Faut-il tout dire aux enfants ?

Déprime, angoisse, stress, mais aussi divorce et décès… Nous rencontrons de nombreuses situations éprouvantes émotionnellement, et susceptibles de porter préjudice à nos enfants. Que faire dans ce cas ? Faut-il passer sous silence certaines vérités afin de les protéger ? Ou bien faut-il tout leur dire, quitte à ce que notre angoisse déborde sur leur bien-être ? Comme toujours dans l’éducation positive, la réponse se trouve dans la bienveillance et la compréhension.

Quand les enfants somatisent les émotions des parents

Vous le savez, on ne peut pas refouler éternellement un ressenti ou une émotion. Une émotion refoulée cherche à être entendue par tous les moyens ! Souvent, cela passe par le corps. Douleur, gêne, inconfort… les ressentis refoulés parlent beaucoup de langues ! Si vous souffrez de fatigues, de migraines, de maux de dos, de douleurs aux cervicales, ou encore de vertiges et que vous n’en connaissez pas la cause, vous devriez vous renseigner au sujet des somatisations. Un petit tour du côté des blessures émotionnelles pourrait tout particulièrement vous être utile.

Les enfants en particulier sont des éponges émotionnelles.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, il est possible, et même courant, de somatiser les émotions d’une autre personne ! L'empathie de l’être humain est puissante… Les enfants en particulier sont des éponges émotionnelles. Divorce, problèmes financiers, violences… Lorsqu’un problème est passé sous silence, mais qu’il provoque chez les adultes des émotions puissantes, l’enfant le ressent, vous pouvez en être certain ! Agitation, maux de ventre, baisse du système immunitaire… Si votre enfant présente ces symptômes et qu’il y a des tabous dans votre foyer, il est probable qu’il somatise.

Un enfant ne peut pas tout entendre

L’enfant comprend donc tellement de choses qu’il est capable de somatiser par empathie ! On pourrait alors penser que la meilleure chose à faire est de simplement tout lui dire lorsque quelque chose ne va pas… Dans un sens, cela est vrai. Mais il ne faut jamais oublier qu’un enfant reste un enfant. Il faut à tout prix éviter de se confier à un enfant comme on le ferait avec un adulte.

Je rencontre trop de parents qui disent tout à leurs enfants, sans aucun filtre, et tendent à les considérer comme des amis à qui se confier, c’est encore plus vrai lorsque les parents sont seuls avec leurs enfants (parents solos). Pourtant, un enfant n’a pas les moyens de tout entendre comme un adulte… Tout simplement parce que son cerveau n’est pas encore assez mature.

Recevoir un discours trop mature peut être très perturbant, pour ne pas dire angoissant. Alors non, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire à un enfant, même avec les meilleures intentions du monde. Le discours doit toujours être adapté à la situation et à l’âge de l’enfant.

Par exemple, si vous rencontrez des difficultés professionnelles, il est inutile de vous épancher et de laisser aller vos émotions, cela pourrait faire peur à votre enfant et toucher son besoin de sécurité. En revanche, vous pouvez lui dire qu’en ce moment vous êtes inquiet, mais que tout cela va passer. Si les relations avec votre partenaire sont tendues, expliquez à votre enfant qu’en ce moment papa et maman ne sont pas d’accord sur certaines choses, sans vous étendre. Et si votre enfant vous questionne, rassurez-le sur le degré de gravité de la situation et mettez cela en perspective avec ce qu’il est capable de comprendre. Par exemple vous pouvez dire : « il t’arrive à toi aussi de te disputer avec ton ami, et puis les choses finissent par s’arranger. En ce moment, avec ton papa, c’est pareil. »

un discours qu’il est capable de comprendre et d’assimiler.  Avec de la compréhension et de la bienveillance, il est assez facile de voir le type de discours à tenir, et le type d’information à transmettre. On évite ainsi à son enfant d’être dans le flou, sans pour autant l’angoisser en lui transmettant ses inquiétudes d’adultes.

Deux vérités difficiles à dire

Les divorces et les décès sont deux événements particulièrement chargés en émotions, et que beaucoup de parents doivent aborder avec leurs enfants. Pétries d’émotions négatives et de tabous, ces deux situations sont complexes à gérer. Elles méritent que l’on s’y attarde un peu plus pragmatiquement.

Lorsque le couple est en crise depuis longtemps, il ne faut pas le passer sous silence. Ne l’oubliez pas, votre enfant ressent tout. Il faut impérativement le rassurer en lui expliquant la situation avec calme et douceur. Dites par exemple : « En ce moment avec papa, nous nous disputons beaucoup. Mais ne t’inquiète pas, ça n’a rien à voir avec toi. Ça arrive parfois dans un couple. Nous t’aimons et nous ferons toujours tout pour ton bien-être ».

Lorsque le divorce est inéluctable, il est inutile de le cacher. Bien souvent, les parents s'empêtrent dans le silence en attendant le moment idéal pour évoquer le sujet. Pourtant l’enfant comprend ce qui est en train de se passer. Peut-être pas avec des mots… mais avec le cœur, cela ne fait aucun doute. Dès que la décision de divorcer est prise, parlez-en à l’enfant en adoptant un langage adapté, et positif. « Papa et maman se disputent trop et ils sont tristes à cause de ça. Ils vont devoir vivre dans deux maisons séparément. Ils t’aiment toujours autant, mais ils ne veulent plus se disputer. En vivant chacun dans une maison, ils pourront être beaucoup plus joyeux et mieux s’occuper de toi ! »

La mort fait partie de la vie, et votre enfant pourra apprendre à l’accepter si vous osez communiquer sans tabou à ce sujet.
Ce discours n’a pas pour vocation à éliminer la souffrance que votre enfant pourra ressentir, mais à éviter les non-dits redoutables et improductifs.

En cas de décès, il est également inutile, et même néfaste, de cacher la vérité à un enfant. Expliquez-lui la situation en utilisant des mots et des exemples à sa portée. Qu’il s’agisse du chat, d’un grand-parent, d’une tante ou d’un voisin, dites-lui ce qui est arrivé. Pourquoi pas en utilisant des métaphores afin d’alléger votre propos ? « Papy est parti au ciel, mais il t’aimera toujours et il vivra toujours en nous ». Je sais à quel point cela peut faire mal de devoir dire une telle chose à  l’être que l’on aime le plus au monde… Mais la mort fait partie de la vie, et votre enfant pourra apprendre à l’accepter si vous osez communiquer sans tabou à ce sujet.

On peut tout dire à un enfant… Mais il ne faut jamais oublier qu’il n’est qu’un enfant. Lorsque l’émotion nous submerge ou qu’un événement important se produit, les enfants le ressentent. Il faut leur en parler, pour qu’ils puissent appréhender le monde avec le minimum d’angoisse.

Stress, tristesse… et même divorce et mort : tout cela fait partie de la vie ! Le mieux que nous puissions faire, en tant que parent, est de les éveiller à cette réalité avec bienveillance et compréhension… et toujours en parlant leur langage.

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