Faut-il négocier avec ses enfants ?
Faut-il négocier avec les enfants ? Vous avez pu remarquer que vos enfants étaient souvent de très grands négociateurs et qu’à partir d’un certain âge, ils remettaient en cause beaucoup de choses, beaucoup des limites et des règles que vous avez établies.
Alors souvent quand notre enfant veut négocier, l’attitude qu’on a c’est que c’est nous qui décidons, c’est non, ce n’est pas autrement et on vit ces négociations comme des agressions, comme de la fatigue également. On en a assez. On aimerait que cela cesse. On aimerait que les enfants ne négocient plus, acceptent nos règles telles qu’elles sont et ne les remettent jamais en question.
Mais réfléchissez un instant. Finalement, est-ce qu’on ne devrait pas se réjouir d’avoir des enfants qui n’acceptent pas comme « parole d’évangile » toutes nos règles, toutes nos limites, toutes nos directives ? Finalement, est-ce que demain si notre enfant est dans une entreprise et qu’on lui demande de faire des choses pas très sympa, comme à un DRH de virer des salariés alors que les salariés n’ont rien fait de grave ; ou alors si on leur demande de travailler jusqu’à une heure du matin pour rendre un dossier, est-ce que vous trouvez que ce ne serait pas normal que votre enfant justement ait appris à négocier ? à négocier son salaire plus tard, à négocier certains avantages, à ne pas accepter les choses comme elles sont, simplement parce qu’une autorité l’aura décidé ?
Moi je pense que les enfants ont le droit de négocier avec nous.
Maintenant attention, il faut bien distinguer deux choses : il y a des choses que vous devez établir comme étant non négociables et votre enfant va le savoir parce que cela ne nourrira pas la discussion. Ce n’est pas négociable. C’est comme cela et ce n’est pas autrement.
Après, il y a les choses qui vont évoluer en fonction de l’âge de l’enfant. On est d’accord qu’un enfant de 12 ans ne va pas sortir au-delà de minuit par exemple, alors qu’à 18 ans l’enfant peut rentrer plus tard. Donc, il y a des choses qui vont évoluer en fonction de l’âge. C’est vrai que votre enfant grandit, on ne les voit pas toujours grandir, parfois nos enfants nous apparaissent toujours comme étant petits et il se peut que votre enfant vous explique que maintenant il aimerait avoir plus de droits. Donc à vous de devenir souple par rapport à cela et d’écouter ses arguments pour voir si c’est possible et envisageable.
Ce n’est pas céder ou perdre la face que de revoir ces règles. Au contraire, cela montre à l’enfant la souplesse, cela montre qu’on n’est pas rigide. Faites le tri entre ce qui n’est vraiment pas négociable du tout, comme dire des gros mots, frapper, des choses qui sont très importantes, prendre tous ses repas ensemble. Cela peut être des choses plus simples, mais des choses qui ne sont pas négociables ; les choses qui vont être évolutives en fonction de l’enfant et puis des règles que vous avez fixées et finalement en écoutant ce que vous dit votre enfant, que vous pouvez remettre en cause.
Et c’est important. Ne pensez pas que vous allez perdre la face en faisant cela. Au contraire, cela va rassurer votre enfant qui va se dire : « Mes parents ne sont pas parfaits, moi non plus, je me trompe, je fais des erreurs et donc c’est normal. »
Il faut savoir aussi que la phase de négociation chez un enfant, elle est importante et elle est même fondamentale. Il est normal que votre enfant dans son schéma d’évolution ait besoin de se confronter à vos règles, à vos limites, à toutes ces choses que vous mettez en place. Il faut donc accepter qu’ils s’opposent.
N’oubliez pas non plus que quand un enfant obtient quelque chose par de la négociation – attention il ne faut pas que ce soit systématique et encore une fois, ne revenez pas sur ce qui n’est pas négociable et ne vous justifiez pas. Vous avez déjà expliqué pourquoi c’était comme cela et pas autrement, donc ne cherchez pas à vous justifier. Si votre enfant veut négocier ce genre de règle, vous lui dites : c’est la règle, c’est comme cela, ce n’est pas autrement et tu sais déjà pour quelles raisons –
En revanche quand il vient vous dire par exemple qu’il voudrait se coucher plus tard, peut-être qu’il veut lire un peu plus, peut-être qu’il a besoin de rester un peu plus avec vous le soir, qu’il est un peu frustré parce que vous rentrez tard du travail, ou un des deux parents rentre très tard et l’enfant aimerait rester un peu plus avec vous. Cela ne peut être qu’un petit quart d’heure sur lequel vous allez céder, mais ne croyez pas que cela va donner du pouvoir à votre enfant. Cela va simplement lui permettre de se dire : « d’accord il y a des choses où l’on ne peut pas négocier, mais il y a des choses où je peux obtenir plus quand je le demande. »
Donc plus tard est-ce que vous n’auriez pas envie que votre enfant sache qu’il peut obtenir plus s’il demande ? Il faut savoir, et j’en parle savamment en tant qu’ancien DRH, qu’il y a nombreux salariés qui n’osent pas demander d’augmentation et que la plupart des gens qui la demandent l’obtiennent.
On ne dit pas forcément non à une demande d’augmentation, mais souvent en tout cas quand elle est motivée, elle est acceptée. C’est sûr que si vous venez juste d’être augmentée, s’il n’y a pas vraiment de raisons, cela ne fonctionnera pas. Mais la plupart du temps votre employeur ne se rend pas compte qu’effectivement vous avez plus de responsabilités, que cela fait plusieurs années que vous n’avez pas été augmenté et que votre métier a évolué. Et si vous allez donner à votre DRH des arguments, vous pouvez obtenir un salaire plus important. Donc négocier, c’est important et c’est important de montrer à votre enfant que par de la négociation, il peut obtenir plus pour sa vie future.
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