La blessure d’injustice

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Dans le cadre de notre série des blessures émotionnelles, nous allons aborder aujourd’hui, la blessure d’injustice.

Précédemment, nous avons vu, la blessure d’abandon, de rejet et la trahison, c’est donc la quatrième blessure que nous abordons dans ce cadre des blessures émotionnelles.

Toutefois, si vous n’avez pas pris connaissance de la toute première qui traite des blessures émotionnelles dans leur ensemble, dans laquelle je vous donne les caractéristiques de ces blessures, comment elles naissent, à quoi elles servent, eh bien, je vous recommande d’aller la voir afin de de prendre connaissance des caractéristiques de chacune, avant d’aborder les 4 autres.

Concernant la blessure d’injustice, elle correspond à celle d’un enfant qui a vécu des situations qu’il ressentait comme injustes.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a mille manières de vivre un même événement. Chaque événement peut produire une blessure différente ! Par exemple, les parents se séparent, un enfant peut le vivre comme un abandon : « papa s’en va, il quitte maman, il me quitte, donc, il m’abandonne ». 

Pour un autre enfant, cela peut être différent ; « papa me trahit puisqu’il m’avait promis que nous serions ensemble toute la vie, moi qui pensais qu’il m’aimait tellement ». 

Un autre encore, peut le vivre comme une injustice quand il voit que les parents de son meilleur ami restent ensemble et ne sont pas divorcés : « mes copains à l’école ont tous leurs parents qui vivent ensemble, mais moi, c’est injuste que je vive cette situation.

L’enfant peut également se sentir rejeté lorsque son parent quitte la maison. Le fait qu’il s’en aille, il se sent rejeté.

Quant à l’humiliation, c’est autre chose, nous la verrons en dernier parce qu’elle est particulière ; pour ce qui est des autres blessures dont nous venons de parler, elles peuvent être vécues à des degrés différents pour le même événement, mais en ce qui concerne l’humiliation, elle n’est pas ressentie par tout le monde.

Pour ce qui concerne la blessure d’injustice, nous allons voir comment elle s’exprime chez les personnes qui en sont habitées. Quoi qu’il en soit, elle apparaît chez un enfant qui se sent en insécurité, qui ne se sent pas suffisamment protégé par ses parents. 

On peut facilement concevoir qu’un enfant qui ne ressent pas la protection de ses parents va être envahi par des émotions difficiles à vivre, douloureuses, un sentiment d’insécurité permanente, et cela va créer une blessure d’injustice. On retrouve souvent dans cette blessure d’injustice, des enfants qui ont vécu des désillusions, de la déception de la part de leurs parents. Lesquels parents ne tenaient pas leurs promesses, qui un jour disaient blanc et l’autre noir, l’enfant ne savait jamais à quoi se fier, sur quel pied danser, des parents instables au niveau de leurs idées dans le style : « si tu reviens de l’école avec un 10, tu auras 3 € », l’enfant revient avec son 10 et son parent lui dit : « oui, j’avais dit 3 €, mais si tu avais en plus telle chose, là, c’était un peu facile, je te donnerai les 3 € quand tu auras 14 aussi en Français » ! Pour un enfant, ce n’est pas juste ! Comment peuvent-ils dire ça un jour et dire autre chose le lendemain ? Ce sont des enfants qui sentent l’instabilité de leurs parents, entre ce qu’ils lui disent et ce qu’ils font, cela les insécurise profondément, et fait naître ce sentiment d’injustice : « pourquoi à moi ? Ce n’est pas juste » !

On retrouve bien souvent dans cette catégorie des enfants qui ont eu des parents très intrusifs. Des parents qui essayaient de rallier leur confiance avec des gentillesses, afin d’avoir des informations et mieux s’en servir contre les enfants. Par exemple, un enfant qui rentre de l’école, et dit à sa maman : « Léa n’est plus ma copine » ! « Pourquoi Léa n’est-elle plus ta copine » ? « Parce que j’ai fait une bêtise ». « Tu as fait une bêtise, c’est-à-dire » ? « Pendant la récréation, elle avait des bonbons, mais elle ne voulait pas m’en donner, je lui en ai volé, elle l’a dit à tout le monde, j’ai eu honte » !

Le parent se montre compatissant, le rassure, mais, le soir même, à table, l’enfant fait quelque chose qui ne plaît pas au parent et celui-ci de dire : « ah bah oui, ce n’est pas étonnant, c’est comme avec Léa, tu lui as volé ses bonbons, on ne peut pas te faire confiance » ! Vous pouvez imaginer la suite, le sentiment d’injustice enfle chez l’enfant parce qu’il a confié ça à son parent dans l’intimité et pour lui ouvrir son cœur, et son parent s’en sert contre lui ! L’enfant vit un sentiment d’injustice profonde. 

