S’aimer et se le dire
L’amour… Un sentiment puissant, central, fondateur. Il est au cœur de nos vies, et sans lui la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue. Ce sentiment est tellement fort qu’il est à la source de nos plus belles réussites, de nos plus beaux projets, de nos plus beaux souvenirs… mais aussi de nos plus grandes peurs et de nos plus grandes angoisses.
Aimer n’est pas simple, et oser clamer son amour est moins simple encore. Peur du ridicule, peur du rejet, mais aussi pudeur et doutes… Autant de freins qui nous empêchent de montrer, et de dire à l’autre à quel point on l’aime. Mais si cela fait si peur, c’est bien parce que ce geste est loin d’être anodin. Dire « Je t’aime », c’est dire mille choses en trois petits mots, et se lier à l’autre d’une manière fondamentalement ineffable.
Une pudeur bien naturelle
Dans les films, les séries, les chansons… « Je t’aime » est une phrase tellement prononcée qu’elle semble banale et presque fade. L’amour est tellement central dans nos vies que les auteurs brodent dessus depuis toujours… sans avoir épuisé le sujet pour autant.
A force d’entendre quotidiennement cette phrase, on peut se trouver un peu étrange, ou même ridicule de ne pas oser dire « Je t’aime ». Pourtant, cette peur est toute naturelle et légitime ! En trois mots, on avoue à l’autre toute l’estime qu’on lui porte, tout son désir, toute sa passion… On se rend ainsi plus vulnérable que jamais, tout en faisant le plus beau cadeau qui puisse exister : reconnaître l’autre dans sa différence et donner à son existence et à sa singularité la plus haute valeur possible.
Trop souvent, ce n’est qu’après la mort d’un proche que beaucoup regrettent amèrement de n’avoir pas su dire ces trois mots magiques, qui auraient pu sceller la relation d’une manière toute différente.
Mille manières de dire « Je t’aime »
Vous l’aurez compris, la pression est immense quand il s’agit de dire « Je t’aime ». Cela est normal, et il serait inutile de s’en blâmer. D’ailleurs, la pudeur qui nous empêche de prononcer ces mots à tout va prouve bien la puissance et la véracité de nos sentiments !
Pour retrouver le chemin de l’affection assumée et affichée, on peut, petit à petit, redonner à l’autre des signes concrets de son affection. Petites attentions, mots doux, marques de tendresse, compliments… Chaque relation est unique, et il serait absurde de vous indiquer des manières de prouver à l’autre votre amour.
Les plus pudiques tentent d’ailleurs de codifier la relation et leurs preuves d’amour en offrant des chocolats ou des fleurs, ou en disant des mots doux entendus dans un film alors que ces gestes ne leur ressemblent en rien.
Reconnaître les preuves d’amour
Il y a une chose assez difficile à avouer, mais qu’il faut savoir regarder en face afin de mieux comprendre la difficulté que l’on éprouve à dire « Je t’aime » : quoique l’on fasse, on a toujours un peu peur de ne pas être aimé en retour, même lorsque la relation est installée et que l’autre fait partie intégrante de notre vie depuis des années. Et si l’autre ne nous disait pas qu’il nous aime tout simplement parce qu’il ne nous aime pas autant que nous ?
Cette pensée fait souffrir, sans doute plus qu’aucune autre, et peut nous amener à vivre notre amour dans la retenue.
Pour oser donner des signes d’affection sincères et pour parvenir à exprimer tout son amour, il faut savoir apprécier toutes les preuves d’amour que l’on reçoit au quotidien, mais que l’on ne regarde pas suffisamment.
Tous les services que l’autre nous rend, tous ces mots doux, ces petites attentions, ces marques d’affection, cette écoute, ces cadeaux, ces plaisanteries, cette tendresse… Lorsque l’on prend la peine de repérer chaque jour toutes ces preuves d’amour, on se sent aimé… même si la phrase n’est pas dite.
Oser dire « Je t’aime »
Aimer vraiment et se sentir aimer, cela nourrit pleinement lorsque les marques d’affection sont reconnues pour ce qu’elles sont et que les preuves d’amour reflètent la relation particulière que l’on a avec l’autre.
Mais si les mots sont importants pour vous, vous pourrez, après vous être réappropriés ces preuves d’amour, et après avoir constaté à quel point l’autre prenait soin de vous, lui dire enfin « Je t’aime ».
Avant de vous quitter, j’aimerais partager avec vous cette chanson de Jean-Jacques Goldman. Puissante, violente, mais aussi ambiguë, pudique et personnelle, elle montre admirablement à quel point il est éprouvant de dire que l’on aime, lorsque l’on aime pour de bon. Elle montre surtout que l’on peut dire « Je t’aime » d’une manière vraiment personnelle et touchante, en allant jusqu’à refuser de le dire.
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