La blessure de rejet

La blessure de rejet est une blessure émotionnelle marquante et profonde. Elle affecte les personnes qui, durant l’enfance, ont grandi avec l’impression de ne pas mériter d’exister, et d’être fondamentalement rejetées par leur entourage.
Cette impression, qu’elle soit fondée ou non, amène l’enfant à construire des barrières paradoxales lors de son développement. Ces barrières, bien loin de le protéger, le conduisent à un isolement mêlé d’un sentiment de plus en plus prégnant de non-appartenance.
Comme toute blessure émotionnelle, la blessure de rejet peut être refermée. Tout en restant soi-même, il est possible de mettre un terme à cette fuite, et de se reconnecter à l’autre en se sentant aimé et reconnu. Il faut avant tout pour cela ne plus confondre besoin de solitude et isolement.

La blessure de rejet : un sentiment persistant

Lorsqu’ils grandissent avec le sentiment de ne pas avoir le droit d’exister et encore moins le droit d’être aimés
La blessure de rejet affecte généralement les enfants en bas âge, lorsqu’ils grandissent avec le sentiment de ne pas avoir le droit d’exister et encore moins le droit d’être aimés, c’est selon moi la blessure la plus douloureuse car celui qui la porte vit avec le sentiment de ne pas mériter de vivre et/ou qu’il ne vaut rien.

Les clefs de votre passé

Souvent, cette blessure apparaît lorsque les parents ont rejeté (consciemment ou non) leur enfant.

C’est évidemment le cas lorsque l’enfant n’a pas été entièrement désiré, ou lorsqu’il est venu au monde un peu « par surprise », naître fille lorsque l’on désirait un garçon… Mais cette blessure peut apparaître pour beaucoup d’autres raisons. L’enfant peut par exemple se sentir rejeté lorsque ses parents n’ont pas pu lui consacrer beaucoup de temps, lorsqu’ils n’ont pas pu lui apporter toute l’affection souhaitée, ou encore plus communément lorsque l’enfant a été rejeté, pour une raison ou une autre, par ses camarades.

Que le rejet soit réel ou simplement ressenti par l’enfant importe peu. Dans tous les cas, il commence à bâtir sa personnalité à partir de cette sensation première. Cela aura bien entendu des conséquences sur son développement et sur ses comportements une fois arrivés à l’âge adulte.

Fuir pour ne plus souffrir

À tout âge, le sentiment de rejet est très difficile à vivre. Mais lorsque l’on est encore qu’un enfant, cette impression peut avoir des conséquences dévastatrices. Le manque de sécurité qui en émane pousse l’enfant à se construire des barrières durables… Autant d’habitudes qui finiront par s’ancrer profondément une fois atteint l’âge adulte.

Dans la grande majorité des cas, les enfants ayant grandi avec le sentiment d’être rejeté adoptent un comportement de fuite pour se protéger.

Durant l’enfance, la fuite est généralement imaginaire. L’enfant blessé se construit son petit monde à lui, onirique, peuplé d’amis et baigné d’une atmosphère protectrice et idéalisée.

L’adulte qu’il devient aura tendance à être un peu « dans la lune », avec une vie intérieure extrêmement riche. Cela n’est évidemment pas un mal en soi ! Il est tout à fait possible d’être épanoui en cultivant une bonne part de solitude et d’imaginaire…

Il lui est très difficile de créer et d’entretenir des amitiés, tant l’isolement fait partie de son quotidien.
Mais malheureusement, un adulte qui a mal refermé sa blessure de rejet finit par souffrir de ses propres techniques d’évitement. Il se sous-estime énormément, et vit avec l’impression constante de ne pas compter et de ne pas avoir sa place dans le monde. Il lui est très difficile de créer et d’entretenir des amitiés, tant l’isolement fait partie de son quotidien. Il éprouve de grandes difficultés à imaginer qu’on puisse l’aimer, et prend en conséquence l’habitude de saboter ses relations et de les fuir.  Au quotidien, il se fait toujours très discret, et cette discrétion finit par lui peser. Il communique peu, et n’ose pas s’affirmer, quitte à perdre progressivement confiance en lui. L’angoisse et la panique sont des compagnons silencieux, assis quotidiennement aux côtés de la personne blessée.

