Fratrie, votre place en dit long sur vous

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On parle souvent de « trouver sa place », « chercher sa place », « ne pas se sentir à sa place », « ne pas prendre sa place ». La place dans votre fratrie c’est quelque chose d’important et qui a pu forger certains traits de votre caractère. 

L’aîné

C’est celui qui arrive en premier. Il est le centre d’attention de ses parents, il est celui avec lequel ils vont faire toutes les découvertes. C’est vrai qu’on s’extasie de tout, on est à l’affût de la moindre chose qui se passe, et ce déjà pendant toute la grossesse. Quand l’enfant naît, on découvre avec lui ce que c’est que d’être parent : les responsabilités, les soins, l’attention. On va donner énormément d’attention à cet enfant parce que justement on découvre avec lui ce que c’est qu’être parent, et on découvre ce que c’est que d’éduquer un enfant. Résultat, cet enfant-là est bien souvent surstimulé. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en fait : les parents ont plus de temps, de disponibilité, donc lui parlent davantage, lui font faire plus de choses, plus d’activités, ils ont plus d’attention. Ils ont plus de temps car ils n’ont pas à le diviser avec les autres enfants, en tout cas pendant toute la durée où il est seul. C’est aussi l’enfant auquel on donne plus de responsabilités, parce que c’est le grand de la famille et donc il est toujours désigné comme étant le plus responsable puisque le plus âgé. Ainsi, il va parfois garder, surveiller, ou s’occuper des petits frères et sœurs. C’était mon cas puisque je suis l’aînée de 5 et mes parents me confiaient énormément de responsabilités, comme celle de m’occuper des plus jeunes. Résultat, ça rend l’enfant plus sérieux, plus mature, plus responsable. Il a aussi un QI plus élevé. C’est ce que révèle une étude de l’Université de Leipsig qui a montré que les aînés avaient un QI plus élevé que les autres et c’est dû à la façon dont les parents responsabilisent l’enfant, s’occupent de lui, le stimulent, etc. L’aîné va également jouer un rôle d’éducateur avec ses frères et sœurs. C’est lui qui va montrer puisqu’il va savoir tout faire avant les plus jeunes. Résultat ça crée une stimulation. Dans les classes Montessori par exemple, on ne divise pas les enfants par tranche d’âge mais par niveau. Par exemple, on va prendre des enfants de 5 à 7 ans et les mettre ensemble et on va s’apercevoir que les petits vont être stimulés par les grands puisqu’ils vont vouloir apprendre et reproduire ce qu’ils voient. Et les grands vont être poussés à se dépasser et à montrer l’exemple aux plus jeunes.  Or, il n’y a rien de mieux que d’apprendre à quelqu’un d’autre pour apprendre davantage soi-même. C’est vraiment un exercice formidable. Et d’ailleurs en parentalité c’est quelque chose que je dis : si vous voulez que votre enfant apprenne sa poésie ou les tables de multiplication, inversez les rôles. Dites à votre enfant que c’est vous qui apprenez la poésie et il vous corrige. Et vous allez voir qu’il va apprendre la poésie sans avoir jamais à l’apprendre. Idem pour les tables de multiplication. A force de vous poser des questions et d’attendre vos réponses, même s’il a le papier sous le nez, et bien il finit par apprendre.