Cela pourrait se vivre aussi comme une trahison d’ailleurs, la frontière est mince entre ces deux émotions, ce qui fait la différence, c’est la perception de l’enfant au moment du vécu. On retrouve souvent ce sentiment d’injustice et de trahison chez des enfants qui ont des parents manipulateurs, où rien n’est clair, où il n’y a aucune congruence entre ce qui est dit et ce qui est fait, l’enfant est en permanence déstabilisé, il ne sait jamais exactement à quoi il s’attend et à quoi s’en tenir.

Bien évidemment, à l’âge adulte, ces personnes portent un masque : pour ce qui est de la trahison, cela va se manifester par le perfectionnisme, le contrôle. 

Ces personnes vont avoir besoin de contrôler le monde qui les entoure afin de ne pas être dépassées par les événements, puisque l’enfant qu’elles étaient n’avait aucune prise sur les réactions de ses parents, de son entourage. Ces personnes ont donc besoin, une fois adultes, de contrôler leur environnement afin de ne pas être déstabilisées. Alors, bien sûr, ce ne sont pas des personnes faciles à vivre parfois, parce qu’elles veulent maîtriser les situations et exercent un contrôle sur leurs enfants, leur partenaire, leur vie à elles, elles maîtrisent leur poids même et vont réussir à asseoir une puissance, elles vont être très directives, très affirmées dans les choses qui doivent êtres faites, afin de ne pas se laisser surprendre, puisque dans l’enfance, elles ne géraient pas, adultes, il leur faut gérer pour être en sécurité ! 

Ce sont, par ailleurs, des personnes très loyales, parce que le sentiment d’injustice chez elles est tellement fort, qu’elles ne peuvent pas l’imposer aux autres. Ce sont des personnes sur qui l’on peut compter, à qui l’on peut se confier, elles garderont nos secrets, elles sont très sensibles à la confiance qu’on leur fait et elles s’en montrent très dignes.

Ce sont des personnes qui craignent toujours de blesser les autres, ou d’être injustes, elles vont donc faire très attention ; pour autant, elles vont faire vivre tout de même de l’injustice à leur façon et sans en être conscientes, parce que c’est le propre de toutes les blessures. Elles ne laissent rien au hasard, il leur faut tout planifier, elles sont presque militaires dans leurs agissements 

Ce sont des personnes qui se sentent incomprises, qui s’obligent à être fortes, puisque c’est ce qu’elles devaient être quand elles étaient petites, pour survivre à ce contexte qui, émotionnellement, était douloureux. 

Ce sont des personnes pragmatiques et qui ne croient qu’à ce qu’elles voient, elles ont besoin de concret et de choses tangibles, pour adhérer aux idées des autres.

Leur défi premier, c’est de lâcher prise, puisque le contrôle, c’est justement de ne pas lâcher ! Leur peur, c’est de perdre justement le contrôle sur les événements et d’être dans une insécurité et l’instabilité ; elles ont le sentiment que si elles ne contrôlent plus rien, leur monde va s’écrouler, et les ennuis vont affluer ! Ce qui n’est pas vrai bien sûr, il leur arrive déjà des ennuis comme à tout un chacun, ce n’est pas parce qu’elles contrôlent qu’elles arrivent à y échapper ! C’est le sentiment qu’elles en ont, c’est leur fonctionnement, et leurs croyances.

Chez elles, l’expression principale est la colère, à l’instar de la blessure de trahison, ce sont des personnes colériques, dès que leur besoin de contrôle va être remis en question, elles vont se sentir en danger et la colère sera leur réponse, elles vont partir au quart de tour, elles sont impulsives, on dira d’elles qu’elles sont « sanguines » !

Le besoin essentiel c’est de se sentir en sécurité, en confiance, et leur défi majeur, comme je vous le disais, c’est de lâcher prise et de comprendre qu’elles ne sont « plus » obligées de tout contrôler, qu’elles ne sont pas obligées de tenir les rênes, même si c’est ce qu’elles croient, elles pensent que tout va partir à vau-l’eau si elles ne maîtrisent pas tout, si elles ne gèrent pas tout. Ce qu’il leur faut comprendre, c’est que même si tout ne sera pas parfait, que ce n’est pas parce que les autres ne font pas tout comme elles, que les autres ne font pas bien, il va leur falloir apprendre à déléguer, à faire confiance, lâcher du lest et sans imposer de contrôle, ce qui peut être le cas : « oui, je te laisse aller chez ton amie, mais j’appelle la maman, je vais te déposer, je reviens te chercher à telle heure, tu me raconteras tout ce que tu as fait, tu m’appelles si ça ne se passe pas bien »…..Alors bien sûr, il ne s’agit pas de tout laisser faire et de tout lâcher, mais, mettre plus de légèreté dans la vie, parce que, lorsqu’on est habité par une blessure d’injustice, c’est « épuisant » ! 

Quoi que l’on veuille contrôler, on ne réussira jamais à tout contrôler, voire, jamais rien d’ailleurs !