Refermer la blessure

Lorsque la fuite et le sentiment de solitude sont installés, il est souvent difficile de s’en apercevoir et de faire un retour constructif sur ses comportements. Difficile en effet de faire la part des choses entre un besoin de solitude légitime, une intériorité riche… et une fuite en vue de se protéger, et ne menant finalement qu’à un isolement stérile.

Pour sortir de ces mécanismes et soigner cette blessure de rejet, il faut donc avoir le courage de faire un travail honnête sur soi et ses comportements.

La solitude me pèse-t-elle ? D’où me viennent ces sentiments d’isolement et de non-appartenance ? Suis-je frustré de cette solitude ? Ai-je tendance à rejeter l’autre de peur qu’il me rejette, et à me faire plus petit que ce que j’aimerais être au fond ?

Répondre en toute honnêteté à ces questions est difficile. Mais avec une aide extérieure, on peut envisager de sortir de ses comportements négatifs et de refermer sainement la blessure de rejet.

S’ouvrir à l’autre en restant soi-même

Une fois que l’on a pris conscience de sa blessure première, et de tous les comportements négatifs qui lui sont imputables, on peut se reconstruire une personnalité en accord avec ses véritables  besoins affectifs et relationnels.

Il est important ici de garder en tête que s’ouvrir à l’autre ne veut pas dire s’éloigner de soi-même ! Bien au contraire, s’ouvrir et faire davantage confiance à l’autre permet de développer son intériorité, même lorsqu’elle est déjà riche et foisonnante. Partager, écouter, et ne plus fuir ni se protéger à outrance permet également de se découvrir d’une manière plus profonde et juste… tout en retrouvant l’affection et la tendresse qui jusqu’alors nous faisait cruellement défaut.

Se sentir rejeté durant l’enfance peut ouvrir une blessure difficile à refermer. Pour éviter de souffrir de nouveau, l’enfant et l’adulte blessés tendent à fuir. Cette fuite les amène à se terrer dans une solitude, qui, bien que propice à une intériorité riche et profonde, les empêche de se connecter véritablement à l’autre.
En prenant conscience de cette fuite et des désagréments qu’elle cause, on peut s’ouvrir à l’autre sans peur d’être rejeté. Cette ouverture à l’autre, en plus d’apporter l’affection et le soutien dont tout être humain a besoin, permet même de développer davantage son intériorité ! On cultive alors une personnalité entière, qui sait faire la part des choses entre le plaisir légitime d’être seul, et un isolement subi, source de souffrance.

Pour commencer ce travail de guérison, je vous conseille la méditation guidée de l’enfant intérieur .

14 réponses
  1. Aan
    Aan dit :

    Bonjour Noémie,
    Mon parcours est plutôt difficile car c’est à mes 40 ans que le déclic se fait car je n’arrivais pas comprendre pourquoi j’avais autant d’échecs amoureux. Et choc fut violent et le declic m’est venu après tant d’années. Ma situation fut très particulière car ma mère n’a cessé de me répéter qu’elle ne voulait plis d’enfant après l’enfant qui me précédait et le souvenir que j’ai retenu dans mon enfant était les fessées pour un oui et pour un non. J’ai tenté de mettre fin à mes jours à mes 12ans et après cela a commencé mon enfer sur terre. Je trouvais plaisir à m’automutiler et à prendre des anxiolitiques pour oublier ma souffrance. Depression/dépression aujourd’hui je suis divorcée car je me suis séparée d’un manipulateur pervers narcissique. Il y a tout juste 1 an les médecins m’ont diagnostiqués une fibromyalgie ou syndrome de la fatigue chronique(une souffrance). Mon gros soucis aujourd’hui j’élève un enfant et je n’y crois plus en rien car je me suis dite que je ne méritais d’être dans mon monde. Mon fils me murmure tous les jours qu’il veut me voir heureuse. Moi je m’isole rant j’ai peur des gens . Lorsqu’on me regarde jamais on y croirait car je veux me démarquer du lot, j’ai un look sexy et élégant mais je suis les gens tant j’ai peur. Ma maison est mon sanctuaire.