Autre point : les parents d’un aîné vont projeter leurs rêves sur lui, sans même s’en rendre compte. Il y a plusieurs cas de personnes ayant eu des parents qui auraient aimé avoir ou réaliser ce qu’elles ont réalisé. Ca peut être le cas de danseuse étoile : la maman était effectivement une danseuse qui n’a jamais pu atteindre ce niveau et donc elle va avoir une fille ou un garçon qui lui va réussir là où elle n’est pas elle n’a pas atteint ces choses-là. On a tendance à projeter sur nos enfants, quand ce sont les aînés, nos rêves. Si par exemple on n’a pas fait d’étude, on va vouloir que nos enfants fassent des études, parce que on se dit que nous aurions aimé le faire. Si on n’a pas eu la vie qu’on imaginait, qu’on rêvait, on aimerait que nos enfants réalisent aussi ces choses-là et donc on va les pousser, on va influencer un petit peu leur décision, on va influencer leur choix. A l’époque où il y avait des rois en France, l’aîné avait une place plus favorable puisqu’il héritait de tout : du titre et des biens de ses parents. Pour les autres enfants, il y avait celui qui rejoignait les rangs de l’église, celui qui rejoignait les rangs de l’armée et celui qui récupérait les terres pour les faire fructifier. Donc en fait les places ont toujours eu de l’importance et c’est ancré finalement génétiquement en nous. C’est pour ça qu’incombe une responsabilité supérieure sur l’aîné qui va prendre la succession de ses parents d’une certaine manière. Bien sûr qu’aujourd’hui ce n’est plus comme ça que ça se passe mais néanmoins dans l’inconscient collectif c’est resté. Et c’est pour ça qu’il faut faire très attention avec ce qu’on projette sur nos enfants qui sont nos rêves et pas forcément ce qu’eux ont voulu faire. Il n’est pas rare par exemple chez les notaires que l’aîné devienbe notaire à son tour. Il n’est pas rare également que dans certaines familles où on possède quelque chose, par exemple un restaurant renommé, que les enfants derrière, et surtout l’aîné, se sentent la responsabilité d’assurer la succession de leurs parents. Et même quand à un moment de l’adolescence ou de la construction ils vont dévier de cette trajectoire pour s’éloigner du schéma familial, les enfants finissent par revenir et poursuivent ce chemin.

L’aîné est aussi celui qui, à un moment, va avoir l’impression de perdre sa place parce qu’il n’est plus le centre d’attention et d’amour de ses parents quand un deuxième enfant arrive. C’est comme s’il perdait l’attention de ses parents qui est déportée sur ce nouveau qui arrive. A ce moment-là il va devoir partager. Il est parfois aussi jugé comme étant celui qui est responsable et donc parfois ça peut l’écraser un petit peu, le faire grandir un peu trop vite, et il peut avoir ce sentiment de perdre sa place.

On a aussi constaté par exemple dans les entreprises que lorsqu’il y avait une gestion de projet à faire et qu’on ne désignait pas un leader et bien les personnes qui prenaient le lead étaient souvent des aînés dans leur fratrie. Parce qu’ils continuent simplement ce qu’ils ont toujours fait. L’aîné est celui qui apprend aux plus jeunes ou qui entraîne les plus jeunes avec lui. Il les manipule aussi parfois pour qu’ils fassent ce qu’il a envie de faire : non je ne joue pas avec toi si tu ne fais pas ceci. Il se sert de son pouvoir d’aîné pour obtenir ce qu’il veut et donc il sait aussi encourager entraîner les autres dans ses désirs à lui. 

Le second

Le second est le plus ambitieux. Dans une famille de trois enfants, il est celui qui fait le tampon entre le plus petit et le plus grand. Il est souvent celui qui a la plus grande capacité d’adaptabilité puisque justement comme il est au milieu il va autant jouer avec celui qui est plus grand que le troisième ou les autres. Il va créer une relation intime avec son frère ou sa sœur aînée et puis quand le petit va arriver il va de nouveau créer une relation intime et plus intime que l’aîné avec qui l’écart d’âge va être plus important et qui sera moins enclin à jouer avec le petit dernier. Le second, ou celui du milieu, est aussi celui dont on va dire qu’il cherche sa place, puisqu’il est entre deux. Mais vous allez voir qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise place, finalement c’est la nôtre et il faut faire avec. Il y a des places et à nous d’accepter la place qui est la nôtre, de l’incarner, et de se sentir bien avec ce qui nous est donné finalement. Personne ne nous donnera jamais notre place, c’est à nous de la prendre.

