Peut-on tout dire sans blesser
Vivre en accord avec soi-même est un défi noble, une expérience profonde que chacun devrait avoir le courage de tenter. C’est la seule voie qui permet de rester entier, en harmonie avec ses valeurs et en communion réelle avec l’autre.
Mais cela n’est pas simple. Tout le monde ne fait pas les mêmes choix, tout le monde n’a pas les mêmes opinions. Assurément, lorsque l’on décide de ne plus jouer de rôle, on fait face à l’altérité… Bien plus que lorsque l’on ne vivait qu’à moitié sa vie ! Alors, faut-il taire certaines vérités, ou bien doit-on au contraire tout dire ? Peut-on tout dire sans blesser ? Cela mérite d’être discuté…
Vivre sans faux-semblant
Vous le savez si vous suivez mes conférences et mon blog, je suis convaincue qu’on ne peut pas vivre une vie complète si l’on ne décide pas avant tout de s’accepter entièrement, et d’être en accord avec ses émotions, ses valeurs et ses convictions.
Adopter un tel mode de vie entraîne immanquablement des changements dans notre attitude et nos relations… Une fois que l’on a décidé de vivre en harmonie avec soi, il devient impossible de jouer un rôle.
Or, chacun a ses convictions, chacun a son mode de vie, chacun a ses valeurs. Quand on se contente de vivre à côté de soi, on peut éviter les conflits en mettant de côté ses convictions et ses ressentis. On peut même les travestir dans certaines circonstances… Mais lorsque l’on a décidé de ne plus se mentir, il devient automatiquement impossible de mentir à l’autre. Les confrontations sont immanquablement plus vives, et l’on peut même parfois blesser l’autre malgré soi. Plus on arpente le chemin de la vérité et de l’authenticité, plus cette question devient cruciale et demande à être élucidée.
Mieux communiquer pour moins blesser
Il existe d’excellentes méthodes pour apprendre à communiquer sans blesser l’autre, mais tout en restant en accord avec ses convictions et son ressenti. La communication non violente et la communication positive sont probablement les meilleures armes pour y parvenir.
La communication non violente permet de faire entendre son point de vue efficacement, en respectant l’opinion de l’autre et son désaccord. Cette méthode en 4 étapes élaborée par Marshall Rosenberg nous apprend à développer notre assertivité et nos capacités à écouter l’autre. Il est ainsi possible de limiter grandement les blessures lors d’échanges pourtant conflictuels. Pour aller plus loin, je vous conseille la lecture du livre « Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs ».
Dans le même ordre d’idée, les techniques de communication positive sont une autre manière de faire passer un message difficile en limitant les blessures. En brisant le cercle de la négativité, on se donne les moyens d’être entendu plus complètement.
Pour en savoir plus, je vous invite à lire mon article « Les clefs pour mieux communiquer ». J’y reviens en détail sur les problèmes récurrents de communication, et vous retrouverez des explications plus complètes sur la communication non violente et la communication positive.
Quand blesser l’autre est inévitable
Ne nous leurrons pas. Ces techniques de communication sont très efficaces et permettent d’améliorer en profondeur nos capacités à exprimer ressentis et idées… Mais les êtres humains sont tellement différents les uns des autres ! Certaines ambitions, certaines opinions et certains ressentis resteront toujours irréconciliables.
En particulier avec nos enfants, notre conjoint et nos amis, une vérité pourra être dite avec les meilleures intentions du monde, et avec tous les outils disponibles pour mieux communiquer, elle blessera pourtant la personne à qui elle était adressée. Comment ne pas blesser l’autre lorsqu’il nous demande pourquoi nous voulons mettre fin à une relation, ou ce que nous pensons de certains de ses comportements que nous désapprouvons ? Comment ne pas blesser d’une certaine manière son enfant en lui apprenant une triste nouvelle ou en posant certaines limites ? Comment ne pas blesser une copine qui nous demande si nous apprécions son nouvel ami qui nous a dragué ouvertement toute la soirée ?
Mais blessons-nous vraiment les autres lorsque nous exprimons avec ou sans bienveillance nos opinions, critiques ou jugements ? Sommes-nous vraiment capables de blesser ou les autres se sentent-ils blessés par nos paroles ? Sommes-nous réellement responsables de leurs émotions ? Certes, nous pouvons prendre la responsabilité de nos actes et de nos paroles, mais pas de ce que les autres en font ou en disent ?
Accepter que l’autre puisse se sentir blessé
Il faut parfois accepter la souffrance de l’autre non pas comme une réaction à nos paroles, mais comme un choix pour lui. Les rapports humains sont variés, riches et profonds. De nos relations découle tout un panel d’émotions, et leur richesse fait toute la force et le sel de la vie. Accepter ses émotions, c’est donc aussi accepter qu’elles puissent entrer en contradiction avec l’autre… C’est même accepter que l’on puisse être la source de leur mal-être.
Je le sais, accepter une telle chose est extrêmement difficile, surtout lorsqu’elle implique la souffrance des personnes que l’on aime le plus. Pourtant, ce n’est qu’en acceptant les conséquences de nos actes que l’on parvient à se mettre vraiment à sa place, et que l’on cultive son empathie.
Accepter la souffrance de l’autre est une concession que l’on doit faire si l’on veut vivre pleinement sa vie, et surtout créer des relations entières et sincères. C’est un paradoxe que l’on rencontre en entrant dans l’authenticité : ce n’est qu’en acceptant d’être en désaccord avec l’autre que l’on peut l’écouter totalement.
Lorsque l’on décide de ne plus vivre à côté de soi, et que l’on a enfin le courage de vivre en accord avec ses convictions et ses émotions, on prend le risque de se confronter davantage à l’altérité… Il existe des méthodes efficaces pour dire ce que l’on pense en évitant au maximum de blesser l’autre.
…Mais cela est parfois inévitable. Tout comme il faut avoir le courage de s’accepter soi-même, il faut avoir le courage d’accepter l’altérité, et toutes les émotions qui en découlent… souffrance y comprise. Ce n’est qu’à cette condition que l’on peut aller à la rencontre véritable de l’autre, pour grandir à ses côtés.
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