Comment ne plus crier sur ses enfants ?
Nous les aimons plus que tout. Ils sont notre raison d’être. Nous les avons rêvés, voulus, désirés, attendus, fantasmés… Pourtant, il nous arrive de les blesser et ils sont aussi ceux qui parviennent à nous faire sortir de nos gonds.
Entre cris, hurlements, énervements, perte de patience et agacement, nous sommes loin de l’image du parent que pourtant nous rêvons d’être. Quant à ce désir d’offrir à nos enfants un environnement bienveillant et respectueux des besoins de chacun, il s’éloigne de nous peu à peu.
Nous avons pourtant lu des livres, consulté des articles en parentalité positive et parfois même suivi des stages. Pourtant, au moment même où il faudrait appliquer ces outils, nous n’y arrivons pas. C’est plus fort que soi !
Et si la réponse ne se trouvait pas dans les outils de parentalité positive, mais dans notre parcours de jeunesse ? Car, comment bien s’occuper de l’enfance de nos enfants sans revisiter la sienne ?
Et si finalement nous étions responsables de nos émotions, mais aussi capables de changer ?
Prendre la responsabilité de nos émotions
Lorsqu’un geste, un mot, une attitude de nos enfants ou même de notre partenaire provoquent en nous de la colère qui se manifeste à travers des cris, nous avons tendance à chercher à l’extérieur de nous un bouc émissaire pour justifier notre état. « Tu me rends folle. » « Si tu m’écoutais, je ne m’emporterais pas. » « C’est de ta faute si j’ai crié, si tu avais mis tes chaussures comme je te l’ai demandé 10 fois cela ne serait pas arrivé. »
Est-ce bien certain ?
Et si finalement nous étions responsables de nos émotions ?
Est-ce vraiment ce qu’a fait ou n’a pas fait, ce qu’a dit ou n’a pas dit notre enfant qui nous a conduits à cet état de colère ou nous qui avons fait le choix de la colère face à cette situation ?
N’y avait-il pas d’autres options ? Connaissons-nous des gens qui réagiraient différemment ? Si la réponse est non, alors nous avons raison, mais si c’est oui alors une autre explication s’impose.
Car…
Imaginez qu’un inconnu vous insulte dans la rue. Vous avez différents choix.
Vous pouvez avoir peur de lui et presser le pas.
Vous pouvez l’agresser à votre tour. Après tout, vous n’allez pas vous laisser faire !
Vous pouvez avoir honte. Les gens vont penser que c’est vrai.
Vous pouvez aussi en rire. Il lui manque une case à cet énergumène.
Quelle réaction est la plus adaptée ? Et qu’est-ce qui fait que nous n’avons pas la même attitude face à une situation identique ?
En fait, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réaction, elle dépend simplement de l’interprétation que nous avons faite de la scène et cette interprétation nous est propre c’est ce qui explique que nous n’ayons pas tous la même attitude face à des événements pourtant identiques.
Dans le premier cas, la personne a associé : insulte et agression.
Dans le second cas : insulte et manque de respect.
Dans le troisième : insulte et humiliation.
Et finalement, il est probable que cette personne était en ligne au moyen d’écouteurs et que ces insultes ne nous étaient pas adressées.
Avec nos enfants et même toutes les autres personnes, nous faisons la même chose. Ce n’est pas ce qui se passe qui nous met en colère, c’est notre interprétation qui génère cette émotion et notre enfant n’y est pour rien !
La réalité de nos agacements
Lorsque notre enfant refuse pour la énième fois de mettre ses chaussures alors que l’heure tourne et que nous allons arriver en retard au bureau. Ce qui nous dérange n’est pas tant le refus de notre enfant, mais les petites phrases qui germent dans notre esprit, en amont de notre colère.
Des petites phrases qui disent : « Il ne te respecte pas. Il le fait exprès. Il te cherche. Il ne t’aime pas sinon il ferait ce que tu dis. Tu es nul, tu n’arrives même pas à te faire respecter d’un enfant de 4 ans… » Et ce n’est qu’un court échantillon de tout ce qu’il est possible de se dire.
Ce sont ces croyances-là et non pas la situation qui provoquent notre colère.
Et si nous réfléchissions quelques instants à ce qui s’est produit. Notre enfant avait-il vraiment cette intention ? Est-ce vraiment la vérité ?
Un enfant face à un parent en état de stress, telle une éponge, il se gorge de stress lui aussi. Ne sachant qu’en faire, il s’oppose, non pas pour nous résister ou nous en faire voir de toutes les couleurs et encore moins pour nous contrarier, mais juste parce qu’il est lui aussi dépassé par les événements.
Il faut une bonne dose de remise en question pour reconnaître que ce n’est pas notre enfant qui est à l’origine de notre attitude. Car en reportant la faute sur l’autre, cela nous détourne de la vérité. La bonne question à se poser n’est pas : « pourquoi je me mets en colère » et encore moins : « pourquoi mon enfant refuse-t-il de coopérer ? « Mais « qu’est-ce que cette situation vient toucher en moi ? » Il y a beaucoup à appendre de soi à cette occasion.
Ce qui est touché en moi
Enfant, nous avons compris que pour avoir l’amour et l’attention de nos parents, certains de nos comportements n’étaient pas conformes à leurs attentes et nous nous sommes soumis. Cela a eu pour conséquence de taire et d’étouffer certaines émotions. Ces émotions refoulées ont créé des blessures profondes. Ce sont elles qui se réactivent au contact d’un mot, d’un geste, d’une situation du présent.
Et avec nos enfants, mais aussi nos partenaires se rejoue la partition des émotions douloureuses de notre enfance.
Ce n’est donc pas l’attitude de notre enfant qui provoque la colère comme nous l’avons vu, mais l’interprétation de son comportement qui réveille une vieille blessure. C’est comme un bouton sur lequel on appuie et qui déclenche immédiatement une réaction. C’est plus fort que soi ! Souvent, ces réactions échappent totalement à notre contrôle et nous rendent malheureux, honteux et coupables une fois la crise passée.
Pourtant, chaque fois que ces émotions se produisent au présent, elles ouvrent une porte sur le passé nous offrant alors l’opportunité de guérir nos blessures du passé . Mais pour que cela soit possible, il faut cesser d’attribuer la responsabilité de nos émotions aux autres tout en se déculpabilisant, car nous faisons toujours de notre mieux avec les moyens dont nous disposons.
Cherchons à nous améliorer pas à devenir parfait. Voir mon article « Déculpabilisons-nous ! ».
Parce que nous les aimons, la plus belle chose que nous puissions faire pour eux est de ne plus les rendre responsables de nos débordements émotionnels.
Finalement, nous devrions les bénir, car ils nous montrent ce qui est blessé en nous pour pouvoir le guérir.
Nous faisons tous de notre mieux avec les moyens dont nous disposons et il faut parfois du temps pour en prendre conscience, mais quand c’est le cas, il devient tout à coup possible de devenir non pas un parent parfait, mais un parent responsable.
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