Comment poser des limites aux enfants avec bienveillance ?

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Comment poser des limites et le faire avec bienveillance ? Déjà, il faut distinguer trois types de limites qui vont être différentes. 

La première catégorie de limite, ce sont les limites qui ne sont pas négociables, ce sont les valeurs que vous voulez inculquer à vos enfants et celles-ci elles sont fondamentales pour vous, donc pas négociables.

Je vous donne un exemple : chez moi une des limites qui n’est pas négociable, c’est qu’on a le droit d’être en colère, pas content, de manifester, mais on n’a pas le droit de frapper, insulter, etc. Cela, ce n’est pas négociable. On ne mange pas en dehors de la table. On ne mange pas en dehors de la table, c’est à table et on se tient à table tous ensemble. Qu’est-ce que je pourrais vous dire comme choses qui ne sont pas négociables ? On ne regarde pas la télé le soir, on lit. Cela, ce n’est pas négociable. La télé, c’est occasionnel.

Qu’est-ce que je pourrais vous donner comme limite ? On goûte. Je ne force pas à goûter, mais j’ai inculqué cela. C’est-à-dire que si on n’aime pas quelque chose, on le goûte. On n’est pas obligé de le manger, mais on goûte quand-même pour voir, parce que l’éducation du goût, cela se fait à force de répétitions. Donc, j’essaye. C’est plutôt j’essaye et on essaie. On ne juge pas aussi. Cela, ce n’est pas négociable de donner des jugements. Donc, j’essaye de montrer à mes enfants comment on peut faire pour ne plus juger et critiquer les autres et essayer plutôt d’être en empathie et de les comprendre.

Voilà un petit peu des choses qui est chez nous -il doit y avoir plein d’autres choses qui ne me viennent pas là – ne sont pas négociables. Et aussi le respect. Quelque chose de très important et de fondamental pour moi, c’est de respecter l’univers, les pensées (cela va avec le non-jugement) les pensées des autres, la singularité, de ne pas juger et de faire attention aux besoins des autres. Cela, c’est très important aussi. 

Vous avez comme cela toute une liste de choses qui sont importantes. Alors après, vous pouvez chercher des trucs dans le quotidien. Par exemple, pour vous, cela peut être très important que vos enfants mangent à heure fixe. Cela peut être très important que vos enfants ne jouent pas dans le salon, qu’ils jouent dans leur chambre. Cela peut être très important que tout le monde participe aux tâches ménagères. Il y a des tas de règles comme cela qui sont fondamentales sur lesquelles vous n’allez pas déroger. Donc dressez la liste et à chaque fois que vous mettrez quelque chose en place, posez-vous la question : est-ce que vraiment c’est très important pour moi ? 

Je vous donne un exemple. Si votre enfant mange avec les doigts, est-ce que c’est très important pour vous s’il a un an et demi qu’il mange avec des couverts ? La réponse est peut-être oui. Mais peut-être que là vous allez vous dire « non, s’il mange un peu avec les doigts, finalement pourvu qu’il mange, ce n’est pas trop grave, il fait des expériences.  Mais à partir de tel âge, je ne l’autoriserai plus. »

Donc, j’en arrive à la seconde limite, il y a les limites qu’on va fixer en fonction de l’âge de l’enfant et elles vont évoluer. On est d’accord qu’un enfant de 6 ans ne va pas sortir le soir, mais un enfant de 18 ans va avoir le droit de le faire. Donc, les limites ne vont pas être les mêmes. Puis avec un enfant de 18 ans, il aura la permission de minuit ou 10 heures. Après, il y aura la permission de minuit. Après, il aura le droit de dormir chez un copain… 

Vous allez évoluer donc il y a les limites qui vont bouger. 

En dernier, il y a toutes les limites que vous aurez mises comme étant fondamentales et vous allez vous rendre compte que finalement ce n’est pas si important que cela. 

