Jalousie envers le bébé, comment aider l’aîné ?
Nous allons donc parler de la jalousie ; déjà, je n’aime pas ce mot ; si vous me suivez depuis un petit moment, vous savez que ce n’est pas le mot que j’utiliserais moi, car, un enfant qui est jaloux, c’est un enfant qui souffre !
C’est la première clef d’ailleurs, celle que je voulais vous donner en tout premier lieu. Ne minimisez pas ça. Souvent, on ne voit que le comportement dérangeant de l’enfant, et ce que l’on ne comprend pas c’est qu’en fait il souffre ! Il souffre vraiment profondément parce que du haut de ses 4, 5 ou 6 ans, il n’est pas capable de raisonner comme un adulte, de relativiser les choses, que pour lui, c’est très violent, car, tout à coup, alors qu’il était tout seul, il était le centre de votre monde, le centre d’amour de ses parents, et voilà qu’un petit intrus est arrivé et prend un peu trop de place dans sa vie, parce qu’un petit cela prend beaucoup de place, et pour lui, l’ainé, tout à coup, tout est bousculé ! Sa place, ses repères, ses routines, ses rituels, et sa relation à ses parents ; c’est donc vraiment très, très, violent, et ça peut même laisser des séquelles ; je peux vous en parler, je suis des parents qui même à l’âge adulte, ont beaucoup de casseroles par rapport à ça. Alors, surtout, ne minimisez pas !
-La deuxième clef : Pour accueillir tout ça avec bienveillance, c’est l’empathie ! Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire essayer de se mettre à sa place.
Essayer de le comprendre, de revenir à 4 ans par exemple, et de se dire que cela doit être violent. Si vous n’y arrivez pas, je vais vous donner un petit truc. Imaginez-vous que votre meilleure amie vienne vivre chez vous et que tout à coup, votre mari passe tout son temps avec elle. Est-ce que vous allez être jalouse ? Cela marche aussi pour les garçons, vous changez les rôles et cela fait pareil.
Eh bien, oui, vous allez être jalouse ! Pourquoi ? Parce que tout à coup cette personne prend trop de place ! Elle prend votre place, elle prend trop de place, et vous, vous ne savez plus sur quel pied danser ; et pourtant, vous êtes adulte et vous pouvez vous raisonner ! Votre enfant, lui, même s’il voulait ce petit frère ou cette petite sœur, même s’il était heureux, il ne savait pas à quoi s’attendre, et d’ailleurs (Noémie chuchote) si vous êtes honnête, vous non plus !
Ça chamboule l’arrivée d’un bébé ! Lui, cet ainé, ça l’a complètement chamboulé. D’abord, il ne voit que des gens super intéressés par ce bébé, il voit ses parents totalement accaparés par ce bébé, lui, il a oublié que lorsqu’il était un bébé il leur prenait autant de temps, mais là, il ne voit que ça et il se sent lésé ; donc, la jalousie est un réflexe normal de quelqu’un qui souffre et ne comprend pas.
Ayez de l’empathie, soyez compréhensif, mettez des mots sur ce qu’il ressent, en disant toujours : « j’ai l’impression que » parce que vous n’êtes pas sûr, vous ne pouvez pas parler pour lui, mais, vous pouvez parler de lui, en essayant de mettre des mots, car, c’est ce qui va lui permettre de comprendre ce qu’il ressent, parce qu’il ne le sait pas ! Il n’est pas capable encore une fois, de raisonner ; vous pouvez lui dire : « tu sais, ton petit frère tu as vu, j’ai moins de temps pour toi, depuis qu’il est là, on passe tout notre temps à s’occuper de lui, mais, quand tu étais petit, c’était pareil, mais ça va passer ». Aidez-le, encouragez-le à voir les choses autrement, et surtout mettre des mots et vous ne pouvez pas vous imaginer le beau cadeau que vous allez lui faire en faisant cela.
-Troisième clef : Ayez des discussions en tête à tête avec lui, consacrez-lui un moment dans votre journée pour ne vous retrouver qu’avec lui, on oublie bébé ! Soit on divise le temps dans le couple, papa gère la soirée avec bébé et vous, vous mangez en tête à tête avec le plus grand ; essayez de faire ça, si bébé dort, c’est encore mieux, vous pourrez le faire en famille, mais, ayez des plages où vous allez pouvoir parler en tête à tête, et parler de ce qu’il ressent, surtout si vous avez remarqué des comportements, c’est à ce moment-là, et pas au moment où les comportements arrivent, qu’il est opportun d’en parler ; dites à votre enfant : « je ne comprends pas, tout à l’heure tu as dit qu’il fallait jeter bébé à la poubelle, tu le pensais vraiment, et pourquoi ? » S’il ne répond pas, on peut peut-être lui dire : « peut-être que tu trouves qu’il prend trop de place, peut-être que tu trouves qu’on s’occupe beaucoup trop de lui ? Peut-être que tu ne trouves plus ta place ? Peut-être aurais-tu envie qu’on s’occupe plus de toi ? Peut-être que tu sens que tu as moins de temps avec tes parents, etc… etc… ? » Mettez des mots ! Faites le détective, et observez ce qui se passe.
