Le perfectionnisme, y renoncer au risque de s’épuiser
« Perfectionnisme »… Un terme qui recouvre plusieurs réalités que nous sommes de plus en plus nombreux à vivre. À la maison, au travail, dans les loisirs et même en vacances… tout nous pousse aujourd’hui à rechercher constamment le meilleur en rejetant la moindre imperfection et la moindre contrariété. Comment en sommes-nous arrivés-là ? Est-il possible de remédier à ce perfectionnisme ambiant ? Peut-on dire adieu au perfectionnisme sans pour autant se laisser aller ? Petites réflexions sur le perfectionnisme.
Tous perfectionnistes ?
Cela va peut-être vous surprendre, mais je suis persuadée que plus le temps passe, plus nous devenons tous un peu perfectionnistes. Il suffit de regarder les unes des magazines, d’allumer son téléviseur ou de consulter des blogs de développement personnel pour s’en convaincre : le perfectionnisme est une maladie qui contamine chaque jour un peu plus d’esprits occidentaux.
Il y a à cela plusieurs raisons, que l’on aurait tort de sous-estimer. Garder en tête les causes de ce perfectionnisme ambiant permet de prendre du recul sur ce que nous sommes tous en train de vivre. Il devient alors possible de lutter plus sereinement contre ce problème. On cesse également de s’en vouloir de tomber parfois dans le piège du perfectionnisme.
Notre vie n’est pas une publicité
La publicité nous présente quotidiennement des tableaux idylliques afin de nous donner envie d’acheter des produits de consommation courante. Aucun mystère à cela : il est beaucoup plus facile de donner envie d’acheter quelque chose en présentant une image fantasmée de la réalité, qu’en peignant le quotidien de façon plus banale. Cela, nous le savons parfaitement… Mais nous l’oublions le plus souvent ! Ce que la publicité nous présente comme une norme est toujours un fantasme.
Rouler dans un SUV flambant neuf n’a jamais rendu personne aventurier, acheter un aspirateur sans fil n’a jamais fait danser de bonheur, et un yaourt allégé n’a jamais fait flotter sur un nuage de plaisir ! Ce que je vous dis peut sembler d’une banalité extrême, mais la prochaine fois que vous tomberez sur une publicité, observez-vous avec sincérité et bienveillance. Devant toutes ces scènes idylliques, n’avez vous pas l’impression que votre quotidien est un peu terne, un peu plat, un peu imparfait… et que cela n’est pas normal ?
Dans le même ordre d’idée, nous avons tendance à prendre ce que l’on nous présente dans les émissions télévisées, les séries, les films et même les vidéos YouTube, les stories Instagram ou les fils de certaines personnes sur Facebook… pour des modèles à atteindre. Ce ne sont pourtant que des idéaux consensuels, mis en image afin de nous divertir et de nous plaire.
Sur les écrans, la douceur et la simplicité du quotidien sont automatiquement rejetées. L’exception devient la norme. Le moindre événement devient magique, et la banalité n’est jamais acceptée. Ce n’est pourtant qu’en accueillant cette simplicité et cette douceur que l’on peut mener une vie épanouie !
Une compétition permanente
Autre point important : nous vivons dans une société ultra libérale. Cela présente des avantages certains, mais également des inconvénients. Les avantages, nous les connaissons bien. Nous jouissons d’une liberté jusqu’ici inégalée, et nous avons la chance de connaître une paix dont nos ancêtres n’auraient même pas osé rêver !
La société de consommation nous pousse à désirer toujours plus d’objets et d’expériences nouvelles. Plus graves encore, nous sommes désormais sommés quotidiennement par les médias et la société d’être constamment heureux et de réussir intégralement nos vies. Une pression immense repose sur nos épaules… même lorsque nous sommes en vacances ! Le moindre voyage se doit d’être une réussite, et nous devons fournir des preuves de cette réussite via les réseaux sociaux et l’image que nous véhiculons !
La dictature de la réussite
Vous savez bien ce que j’en pense… Vouloir être heureux est légitime. Cela est un but noble, qui demande une bonne dose de courage. Mais en suivant à la lettre toutes ces injonctions, chacun de nos soucis, chacune de nos « imperfections » deviennent des cibles à éliminer. Nous nous sentons responsables de tout, tout le temps.
La sociologue Éva Illouz explique très bien certains mécanismes pernicieux du bonheur à tout prix dans son ouvrage Happycratie. Je vous invite à étudier le sujet afin de mesurer la pression que nous subissons tous, et l’urgence qu’il y a à s’en émanciper. Dans mon livre, Les clefs du passé – Se libérer pour changer de vie, je consacre un chapitre entier à cette quête permanente du bonheur dans laquelle nous nous engluons parce que nous privilégions l’avoir au détriment de l’être.
Une vie parfaite pour soi
Pour sortir de ce perfectionnisme ambiant, il n’y a selon moi qu’une seule solution : renoncer à la perfection et remettre de la douceur et du lâcher-prise pour éviter le burn-out. En regardant les modèles proposés par la société d’un œil averti, on cesse de comparer sa vie avec des idéaux inatteignables. Surtout, on prend conscience que les modèles proposés par les médias ne nous correspondent généralement pas !
Prenez le temps de vous interroger à cœur ouvert, afin de savoir ce que vous désirez réellement, au fond de vous. En cessant de vous comparer aux autres, et en menant une vie en accord avec vos véritables besoins, vous pourrez enfin dire adieu à la compétition ambiante. Cesser de se comparer aux autres, et donc de se dévaluer, permet de mettre son énergie au service de la seule chose qui compte : son bien-être et celui de ses proches.
Dire adieu au perfectionnisme
…Cela n’est pas simple ! Mais voici quelques pistes pour vous aider à y voir plus clair :
Accepter ce que l’on est en disant adieu au perfectionnisme, c’est avant tout vivre pleinement ses émotions, même lorsqu’elles peuvent sembler négatives. C’est également cesser de critiquer, et accepter les petites déceptions de la vie pour ouvrir la porte aux véritables plaisirs. C’est apprendre de ses erreurs sans se juger, savoir rebondir en étant plus fort, mais aussi plus humble… C’est accepter, et même embrasser cette solitude intérieure que l’on nous présente généralement comme une souffrance. C’est aimer, enfin, la vie et tout ce qu’elle comporte de surprises et de simplicité… et que les esprits modernes prennent trop souvent pour des imperfections !
Et apprendre à s’aimer ! :-)