C’est la rentrée : gérer la séparation

Entre excitation et appréhension, difficile parfois de laisser son tout petit le jour de la rentrée surtout lorsqu’il s’agit de la première fois. Et si la rentrée se préparait en amont et si en plus nous pouvions influencer les choses ?

Pleurs du matin

Vous avez suivi toutes les recommandations de préparation avant le jour J, vous êtes serein, seulement voilà, votre enfant n’apprécie pas du tout que vous le laissiez tous les matins. Il pleure, vous supplie, s’accroche à vous…

Cela vous touche et vous ne savez plus quelle conduite avoir. « Dois-je reporter la rentrée ? Ai-je fait le bon choix ? Qu’ai-je mal fait ? Suis-je responsable ? Pourquoi les autres enfants ne pleurent-ils pas ? …. »

Comme les adultes, les enfants ont leur propre personnalité. Ce qui touche un enfant ne posera pas forcément de problème à un autre. Si certains enfants ont plus de mal à se séparer de leurs parents, d’autres ne supporteront pas de partager leurs jouets avec les autres. Vos enfants sont uniques, ils ne peuvent pas être comparés.

Finalement, n’est-ce pas normal pour un enfant d’éprouver des difficultés à se retrouver dans un lieu jusque là inconnu ? Même si les meilleures conditions d’accueil et de séparation sont réunies. Et puis, tous ces enfants qui pleurent ne le rassurent pas du tout, par imitation, par empathie ou par crainte, le voilà qui pleure et s’accroche à vous lui aussi.

Ces moments-là font partie du chemin de vie de votre enfant, il va apprendre à se familiariser à d’autres environnements et à gérer la séparation. Nous grandissons dans la frustration et nous ne pouvons pas éviter à nos enfants d’en vivre, ce sont même grâce à elles qu’ils se construisent.

Si ce n’est pas celle-ci, nos enfants vivront tôt ou tard des expériences douloureuses, elles sont inévitables. L’un peut subir son premier « choc » émotionnel face à la moquerie d’un camarade, un autre sera marqué par le premier jour de sa rentrée… Les déceptions, les souffrances et les épreuves font parties du chemin de tout individu, les enfants n’y échappent pas, et ce n’est pas tant elles qui sont importantes mais bien la façon dont elles vont être gérées.

En dédramatisant, en ne cédant pas vous aussi à l’ambiance qui règne en ce jour de rentrée, en ayant bien préparé votre enfant afin qu’il sache ce qui va se passer, vous l’aiderez à dépasser ses difficultés. Car en lui permettant de vivre ces expériences, vous lui offrez également l’occasion de les dépasser.

La « faute à maman »

Peut-être allez-vous pester en me lisant car ce n’est pas la première fois que l’on vous indique que c’est parce que vous le vivez mal que ça se passe mal… « C’est parce que la maman est triste ou angoissée que l’enfant est triste ou angoissé … la preuve, il ne pleure plus lorsque vous êtes partie et ça ne se produit pas lorsque c’est le papa qui dépose l’enfant ». Ce discours ne fait que renforcer la culpabilité de la maman et c’est tout à fait inutile.

En fait, les enfants pleurent seulement avec leur figure d’attachement (la personne avec laquelle ils sont le plus proche, celle qui peut accueillir ses émotions les plus douloureuses, celle qui console, rassure, écoute…). Avec les autres, ils n’osent pas se livrer (tout comme les adultes d’ailleurs !). Rien à voir avec vous ou ce que vous ressentez ! En outre, les papas et mamans ne sont pas à égalité devant les difficultés de séparation, les sensibilités sont différentes, les rôles aussi. Les mamans ayant porté leur enfant pendant plusieurs mois, la séparation peut parfois s’avérer une réelle difficulté physiologique.

En revanche, si vous ressentez toujours de la culpabilité en entendant ses pleurs, cela signifie peut-être quelque chose pour vous ? Et si vous ressentez de l’angoisse à l’idée de le déposer à l’école, alors oui, l’enfant absorbera vos émotions, il se gorgera d’elles et il est probable que cela en soit la cause. Pour autant, votre culpabilité n’y changera rien?

Et si finalement, cette culpabilité qui résiste était positive et venait vous ouvrir les yeux sur quelque chose que vous ne soupçonnez même pas ? Et si finalement ce problème de séparation, qui dure dans le temps, était la meilleure chose qui pouvait vous arriver ?

Prise de conscience …

Peut-être que grâce aux nombreuses crises de votre fille, vous allez vous documenter et apprendre de nouvelles choses ? Ou bien que, suite à une énième crise de notre fils un matin d’école, vous allez discuter avec une maman qui deviendra votre meilleure amie ? Si la vie nous amène des épreuves, c’est forcément pour en tirer quelque chose de bon. La Vie veut le meilleur pour nous, même si au moment précis où cela nous arrive, nous avons tendance à l’oublier.

Et si grâce à ces colères, vous découvriez d’autres méthodes scolaires ou encore les bienfaits de la parentalité positive…finalement ne serait-ce pas un mal pour un bien ? Lorsque nous regarderons dans le rétroviseur, nous pourrons dire : « heureusement que notre enfant avait montré de la résistance, sinon nous ne nous serions pas interrogés et nous serions passés à côté de tout ça ? »

Peut-être que ces pleurs du matin vont réveiller en nous une vieille douleur qui nous montrera que le problème était en nous, peut-être les réminiscences de notre propre enfance et de nos expériences douloureuse dans la cour d’école.

Quoi qu’il en soit, rien ne sert de culpabiliser. La culpabilité nous empêche d’avancer. En fait, nous devrions remercier chaque problème que nos enfants nous amènent à rencontrer. Chaque émotion est un formidable indicateur du chemin à suivre ou à ne pas suivre pour nous élever humainement.  

Finalement, c’est bien grâce à ces difficultés que certaines personnes décident de changer de vie, de métier ou même parfois d’effectuer un tour du monde !

Il ne s’agit pas bien entendu d’une incitation à faire ses valises à chaque pleur du matin. Mais si cela nous touche plus particulièrement, il s’agit bien d’aller voir ce qui se cache derrière cette émotion : un message que la vie nous envoie, une intuition à penser à un autre mode d’accueil pour notre enfant, une tristesse enfouie qui ne demande qu’à guérir, un nouvel exercice d’affirmation de soi…

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