Comment se détacher du regard des autres ?

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Peut-être êtes-vous très sensible au regard des autres, nous le sommes tous plus ou moins, en tout cas à un moment de sa vie.

Ce qu’il faut savoir, c’est que cela fait appel à une peur archaïque chez l’être humain, qui date du temps des cavernes où, si nous étions rejetés par la tribu, cela signifiait notre arrêt de mort, car, il était impossible de survivre en dehors de la tribu. 

Les hommes préhistoriques vivaient en communauté, les talents de chacun renforçaient la sécurité du groupe ; les uns étaient meilleurs chasseurs que d’autres, d’autres meilleurs dans un autre domaine, et cet effet de groupe protégeait la tribu en cas d’attaque d’un animal sauvage, par exemple, parce qu’il est plus facile de le tenir en joug à plusieurs que tout seul à sa merci.

Cela a eu pour conséquence que dans notre cerveau, mais je devrais dire « nos cerveaux », il y a une partie que l’on appelle le cerveau reptilien ; celui-ci est notre cerveau archaïque, c’est la raison pour laquelle il se nomme « reptilien », car, il date de l’époque des hommes des cavernes, du début de l’humanité. 

Est engrammé dans ce cerveau la peur du danger, la peur de mourir, qui s’active chaque fois que l’on se sent rejeté.

Ceci s’adresse donc aux personnes les plus sensibles au regard des autres, au point de dissimuler qui elles sont réellement, à toujours aller dans le sens des autres, ne pas oser leur dire non et essayer d’être conforme à l’image et au comportement que les autres attendent d’elles.

Si ça vous parle, vous venez de voir que c’est par peur du rejet, cette peur d’être abandonné et mis à l’écart par les autres.

Toutefois, si l’on est objectif et que l’on fait un pas de côté, quel est le risque que les autres nous rejettent ? La peur d’être jugé ? Que les autres ne nous trouvent pas à la hauteur, ou à leur goût ? 

Lorsqu’on est dans cette attitude, que renvoie-t-on comme image aux autres ? La question est de savoir si, finalement, les personnes qui nous apprécient nous apprécient pour ce que l’on est ou pour ce que l’on montre, pour ce que l’on donne à voir. Sommes-nous vraiment aimés pour qui nous sommes ? 

À porter un masque social en permanence, essayer d’être quelqu’un d’autre, finit par nous épuiser, parce qu’on est sans cesse sur la défensive, à essayer de savoir comment faire pour ne pas être rejeté, pour plaire et savoir si ce que l’on fait est bien, ou pas.

De toute façon, on est toujours dans l’ignorance de savoir si cela plaît ou pas. De plus, vous ne ferez jamais l’unanimité, c’est impossible ! Personne ne peut plaire à tout le monde, même à un groupe, ce n’est pas possible pour la bonne raison que chaque individu a ses singularités et ses préférences, et comme le dit le bon sens populaire : « tous les goûts sont dans la nature », ou « les goûts et les couleurs, cela ne se discute pas ».

Il est impossible de plaire à tout le monde, alors, si l’on commençait à chercher à se plaire à soi-même ? Que se passerait-il ? Peut-être serions-nous rejetés par certains, mais peut-être trouverions-nous, aussi, des gens qui aimeraient cette part de nous plus authentique, ce qui impliquerait, peut-être, de meilleures relations finalement ? 

Des relations basées sur la sincérité, l’authenticité, ne sont-elles pas préférables à des relations basées sur le paraître, au détriment de l’être ? C’est la question à se poser.

J’ai, à ce propos, une anecdote, une situation qui m’est arrivée quand j’étais encore au collège ; on étudiait « L’écume des jours » de Boris Vian, roman absolument merveilleux que j’avais adoré, j’adorais lire, cela ne m’a pas quitté d’ailleurs, et ce roman-là m’avait plu, et, si vous avez lu ce livre, vous savez qu’il y a dans ce roman, deux pédérastes ; moi, je ne savais pas ce que c’était, et, en pleine classe de 25 élèves, je lève la main, la prof me fait signe de m’exprimer, et je demande : « madame, c’est quoi des pédérastes » ? La classe entière se met à rire et moi, rouge de confusion, je ne sais plus où me mettre, je me sens tellement mal ! J’ai envie de me cacher, toute la classe rigole, tous les regards sont tournés vers moi. Résultat, durant des années, je n’ai plus jamais osé poser des questions en classe, c’était horrible, j’avais des questions et je n’osais pas les poser de peur de redire une bêtise. Bien sûr, à la récréation, je suis allée voir quelqu’un parce qu’évidemment, je n’avais toujours pas de réponse à ma question. Comme tout le monde rigolait et chahutait, la prof a dû remettre de l’ordre, en fait les élèves se moquaient entre eux, ils ne se moquaient pas de moi en particulier, mais, le terme les a bien fait rigoler, après, chacun y allait de sa blague, moi, persuadée que tout le monde se demandait qui était cette godiche qui ne savait pas de quoi on parlait, et la prof ne m’a pas donné d’explication. Je suis tout de même allée voir une copine à la récré qui m’a dit : « tu ne savais pas ce que c’était » ? Je lui ai dit que non et là, j’ai enfin eu ma réponse, je suis de nouveau devenue rouge jusqu’aux oreilles, et, 3 ans après, et je ne sais pas si vous imaginez, j’étais alors au Lycée, on parlait des hontes de sa vie, je raconte cette anecdote, et il y a une copine qui dit alors : « oui, je me souviens très bien et heureusement que tu as posé la question parce que je n’osais pas et moi non plus, je ne savais pas » ! Je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule à ne pas savoir, que ce n’était pas si grave, elle, elle ne l’avait pas vécu de la même manière, quand je lui ai dit ce que j’avais ressenti, elle m’a dit qu’en fait, personne ne s’était moqué de moi. Les gens avaient ri parce qu’on parlait de pédérastes et non pas parce que je ne savais pas ce que c’était ! Moi, je l’avais pris pour moi. 

Méfiez-vous de vos interprétations. Vous avez, parfois, l’impression que les gens vous jugent sur certaines choses ou telles pensées, mais, vous n’êtes pas dans leur tête et vous ne savez pas ce qu’ils pensent, et, bien souvent on s’empêche d’être qui l’on est, juste par notre interprétation, alors, est-ce que cela en vaut vraiment la peine ? C’est la question à se poser !