-Quatrième clef : Faites-le participer aux tâches et aux soins du bébé. Même s’il est tout petit, il suffit que vous soyez très présent (e), dans le bain vous lui donnez une petite éponge et il lui lave le dos pendant que vous tenez bébé, vous lui faites mettre une couche, ce n’est pas grave si elle est mal mise, vous réajusterez, si vous donnez le biberon au bébé, vous pouvez proposer à votre enfant de donner lui-même le biberon, il vous suffit de caler votre enfant sur vos genoux avec le bébé devant, ce n’est pas hyper confortable, alors, on ne va pas le faire à chaque fois, mais, trouvez des moments où vous allez pouvoir passer du temps avec lui et dans ce rôle de grand, il se sentira moins exclu de la relation. Vous pouvez aussi, si vous allaitez, proposer à votre enfant de s’allonger à côté de vous et tenir la tête du bébé, même si vous savez que ça ne sert à rien ; ou alors, lui donner une responsabilité en lui disant qu’il fasse attention que le coussin soit bien mis derrière la nuque du bébé, en lui précisant que c’est sa mission et qu’il peut se mettre lui aussi contre maman. Votre enfant sentira qu’il a sa place et qu’il n’est pas exclu.
-Cinquième clef : Montrez-lui qu’il a sa place et que sa place de grand est importante ! C’est-à-dire qu’avec lui, vous allez faire des trucs de grands ! Vous l’emmenez tout seul faire des activités qu’il adore. Vous l’emmenez, lui tout seul, manger une glace, faire des courses, se promener en forêt, alors, pas tout le temps bien sûr, mais de temps en temps faites ensemble des trucs de grands, valorisez des activités de grands par exemple, un weekend, emmenez-le au cinéma, alors, vous ne pourrez pas emmener bébé, mais l’un des deux parents va au cinéma avec l’enfant et l’autre reste pour qu’il comprenne et faites-lui bien remarquer en lui disant : « tu vois, le bébé on ne peut pas l’emmener au cinéma, il pleurerait, ça fait beaucoup trop de bruit, il aurait peut-être peur du noir, alors que toi tu es grand, on peut t’emmener au cinéma ». Que l’enfant commence à se dire que c’est chouette d’être grand. Cela va éviter les comportements régressifs.
-Sixième clef : Qui est super, si votre enfant peut sentir qu’il a moins votre amour, en tout cas, il peut se dire ça. Les enfants ont l’impression que l’amour, ça se divise or, l’amour, ça se multiplie ! Je vais vous donner un petit exercice que j’avais fait avec mes enfants et qui a très bien marché.
Il vous faut pour cela des feuilles A4, blanches, neutres. Vous allez montrer à votre enfant une feuille blanche et lui dire : « tu vois ça, c’est tout l’amour que j’ai pour toi » ; vous allez lui donner la feuille et lui demander : maintenant qu’il y a ton petit frère, à ton avis, c’est comment ? Et là, la plupart des enfants déchirent la feuille en deux, c’est-à-dire qu’on en a un bout chacun ; avant j’avais tout ça en entier, et maintenant, je n’ai plus que la moitié.
Vous allez poser cette feuille, en prendre une autre, en lui redisant : « tu vois ça, c’est tout l’amour que j’ai pour toi ; vous lui donnez la feuille et vous prenez une deuxième feuille et vous lui dites : « tu vois ça, c’est tout l’amour que j’ai pour ton petit frère » ; ou ta petite sœur. Chaque fois que l’on rencontre quelqu’un, que l’on a un autre enfant, que l’on rencontre un amoureux, l’amour dans notre cœur ne se divise pas, il se multiplie ! Il y en a plus, cela n’enlève rien à l’un, cela en donne à l’autre, c’est un truc nouveau.
Je vous assure que ça, cela marche très bien, c’est symbolique et très concret et les enfants comprennent bien grâce à cette imagerie-là.
-Septième clef : L’amour ! Votre enfant a besoin d’être rassuré sur l’amour que vous lui portez parce qu’en fait, il pense que comme vous passez moins de temps avec lui et plus avec le bébé, c’est que vous ne l’aimez pas ; c’est ce qu’il se dit, au fond du fond de lui, même s’il ne sait pas l’exprimer. Votre amour à vous, c’est ce qu’il y a de plus puissant au monde, pour l’aider à traverser cette période, rassurez-le, même quand il n’est pas très sympa, même quand il dit qu’il faut jeter bébé, qu’il le tape en lui envoyant un objet, alors qu’on sait que c’est très dangereux, ne le réprimandez pas trop, essayez plutôt de lui dire : « qu’est-ce qui se passe ? Je ne comprends pas, ce n’est pas toi ça, jamais tu ne ferais ça ! Qu’est-ce qui t’arrive » ? Alors bien sûr, il faut cadrer il est hors de question que l’enfant ait ce genre de comportement, mais, ouvrez votre cœur plutôt que vos cris j’ai envie de dire !
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