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  2. Gérald S
    Gérald S dit :

    J’ai souvent lu que l’on s’entendait à dire que les effets du rejet sont une des pires blessures qui soit, douloureuse jusqu’à être éprouvé physiquement (maux de tête, de ventre, diarrhée) en pointant vers les dégâts mais plus difficilement en l’orientant vers ses causes. Se dessinent alors deux axes : être rejeté (exclusion) et se sentir rejeté (distanciation). Le premier revoit à l’isolement social alors que le second tend à mettre en lumière une distorsion affective.
    Les deux s’opposent fondamentalement dans le support que peut représenter l’entourage, en miroir.
    J’ai eu à apprendre à exister au delà du suicide de ma mère (ado), un père qui m’a mis à la rue, refusant de me laisser l’accès à la maison où j’ai grandi, m’excluant des repas familiaux en instituant mon absence comme norme.
    J’ai donc connu la rue (autre forme de rejet) la marginalité d’avoir pour compagnons la misère commune à tous ceux qui y vivent. La famine encore.
    Mais je n’ai pas, même si le désespoir m’y poussait, accepter mon sort,
    Persévéré dans une lutte contre l’exclusion passe alors nécessairement par un endurcissement !
    Peser avec une extrême lucidité chacun de ses actes, en excluant tout ce qui, par sa nature accessoire ou divertissante, pourrait constituer un frein à mon intégration (réintégration).
    Cette rigueur indispensable m’a coupé d’une partie de mes ressentis, m’interdisant toute sentimentalité, jugée faiblesse, même à concevoir le doute.
    Et j’y suis parvenu !
    Je travaille et suis entouré, célibataire certe, mais hors de l’impasse comme seul champ.
    Mais mon histoire, quand j’en parle (je sais maintenant que je ne dois plus le faire au boulot et lors de rencontre), mon épreuve du rejet questionne : Les gens, pour la plupart cherchent en vain à compenser symboliquement la violence de mon expérience.
    Certains se tiennent même à distance…
    Car j’ai compris une chose : Nous construisons des montagnes, déccuplons d’imagination et de charme pour ne pas avoir à nous confronter à nous même.
    Plus que la mort, c’est exister pleinement qui est vertigineux.
    Et pour ce faire, il faut avoir su passer par le « rien », le vide, accepté d’être rejeté.

    Le rejet est l’ombre de nos ignorances lâches.

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    • Noémie
      Noémie dit :

      Cher Gérald, merci pour ce partage. En effet, le rejet renvoie à une peur archaïque, c’est ce qui explique cette douleur. L’impression de ne pas exister ou d’avoir une existence insignifiante et inutile.
      Comme vous j’ai eu un passé douloureux. Comme vous j’ai connu la rue et la misère et c’est parce que je m’en suis sortie que je peux aujourd’hui aider et accompagner les autres sur leur chemin du bonheur.
      Comme vous encore, j’ai fabriqué une armure et j’ai eu bien des difficultés à tisser des relations, à faire confiance à construire une couple et plus simplement à arriver à être heureuse.
      J’ai d’ailleurs partagé cette histoire dans un livre Best Seller paru en 2017 chez Eyrolles « Les clefs du passé, se libérer pour changer de vie ». Peut-être vous plaira t il de le lire.
      Et comme vous enfin, je partage le fait que l’on se fuit soi-même et sa propre lumière. On se cache derrière le passé pour ne pas à avoir à se confronter à sa propre liberté d’agir, de grandir, d’être heureux et de réussir sa vie quel que soit les scories de notre histoire. Et cela passe en effet par accepter la vie et ses défis, le passé et ses douleurs et de se monter dans sa vulnérabilité.
      Je vous remercie de m’avoir partagé votre histoire et vos pensées. Ce fut un plaisir de vous lire, vous avez une jolie plume.