C’est important pour vous de voir qu’il y a des choses sur lesquelles il ne faut pas être trop rigide, surtout quand on a un premier enfant. On voudrait tellement qu’il soit parfait. On voudrait nous être parfaite et avoir l’enfant parfait. Pour cela, on a mis tout un tas de critères et j’en parle savamment parce que j’ai aussi été une maman d’un premier enfant avant d’en avoir deux autres et j’ai bien vu que je n’avais pas la même attitude, ou en tout cas je n’avais pas les mêmes exigences avec l’aînée que j’ai pu avoir avec les autres après. 

On veut que l’enfant soit poli et se tienne bien, qu’il nous renvoie une image très positive de nous-mêmes, finalement. Or, est-ce que c’est si important que cela, est-ce qu’il n’y a pas des choses sur lesquelles on peut lever le pied ? La réponse est : si. Mais à vous de trouver ce qui va être confortable parce qu’il ne faut pas non plus que cela crée trop de stress. 

Ensuite une fois qu’on a posé une limite, et c’est là où cela va se compliquer, il faut être ferme. Une limite qui n’est pas négociable n’est jamais négociable. Donc la chose à faire, c’est qu’il faut expliquer pourquoi à vos enfants. Mais une fois que c’est expliqué une fois, il n’y a plus besoin de le réexpliquer. Moi, je vois trop souvent des parents qui réexpliquent pourquoi on n’a pas le droit de manger avec les doigts par exemple : « Parce que tu comprends etc… et tu dois bien te tenir parce que c’est important pour après, en société… » 

Mais cela ne sert à rien de parlementer parce que si vous faites cela vous ouvrez la porte à la négociation et votre enfant va rentrer dans la brèche et vous allez vous retrouver avec un négociateur en herbe souvent très doué et surtout déterminé. Vous allez vous épuiser et cela va finir par : « c’est comme cela et ce n’est pas autrement », donc ce ne sera pas bienveillant. 

Donc une fois que la limite est posée, elle est posée. Par exemple, il y a un truc chez moi : si les enfants ne mangent pas ce que je leur ai servi, je ne fais pas exprès de leur donner des trucs qu’ils n’aiment pas, mais s’ils ne veulent pas finir leur assiette, ils ne sont pas obligés, mais il n’y a pas autre chose à la place. On peut ne pas finir ou prendre son repas, mais on n’a rien à la place. Je ne retire pas le dessert qui était prévu. Si on devait manger une banane à la fin du repas ou un yaourt, je ne vais pas dire : « non puisque tu n’as pas fini tes haricots, tu n’auras pas ta banane. » Elle aura quand même sa banane ou son yaourt, ou les deux, ce qui était prévu. L’enfant aura ce qui était prévu dans le repas, mais n’aura pas plus que ce qui était prévu. 

Or, on voit trop souvent des parents qui ont des enfants qui refusent de manger. Les parents résistent, luttent, disent : Non ! Non ! Non ! Donc, ils appliquent leurs limites. Puis finalement comme l’enfant est souvent beaucoup plus résistant que nous, ce qui va se passer, c’est qu’à la fin on va « perdre » d’une certaine manière, l’enfant ne cédera pas. Qu’est-ce qu’on va faire ? on va lui donner trois desserts parce qu’on a peur qu’il aille se coucher le ventre vide. 

Que va dire l’enfant ? « Maman, il suffit que je sois persévérant et elle cède ». Donc après, ce n’est qu’une histoire de temps. C’est comme cela qu’il y a des enfants qui ne lâchent rien parce qu’ils disent : « non, mais cela va arriver. » Alors bien sûr que tout cela n’est pas conscient, votre enfant ne fait pas exprès, il n’a pas calculé, mais c’est une expérience. Quand je fais cela, il se passe cela. C’est une expérience scientifique, donc il attend. 

