Le pouvoir des mots que nous utilisons

Il y a deux réflexions à propos des mots que j’aimerais partager avec vous aujourd’hui. Premièrement, le mot n’est jamais la chose qu’elle désigne. Comme vous le verrez, cette simple observation, lorsqu’elle est saisie dans toute sa profondeur, peut bouleverser une vie. Comprendre cela, c’est s’ouvrir au réel, et à tout ce qu’il comporte de mystère et de beauté. La deuxième idée que j’aimerais partager avec vous est la suivante : les mots que nous utilisons ont le pouvoir de changer notre perception des choses, l’image que les autres ont de nous, et, in fine, le monde qui nous entoure…

Les limites des mots

S’il est une chose que ma quête de sens m’a apprise, c’est bien celle-ci : les mots que nous utilisons ne renvoient jamais parfaitement aux choses qu’ils désignent. Cela pourrait vous sembler évident, et pourtant… Lorsque nous nous observons avec attention, nous constatons que nous sommes le plus souvent tournés vers les mots qui traversent notre esprit que sur la réalité qui nous entoure. La plupart des débats (que l’on a avec les autres ou qui se déroulent dans notre esprit) portent sur des concepts, et non sur la réalité des choses !

Nous sommes le plus souvent tournés vers les mots qui traversent notre esprit que sur la réalité qui nous entoure
La plupart du temps, nous sommes coupés du monde par un écran de concepts et de mots qui nous empêchent de percevoir la réalité telle qu’elle est. Cela, le philosophe Ludwig Wittgenstein, en a parlé comme nul autre au début du siècle dernier. Ses ouvrages, en particulier le Tractatus Logico-Philosophicus, sont obscurs et difficiles d’accès. Mais sachez qu’il a révolutionné le monde des idées en prenant la mesure des limites et des biais du langage dans la recherche de la vérité, et en démontrant l’impossibilité logique de vouloir décrire l’être à partir de simples concepts. Avec lui, la philosophie devient une clarification du langage et de la logique, et non plus une discipline théorique visant à élaborer des thèses générales.

En abandonnant les mots et les discours intérieurs, on se met en contact direct avec le réel, avec tout ce qu’il comporte de mystère, de poésie et de beauté
D’autres penseurs, comme Jiddu Krishnamurti, ont à sa suite pointé du doigt les limites du langage. Ils ont encouragé les personnes en quête de sens à se séparer le plus possible des mots afin d’ouvrir la porte au réel. En abandonnant les mots et les discours intérieurs, on se met en contact direct avec le réel, avec tout ce qu’il comporte de mystère, de poésie et de beauté. On ouvre également en grand la porte à l’intuition, trop souvent mise de côté à notre époque hyperrationnelle. Comprendre cela a été l’une des plus belles découvertes de ma vie.

L’infinie richesse des mots

Savoir s’écarter des mots est donc salvateur, et je vous recommande de tenter l’expérience aussi souvent que possible, notamment à l’aide de la pleine conscience. Mais nous sommes humains, et le langage parlé est essentiel à nos vies. J’aime les mots. J’aime leur sonorité, et la poésie que l’on découvre parfois, malgré soi, en les assemblant. J’aime, en les choisissant, chercher à coller au mieux à ce que je souhaite exprimer. J’aime enfin l’infini des possibles qu’offre notre belle langue française.

Écrire ces petits articles est un exercice très plaisant pour moi. Lire certaines descriptions et certaines explications dans tous les trésors de la littérature, qu’ils viennent de Marcel Proust, de Victor Hugo ou de Blaise Pascal, est pour moi une source de joie inépuisable.

Les clefs de votre passé

Alors oui, bien sûr, le mot ne dira jamais parfaitement la chose… Mais qu’il est plaisant de lire sous la plume d’un autre des ressentis que l’on pensait incommunicables ! Quelle joie, dans une conversation, de savoir mettre des mots sur ce que l’on pense, et de se sentir enfin compris et accepté !

Trouver le bon mot, ce n’est pas si simple !

Trouver le mot juste, exprimer clairement ce que l’on ressent et se sentir compris… Dans un monde idéal, cela devrait être le B.A BA… Et pourtant, la plupart d’entre nous, moi-même y compris, utilisent le plus souvent des expressions toutes faites, des exagérations, des mots inappropriés, et nous nous sentons le plus souvent incompris…

Pour bien se faire comprendre, et exprimer avec clarté ce que l’on ressent et ce que l’on désire, il est essentiel de faire un travail sur les mots et sur sa manière de communiquer. Outre le vocabulaire et la grammaire, un travail sur la communication non violente est essentiel pour bâtir des relations saines et solides, respectueuses et entières. Bien communiquer, cela s’apprend, et ce n’est pas aussi simple qu’on le pense souvent… Alors à nos bibliothèques !

Dis-moi comment tu parles, je te dirai qui tu es

J’aimerais terminer cette réflexion avec un dernier sujet qui me tient particulièrement à cœur. Plus les années passent, et plus je constate que les mots que les personnes utilisent ont une importance cruciale sur leur bien-être, sur la perception que j’ai d’elle, et plus généralement sur la vie qu’elles mènent.

Les personnes négatives, celles qui sont persuadées qu’elles n’ont pas de chance et que le monde entier est ligué contre elles, ont une manière bien à elles de communiquer
Regardez autour de vous, et vous le constaterez rapidement. Les personnes négatives, celles qui sont persuadées qu’elles n’ont pas de chance et que le monde entier est ligué contre elles, ont une manière bien à elles de communiquer. Ces mauvaises habitudes ont une influence majeure sur leur façon de percevoir le monde.

Généralités, négativité, critiques, exagérations… « Personne ne m’aime« , « Je n’ai jamais de chance« , « Les gens sont méchants« , « La vie est dure« … Toutes ces petites phrases peuvent paraître insignifiantes. Elles peuvent même donner le sentiment de nous soulager sur le moment… Mais cela est prouvé : elles laissent des empreintes dans notre psyché, et elles influencent en profondeur notre manière de percevoir le monde. En tâchant autant que possible d’éviter les généralités, et en veillant à souligner le positif lorsque l’on discute avec les autres et avec soi-même, on se met dans un état d’esprit beaucoup plus profitable. Les attitudes des autres à notre encontre sont tout de suite beaucoup plus bienveillantes ! Vous le savez si vous avez l’habitude de me lire, je suis intimement persuadée que la chance et la joie sont avant tout un état d’esprit. Pour changer son état d’esprit, surveiller le langage que l’on utilise est essentiel… Vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire !

Les mots ne décriront jamais parfaitement le réel. Les mystères et les beautés de l’existence resteront toujours ultimement indicibles… Mais une chose est certaine : les mots que nous utilisons quotidiennement influencent notre esprit, notre perception du monde et nos relations. En cultivant l’amour des mots, et en prenant conscience de toutes nos exagérations, de tous les termes négatifs que l’on utilise machinalement, et des idées reçues que l’on répète sans y prendre garde, on peut changer durablement son état d’esprit. Les mots que nous utilisons ont beaucoup de pouvoir sur nous et sur le monde. Apprenons à les utiliser en pleine conscience !

3 réponses
  1. Boyer Gizell
    Boyer Gizell dit :

    Bonjour Noémie, merci pour ces bons mots.. le sujet me conforte Ô combien sur la force positive ou négative des mots – sur leur influence en nous et Marshall Rosenberg nous a invité à prendre soins des mots que nous utilisons «  Les mots sont des fenêtres ou bien des murs » . Je vous souhaite Noémie, un joyeux dimanche. Gizell

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