Se pardonner

Il y a quelques temps, j’évoquais avec vous la notion de pardon. Nous avions vu que, malgré ce que l’on pourrait croire, nous vivons dans une société où la vengeance est encouragée. Pourtant, pardonner n’est jamais une solution de facilité, et encore moins un signe de faiblesse. Le pardon exige courage, travail et intelligence. Il est l’unique moyen de faire cesser la souffrance et de reprendre confiance.

Aujourd’hui, j’aimerais aller plus loin avec vous en évoquant l’importance qu’il y a à se pardonner soi-même. Vous le comprendrez vite, se pardonner soi-même, ce n’est jamais s’apitoyer. Cela demande même beaucoup de sagesse et de courage. Plus important peut-être, se pardonner soi-même est l’unique moyen pour avancer et pour devenir la personne que l’on mérite d’être. C’est aussi un acte d’amour de soi.

Le courage de pardonner

Avant toute chose, si cela n’est pas déjà fait, je vous invite à lire mon précédent article à propos du pardon.

Vous verrez que, malgré ce que l’on pourrait penser, pardonner n’est pas encouragé dans nos sociétés. Le pardon est souvent mal perçu… Les modèles littéraires, hollywoodiens et télévisuels nous présentent la vengeance comme la seule réponse appropriée et respectable aux affronts que nous subissons tous au cours d’une vie.

Ainsi, le pardon est généralement associé à la lâcheté dans notre imaginaire. Pourtant, pardonner va rarement de soi et ce n’est jamais une solution de facilité. Seul le pardon demande un véritable retour sur soi. Lui seul exige un travail approfondi et un effort de compréhension de l’autre et de sa perception des choses.

En osant pardonner, on se juge digne de retrouver la paix intérieure
Et surtout, en osant pardonner, on se juge digne de retrouver la paix intérieure. On comprend que la vengeance n’a jamais pansé aucune blessure, et qu’elle ne peut qu’alimenter la souffrance.

Se critiquer, une bonne façon d’avancer ?

De prime abord, on pourrait être tenté de penser que se pardonner est une solution de facilité, qui n’encourage pas à s’améliorer ni à changer ses mauvaises habitudes. A l’inverse, se critiquer et pointer du doigt ses erreurs devrait être une voie efficace pour éviter de reproduire les schémas négatifs et pour évoluer.

Ce point de vue a toutes les apparences de la logique. L’autocritique et la culpabilité sont le plus souvent encouragées, et ce depuis la petite enfance. « Regarde un peu ce que tu as fait !« , « Tu n’as pas honte ? » « Comment oses-tu faire ça ? »…

Culpabiliser, c’est fermer la porte à la compréhension, à l’écoute de ce qui est, et donc à l’épanouissement personnel.
Sincèrement, je n’aurais pas grand chose à redire si cela était efficace, et si l’autocritique permettait de changer ses comportements, et donc d’aller mieux… Mais c’est loin d’être le cas. Comme vous allez le voir, l’autocritique et la culpabilité nous coupent en réalité de nos élans et de nos affects. Culpabiliser, c’est fermer la porte à la compréhension, à l’écoute de ce qui est, et donc à l’épanouissement personnel.

Le courage de se comprendre

J’en suis convaincue, pour changer les choses, il n’y a qu’une seule solution : chercher à comprendre entièrement, en rejetant les idées reçues et les réponses automatiques.

Les clefs de votre passé

Cela vaut bien évidemment pour nos propres comportements… Mais cette tâche n’est pas simple. Se comprendre soi-même demande beaucoup d’abnégation, de courage, et une authentique sincérité. C’est un travail de longue haleine, qui s’accomplit aussi bien dans la solitude qu’au contact de l’autre.

Mais le jeu en vaut la chandelle. Lorsque l’on décide d’aller vers la connaissance de soi, on comprend que toutes nos décisions, tous nos sentiments, toutes nos pensées, et donc toutes nos erreurs, ne sont jamais aussi simples qu’on l’imaginait.

Vouloir se comprendre, c’est avant tout prendre le temps de s’observer avec curiosité et bienveillance. C’est prendre la mesure de toute la complexité de son être avec un esprit aiguisé, jamais immobile, toujours en mouvement. C’est rejeter toutes les explications faciles et la culpabilité stérile au profit d’une analyse profonde de ses motivations, de ses peurs, de ses relations, et de son passé…

Nous nous sommes montrés violents mais nous ne sommes pas la violence pour autant.
C’est aussi se dissocier de ses actes, ils ne nous définissent pas. Nous nous sommes montrés violents mais nous ne sommes pas la violence pour autant.

Cette quête est infinie. Chaque jour qui passe apporte son nouveau lot d’éclaircissement, mais aussi d’incertitudes. Lorsque l’on ose partir à la découverte de soi-même et de la vie, on met le pied dans l’inconnu, et cela peut faire peur. Mais la vie devient ainsi toujours plus belle, car toujours plus profonde.

De la compréhension au pardon

Une chose formidable se produit lorsque l’on ose aller vers la connaissance de soi. En cherchant à se comprendre avec curiosité et bienveillance, on constate que ce que l’on ne parvient pas à se pardonner, c’est ce que l’on ne comprend pas.

Lorsque l’on prend le temps de s’examiner avec sincérité, on n’a pas d’autre choix que se pardonner. Socrate l’a parfaitement exprimé « Nul n’est méchant volontairement ». Cette sentence est valable pour les autres bien sûr… mais aussi pour nous-même !

Comprendre l’autre, c’est le pardonner. Se comprendre soi-même, c’est se pardonner. C’est également se donner les moyens d’évoluer, de ne plus reproduire les mêmes erreurs, et de mettre un terme à la souffrance. Lorsque l’on se contente de juger ses actes sans les comprendre, on s'empêche de rechercher leurs causes et de modifier son comportement. En se comprenant et en se pardonnant, on fait ce qu’il faut pour éviter la souffrance et pour se créer la vie qui nous correspond réellement.

Pardonner aux autres et se pardonner… Ces deux actions n’ont qu’une seule et même racine : la compréhension de soi-même et du monde, l’amour de soi et des autres. Lorsque l’on cesse de critiquer et que l’on prend le temps de l’introspection et de la recherche de la vérité, on constate que les choses ne sont jamais aussi simples qu’on le croyait. Plus important encore, on comprend que personne ne fait le mal en toute conscience. Ni les autres, ni nous-même. Chaque erreur, chaque « méchanceté » est le triste résultat d’une incompréhension de ce que l’on est, de ce que l’on veut, et de ce que les autres sont. Comprendre, pardonner, progresser… Tout cela se fait dans un cheminement global dont le point de départ est la curiosité et la bienveillance.

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