C’est pour cela que c’est important d’être cohérent. Quand vos enfants dépassent les limites, en tout cas c’est l’expérience que j’ai, quand je vois des parents qui m’expliquent que les enfants dépassent les limites, c’est parce que les parents eux-mêmes passent leur temps à déplacer la limite. Elle est là, puis on la remet là, puis on la remet là. « Les tablettes, c’est interdit. Oui, mais aujourd’hui on peut la donner cinq minutes ». « On n’a pas le droit de manger dans le salon. Ouais, mais enfin si c’est une pomme, cela va aller. »

C’est sans arrêt comme cela. Donc non. Si c’est non, c’est non et on ne revient pas dessus. Surtout il faut être cohérent aussi par rapport à soi-même. Ce n’est pas parce qu’on est des adultes qu’il y a des choses qu’on ne doit pas faire comme les enfants. Si on ne doit manger qu’à table, ce n’est pas parce qu’on est un adulte qu’on a droit de manger dans le salon. 

Alors bien sûr, il y a des choses qu’un adulte peut faire et qu’un enfant ne peut pas faire. Vous n’allez pas donner un verre de vin ou une cigarette à votre enfant sous prétexte que vous le mettez au même niveau que vous, c’est sûr, parce que là cela vient toucher sa sécurité et sa santé. 

C’est un exemple extrême, mais si vous avez deux enfants, s’il y en a un qui est un peu plus grand, il a droit de faire d’autres choses que le petit n’a pas droit de faire. Mais c’est toujours  par rapport à sa maturité ou sa sécurité. Donc oui dans ces cas-là vous pouvez transgresser d’une certaine manière la règle. Ce n’est pas transgresser, c’est juste qu’elle va être évolutive. Mais, il faut l’expliquer à votre enfant. 

Mais ne bougez pas les règles qui doivent être fixées parce que sinon votre enfant s’y perd et il n’a plus de repères. C’est comme cela qu’on voit des « enfants rois ». Ce sont des enfants qui ont appris à négocier, ce sont des enfants qui se disent : « non, mais la dernière fois elle a cédé, elle va céder. » Encore une fois pas consciemment, mais l’enfant s’attend à ce que vous cédiez parce que vous cédez, parce qu’il vous a vu céder deux fois, trois fois, cent fois mille fois et qu’il se dit que cela va marcher. 

D’ailleurs dans les couples, on voit souvent qu’il y a un parent qui est très ferme et qui ne déroge pas à ses limites. D’ailleurs, il obtient de meilleurs résultats parce qu’il n’a même pas besoin de répéter quatre fois. C’est comme cela et l’enfant le sait et il obéit au doigt et à l’œil. Puis avec l’autre parent, c’est tout le contraire. Pourquoi ? Parce que l’enfant sait que là, la limite n’est pas claire. Donc puisqu’elle n’est pas claire, il n’aura de cesse que de la repousser. C’est comme cela qu’on se retrouve avec des enfants rois ; pas parce qu’on applique l’éducation positive, comme il y en a beaucoup qui le croient. Parce que l’éducation positive, ce n’est pas l’absence de limites et de règles. Au contraire, ce sont des limites posées avec cohérence, bienveillance, empathie, mais qui sont fermes.

Les parents qui appliquent l’éducation positive ont des règles très établies. Ce ne sont pas des punitions, ce ne sont pas des contraintes. C’est simplement des règles de vie et c’est important dans un monde où on vit à plusieurs que les besoins de chacun puissent être respectés. 

 

1 réponse
  1. Sarah
    Sarah dit :

    Bonjour suite à cette vidéo et à tous ceux que je lis sur l’éducation positive je me pose quand même des questions: comment faire respecter une règle si on ne doit pas l’explique de nouveau à chaque fois et qu’il n’y a pas de conséquences naturelles. Par exemple pour frapper ou mordre comment générer la situation moi pour le moment je répète la règle en expliquant que ça fait mal et les sépare des fois avant des fois après mais je ne sais pas si c’est vraiment utile ou la chose a faire je ne sais pas vraiment comment faire respecter la règle. Ensuite avoir un ton ferme mais bienveillant je n’arrive pas non plus à trouver un juste milieu. Désolée pour mon orthographe je suis étrangère. Je vous remercie.

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