Si tu as un ado accro à son téléphone
L’adolescence est une période qui peut parfois être houleuse, difficile émotionnellement et humainement. Si tu es un ado et que tu m’écoutes, cette vidéo est pour toi. Et sinon chers parents, ça vaut toujours la peine d’entendre ce que j’ai à dire sur vos ados pour mieux les comprendre. Et bien sûr, vous pouvez regarder cette vidéo avec eux, ou leur envoyer.
J’ai déjà fait plein de vidéos sur l’adolescence que vous pouvez aller revoir. C’est une période de transition, de tumulte. Il se passe beaucoup de choses au niveau hormonal et cérébral, et beaucoup de choses dans leur vie: on leur pose si souvent cette question horrible “qu’est-ce que tu veux faire plus tard”. Et souvent ils ne savent pas.
Les sentiments négatifs liés à l’adolescence
Ce que je voudrais dire en préambule vraiment à tous les ados qui m’écoutent et à tous leurs parents, c’est qu’il est tout à fait normal de vivre en ce moment cette période difficile et d’être mal dans vos baskets ou que vous pensez à votre avenir sans arriver à entrevoir quelque chose. Sachez que c’est complètement normal d’être dans le flou, perdu à cette époque de votre vie, ne pas se sentir à la hauteur, d’être anxieux par rapport à son avenir, ne pas trouver de sens à sa vie ni à ce qui va se passer, d’avoir envie de liberté et d’indépendance et se demander comment ça va pouvoir devenir réalité, de ne pas trouver sa voie, de se chercher en permanence, de se sentir nul, etc. Encore une fois tout ça est parfaitement normal. Et même si les autres ne vous le disent pas, dites-vous bien qu’ils vivent pratiquement la même chose que vous. Quasiment tous les adolescents, à cette période de leur vie, sont perturbés, ressentent des turbulences. Certains plus que d’autres, ça dépend de plein de choses. Ca n’a rien à voir avec qui vous êtes. Ca dépend déjà de votre état émotionnel, il y a des personnes plus sensibles que d’autres. Et puis ça dépend aussi de votre contexte familial, amical, social. Il y a beaucoup de paramètres mais c’est tout à fait normal.
Chercher à se sentir mieux et dépendance
Et quand on est dans cet état émotionnel qui est plutôt instable et insécurisant, vous avez besoin de vous raccrocher à quelque chose qui va vous permettre de vous shooter littéralement en créant des pics de dopamine absolument faramineux. Ce quelque chose aujourd’hui ce sont les écrans, les réseaux sociaux, les jeux vidéo et tout ce qu’on peut trouver sur internet. Ne vous culpabilisez pas. C’est fait par des tas de gens qui vont chercher à vous rendre complètement addicts à ce que vous allez regarder. Ils n’ont qu’un seul but : c’est que vous passiez le plus de temps possible sur leur réseau social. Ils ont des algorithmes absolument bien faits pour vous proposer ce qui retient votre attention, pour la retenir encore et encore. Le format des contenus, la façon dont ils sont diffusés, la façon dont on étudie précisément votre comportement va leur permettre de créer chez vous ces pics de dopamine. Or c’est bien normal quand on se sent pas bien, d’aller chercher à se sentir mieux. Sauf que les écrans vont créer de la dépendance. Ca veut dire que, comme une drogue, vous allez avoir besoin, chaque fois que vous allez vous sentir en insécurité, de vous raccrocher à votre téléphone ou un autre écran. Pour communiquer parfois aussi, ou pour se rassurer en se disant “j’ai des amis, je suis en lien, etc.”. Mais le plus grave c’est surtout ce que vous consommez sur internet qui va créer ces pics de dopamine. La dopamine active la partie de la récompense dans votre cerveau et crée un pic de satisfaction. Et vous vous sentez tout de suite bien, mais c’est éphémère. Et vous aurez donc besoin de consommer, encore et encore ces petites vidéos courtes qui durent très peu de temps. Et vous devenez quelqu’un de dépendant. Il existe des interdits pour la drogue, pour l’alcool interdit aux mineurs, etc. Or tout, ou presque, est légal sur internet. Et vous avez ce truc addictif avec vous en permanence, ou quasiment, et vous ne vous en rendez pas compte. Et vous ne comprenez pas pourquoi vos parents vous rabâchent que votre téléphone ou les écrans sont nocifs, alors que pour vous, ils vous procurent tellement de bien-être. Votre discernement est altéré, c’est certain. Ce n’est pas grave mais c’est important de le reconnaître.