Le second est souvent le plus discret, le plus conciliant et le plus flexible. Il a l’habitude de s’adapter avec le grand qui a des exigences ou une certaine manière de faire, et avec le petit. Il est confronté à deux personnalités et il s’adapte. C’est aussi souvent le plus ambitieux, celui qui va avoir pour objectif de se dépasser. Certainement parce que ayant un aîné qui sait toujours faire les choses avant lui, ce qui est ce qui est normal. L’aîné va savoir écrire avant, il va savoir compter avant, il va passer des classes et faire des découvertes. C’est-à-dire que c’est l’aîné qui va montrer au plus jeune, qui va raconter sa première journée d’école. Donc il y a une découverte qui n’est pas la même pour le second qui sait déjà à quoi s’attendre, qui est déjà allé attendre son grand frère ou sa grande-sœur à l’école, qui a déjà entre-aperçu comment ça pouvait se passer. Résultat il découvre un peu moins et il a l’impression que c’est toujours le grand qui sait. Et là en fait cette ambition va lui permettre de dépasser un petit peu cet aîné pour se réaliser, lui.

Le troisième enfant

Et enfin il y a ce petit dernier qui arrive après deux autres enfants. Les parents n’ont pas le même âge. Ils ont déjà eu deux enfants et ils sont souvent un peu plus cool avec ce petit dernier. On dit souvent de l’aîné que c’est celui qui se bat et qui bataille pour obtenir des choses, les parents apprennent avec lui. Et finalement avec le petit on sait à quoi s’attendre, on a une éducation qui est cool. Et plus il y a d’écart d’âge entre l’aîné et le petit et plus c’est flagrant. Comme c’est le plus petit, celui qu’on n’entend pas, et bien il va faire du bruit ce petit dernier. Il va avoir besoin d’attirer l’attention parce qu’il a l’impression que comme il est tout petit et qu’il ne fait que lever la tête vers ses parents ou vers ses frères et sœurs, il a besoin de s’exprimer et sa façon d’attirer l’attention, il va la choisir soit de façon positive ou négative. Soit il va exceller dans certaines choses, ça peut être scolairement mais également ça peut être une discipline sportive, une discipline artistique, peu importe où il va être le meilleur et donc attirer l’attention, par ce qu’il fait de bien et par l’excellence. Ou alors il va attirer l’attention en faisant des bêtises. C’est souvent celui qui fait le plus de bêtises, qui fait le plus de bruit, celui dont on entend le plus parler. Il faut qu’on le voit, il faut qu’il existe, il faut qu’il se montre. Ses parents ayant été plus indulgents avec lui, c’est un enfant qui a encore plus soif de liberté et qui a besoin d’expérimenter. Parfois il peut se mettre en danger mais il peut aussi avoir plus de liberté à tracer sa route. Comme souvent les parents sont plus cool, ils ont moins d’exigence scolairement également. C’est donc pour ça que souvent ils suivent des choses plutôt créatives parce qu’ils s’écoutent davantage et s’orientent plus par rapport à leurs désirs que par rapport aux attentes des parents.

Conclusion

Maintenant qu’on a fait cet état des lieux, je voudrais quand même remettre l’église au milieu du village en vous disant que tout ça c’est un peu comme l’astrologie: il n’y a rien de gravé dans le marbre et que cela peut varier en fonction de beaucoup de critères. Par exemple, les différences qu’il y a d’âge entre chaque enfant vont influer. Chez moi par exemple entre la première et la deuxième il y a 13 ans et demi et entre les deux dernières il y a 11 mois. Evidemment que la seconde est un peu l’aînée et la seconde, elle, a elle a une place un peu ambiguë. Résultat elle va prendre un petit peu des deux et ne pas tout à fait coller aux caractéristiques d’un second.

Je n’ai parlé également que des familles où il y a trois enfants. Il peut y avoir un 4e, un 5e et donc ça décale d’autant le petit dernier, le benjamin. Et plus il y a d’enfants, plus le benjamin arrive tardivement et plus les parents vont être différents. Souvent les derniers sont presque élevés par leurs frères ou leurs sœurs.

Je ne parle pas non plus des jumeaux. Quand il y a des jumeaux effectivement il y aura toujours un aîné mais c’est tellement subtile que ça ne va pas être les mêmes caractéristiques non plus. Il y a de la nuance dans toutes choses.