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  3. Smahine
    Smahine dit :

    Bonjour, Noémi ,quelqu un qui souffre d une blessure de rejet comme moi.cette blessure correspond bien à un trouble de la personnalité.dans mon cas on m a diagnostiqué avec plusieurs troubles.ded traits Schizoïdes,spycho rigides, connaissez vous le trouble de la personnalité Schizoïdes,est ce une blessure de rejet poussé à l extrême.quand pensez vous

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  4. lucile norga
    lucile norga dit :

    bonjour
    Après autant d’années j’ai, malgré un gros travail sur moi , ce sentiment de culpabilité d’exister, de ne pas etre digne d’etre aimée et oui je continue à me saborder moi meme dès qu’une relation deviens dangereuse pour moi, c’est à dire de prendre le risque d’etre aimée. car contre moi cela a été un jeu pervers et j’ai imprimé que, c’est la personne qui dit m’aimer qui me fait le plus de mal . je crois que ça ne s’arretera jamais et génère beaucoup de souffrances. qui a une expérience ou elle s’en est sortie?..

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    • Isabelle
      Isabelle dit :

      Je n’ai pas réussi à guérir de ce comportement et j’ai fini par m’isoler des autres pour ne plus, malgré moi, créer des situations relationnelles instables, violentes car animées par la peur d’être rejetée… j’ai alterné entre soumission et rejet violent de la personne car je ne me sens toujours pas à ma place . Je me suis réfugiée dans la solitude qui m’apporte du répit et entourée d’animaux qui vous apportent de l’amour sans aucun conflit ! Et je continue mon travail sur moi même, lâcher prise, prendre du recul et m’accepter de plus en plus…Un jour, peut-être !..

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      • Noémie
        Noémie dit :

        Merci de ce partage Isabelle. Ce n’est pas facile de changer, il faut du temps et du courage et vous en avez beaucoup. Bon cheminement, la lumière est toujours au bout du tunnel

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  5. Celine
    Celine dit :

    Bonjour Noemie. Par expérience, je me permet de compléter cette analyse, les mécanismes du cerveau sont bien plus complexes et en plus chacun va gérer différemment. Ainsi, on peut par exemple inconsciemment rechercher la présence de quelqu’un qui comble cette blessure mais pour rester dans ce rôle qu’on connaît bien et qui nous réconforte de « rejeté » puisque c’est comme ça qu’on s’est construit, on va systématiquement s’ouvrir à des personne qui vont nous décevoir, peut être pour justifier sa non-appartenance.
    Aussi, effectivement, on peut se renfermer et fermer toutes les portes, on peut même s’ouvrir à tous et se rendre esclave pour « mériter » d’appartenir… etc.
    Voilà, c’était juste pour dire que les conséquences seront forcément différentes selon chacun et que ça me gênait qu’on fasse si facilement des cases là-dessus car beaucoup de gens en détresse essaie de se comprendre et la démarche est intelligente et saine, ce serait dommage qu’ils se sentent encore plus « exclus » en ne se retrouvant pas dans les « cases ».
    Mon commentaire est laissé avec toute ma bienveillance dont je dispose et c’est vraiment pour permettre d’aller plus loin. Merci Noémie je suis admirative de votre force de vie et de ce que vous en faites, recevez tout mon amour

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    • Binot julie
      Binot julie dit :

      Merci. Je me suis bien plus reconnu dans ton témoignage que dans ce qui est écrit au dessus.

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      • Marie Cécile Tourette
        Marie Cécile Tourette dit :

        Oui c’est exactement cela . Aujourd’hui j’essaie de me guérir de cette blessure qui me ronge de plus en plus et m'emmène parfois a tel désarroi……

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  6. Axelle Dupont
    Axelle Dupont dit :

    Je me rappellerai toujours cette méditation noemie, le jour où tu m’auras fait partir retrouver et ramener cette petite fille si seule et profondement malheureuse, merci encore :)
    Axelle

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