Donc cette dépendance qui est créée va faire qu’il va être de plus en plus difficile de s’affranchir de son téléphone. Et surtout ça va pouvoir créer d’autres dépendances à plus ou moins long terme: les drogues, l’alcool, le sexe à outrance, des contenus à caractère pornographique auxquels on devient addict également et qui vont avoir une incidence directe sur les relations intimes qu’on va pouvoir avoir à moyen et à long terme. Et ça peut créer également de la dépendance affective parce qu’on va tomber amoureux d’une personne sur qui on va remettre son bien-être et se remettre dans un cet état de dépendance. D’où l’intérêt de s’autoréguler puisqu’il n’y a rien qui permet de réguler les écrans.
Cette vidéo j’ai voulu la faire pour tous ceux qui se disent qu’effectivement ils sont trop drogués ou addicts et qui voudraient que ça change. Parce que la vérité c’est que vous ne vous sentirez pas mieux à passer des heures et des heures sur vos écrans. J’ai fait des vidéos pour les parents dans lesquelles je vous disais d’installer des contrôles parentaux. Aujourd’hui je n’aurais plus le même discours parce que ça ne sert plus à rien. C’est-à-dire que vos enfants sont capables de craquer n’importe quel contrôle parental. Ils sont plus malins que ceux qui les fabriquent. Il faut dire aussi qu’ils sont plusieurs cerveaux pour réfléchir, pour trouver des combines et que ce cerveau collectif est forcément plus fort qu’un cerveau ou 2 ou 3 dans une entreprise. Et si vos enfants n’arrivent pas à craquer le contrôle parental, ils sauront se faire prêter un autre téléphone et mettre leur carte sim dedans. Beaucoup de parents croient encore aujourd’hui que quand ils ont coupé leur box les enfants n’ont pas accès à internet. Or ils oublient sur la carte sim on a forcément un accès à internet.
La meilleure chose qu’on puisse faire en tant que parent c’est d’essayer de les responsabiliser. C’est difficile. Certains enfants y arrivent, d’autres moins. Il faut mettre une règle claire sur l’heure à laquelle on rend son téléphone. Bien sûr c’est évolutif. Aujourd’hui des études montrent qu’il ne faut pas d’écran du tout jusqu’à 3 ans, pas de smartphone avant 11 ans, et pas de réseaux sociaux avant 15 ans. Et ce n’est pas une loi qui dit ça, le législateur n’est pas encore venu mettre son nez là-dedans. Mais il y a des études très sérieuses qui montrent l’impact négatif des réseaux sociaux et des écrans dans la vie de nos enfants. C’est donc quelque chose à prendre très au sérieux. C’est, je pense, une question de santé publique. Et tout évolue. Quand j’étais petite, mon père fumait dans la voiture avec les vitres fermées et le bébé dans les bras de ma mère devant, sans être attaché ni dans un siège-auto. Aujourd’hui ça nous paraît complètement irréel de voir quelqu’un fumer vitres fermées avec un bébé dedans. Les choses évolunet parce qu’on devient de plus en plus conscients et qu’on a aussi du recul par rapport aux choses. Mais en attendant, je m’adresse à toi ado si tu m’écoutes: c’est à toi aussi de t’auto-réguler. Les écrans offrent une richesse fantastique. Franchement, j’aurais adoré que ça existe aussi quand j’étais jeune. Mais en même temps je ne peux pas m'empêcher de penser que les écrans et les réseaux sociaux perturbent vraiment les relations humaines. Il y a moins de connexion en fait entre les êtres humains, au sein de la famille et même à l’extérieur. On envoie des vocaux au lieu de se parler en direct par exemple. On est à distance, il y a beaucoup moins d’interactions qu’avant. On fait moins de sport, on bouge moins. Ca a vraiment créé quelque chose qui n’est pas très chouette. N’attendons pas d’avoir 25 ans pour avoir plus de recul, plus de maturité. On peut déjà s’autocensurer, mettre des limites. Il est possible sur n’importe quel smartphone de s’autolimiter, d’aller regarder sa vraie consommation, de se poser les bonnes questions, de se responsabiliser soi-même. C’est fondamental parce qu’on agit sur son bien-être intérieur. On ne va déjà pas très bien à cette période de l’adolescence, mais les écrans ne vont pas nous aider à aller mieux. Et c’est bien de s’en rendre compte.
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