente nous gâche la vie ou nous fait commettre des actes que nous ne regrettons pas la suite, alors il peut être intéressant de prendre conscience que nous sommes « responsables » de nos émotions et que nous avons à les modifier.

Les enfants ne font pas ce que l’on dit, mais ce que l’on fait

Nous pouvons commencer par montrer l’exemple. Si la colère est le premier moyen d’expression dans la famille, alors il y a toutes les chances pour que l’enfant fasse de même. Si nous nous mettons régulièrement en colère, difficile de demander à nos enfants de ne pas le faire. Les enfants apprennent par mimétisme et non pas suite aux recommandations que nous leur faisons. Nous ne leur avons jamais appris verbalement à manipuler l’écran tactile de notre smartphone et pourtant ils savent déjà le faire…

De la même façon, si nous avons été élevés dans un milieu conflictuel, difficile pour nous d’envisager les discussions autrement et même de réaliser que la norme n’est pas le conflit et la violence, ou pire de percevoir que nous sommes dans le conflit permanent.

Nous pouvons parfois avoir déjà conscience de tout ça, mais nous ne parvenons pas pour autant à accepter la colère de nos enfants.  Il peut alors être intéressant de voir ce que leurs colères réveillent en nous, de nous interroger sur nos besoins non comblés ou encore sur les schémas que nous reproduisons.

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