Gandhi : le refus de toute violence

Gandhi fait partie de ces personnalités que chacun voudrait mieux connaître, mais dont l’histoire reste largement méconnue. Je veux aujourd’hui vous parler de ce grand homme, simplement parce que sa vie est exemplaire. Elle prouve que la joie, la confiance et l’écoute du cœur peuvent bouleverser toutes les existences… Même celles qui pourraient sembler toutes tracées. Retournons ensemble sur la biographie du Mahatma, dont la « grande âme » a laissé une empreinte indéfectible en Inde et dans le monde entier. Et rappelons-nous qu’il n’est pas nécessaire d’utiliser la violence pour obtenir ce que l’on veut.

Une vie toute tracée

La vie du Mahatma semblait toute tracée. Sans cette étincelle en lui, nul doute qu’il aurait vécu une petite vie confortable, éloignée des souffrances de ses contemporains.

Né le 2 octobre 1869 à Porbandar, au nord-est de l’Inde, Gandhi était issu d’une famille de riches commerçants de la caste des Vayshia. Son pays faisait alors partie de l’Empire britannique, mais Gandhi fut élevé selon les valeurs et les traditions hindouistes. Un mariage arrangé à 14 ans marqua  son entrée à l’âge adulte.

Les clefs de votre passé

Gandhi avait une chance : l’aisance financière de sa famille lui permit de faire des études d’avocat à Londres, avant de partir exercer quelque temps en Afrique du Sud.

A sa place, nombre de ses contemporains se seraient contentés de suivre le chemin pour lequel on le destinait. Gandhi faisait partie des privilégiés du pays, et son quotidien était éloigné des difficultés des castes dites « inférieures ». L’impérialisme britannique lui permettait même de suivre des études supérieures et de mener une vie professionnelle plutôt épanouissante.

S’émanciper dans la paix

Gandhi était différent. Quelque chose en lui avait soif de comprendre et de changer les choses. Durant ses études en Angleterre, déjà, il n’avait pas pour habitude de prendre le monde qui l’entourait pour une évidence. Il ne se contentait pas de profiter de sa situation et du confort anglais…

Ses études furent avant tout pour lui l’occasion de parfaire une culture déjà bien solide. Il en profitait pour étudier les principaux textes hindouistes, mais aussi pour s’ouvrir aux autres cultures : Bouddha, Jésus, Mahomet, la théosophie anglaise… Les questions de spiritualité et les modèles de vertus, de justice et de bonté le passionnaient.

Conquérir la liberté

Gandhi prit véritablement conscience des souffrances de ses contemporains quand il travaillait en Afrique du Sud.

A cette époque, l’apartheid régnait dans tout le pays. Le racisme était partout : dans la bouche des blancs bien sûr, mais aussi surtout dans la loi. C’est face à cette injustice que Gandhi commença à cultiver les valeurs universelles qu’il avait découvertes durant sa jeunesse et ses études. Désobéissance civile, maîtrise de soi, recherche de la vérité… Autant de principes que Gandhi, pourtant éloigné de sa terre natale, prit soin d’appliquer.

Cette posture lui coûta plusieurs séjours en prison… Mais ces peines ne firent que renforcer des convictions déjà bien ancrées. Gandhi prenait peu à peu conscience que l’ouverture à l’autre, le respect, et le refus de toute violence étaient des armes bien plus efficaces que toutes les propagandes et toutes les violences à l’œuvre dans cette époque troublée.

Un traditionaliste révolutionnaire

De retour en inde en 1915, Gandhi était déjà connu et respecté pour son combat sud-africain. Mais cette relative notoriété ne suffisait pas à étancher sa soif de liberté et de justice. Tout en menant une vie d’ascète, tournée vers la chasteté et la simplicité, Gandhi décida de changer les choses en profondeur.

Il accéda à cette époque à la présidence du parti du Congrès, et commença sa lutte pour l’autonomie et l’indépendance de l’Inde vis-à-vis de l’Angleterre. En parallèle, Gandhi prônait un retour aux choses simples et aux techniques traditionnelles.  

Malgré ce besoin de simplicité, de partage et de tranquillité, Gandhi ne se contentait pas de suivre la tradition. La seule chose que désirait le Mahatma, c’était le bonheur et la paix de ses contemporains. Il prônait même l’émancipation des femmes et des « intouchables », hors-castes de l’Inde jusqu’alors réduits au silence et à la pauvreté.

L’émancipation

Une manifestation réprimée dans le sang à Amritsar renforça encore les convictions de Gandhi. Pour résister pacifiquement à l’oppression, il commença à préconiser la « non-participation » à la vie politique britannique.

Dans tout le pays, la violence continuait à triompher. Mais le Mahatma, sans jamais se décourager, montrait le chemin. Il entama à cette époque une grève de la faim. Sa santé en fut affectée, mais cela n'empêcha pas l’Angleterre de l'emprisonner quelque temps pour donner l’exemple…

Après sa sortie, Gandhi était loin d’être découragé. Il organisa un nouvel événement marquant : la marche du sel. Durant cette marche, Gandhi, accompagné de quelques disciples, parcourut plus de 300 km à pied, simplement pour prendre un peu de sel de mer et dénoncer un impôt britannique injuste. Ce geste avait beau être purement symbolique, il était si fort que Gandhi fût de nouveau arrêté…

Le germe de l’indépendance était désormais dans tous les esprits. Aucune marche arrière n’était possible. Le parcours fut long, et les décisions prises n’étaient pas toujours en accord avec les valeurs de Gandhi… mais le processus était irrémédiablement engagé.

Malgré la rancœur, malgré l’injustice, le mot d’ordre était toujours le même : non-violence.
Un dernier désaccord majeur entre la Grande-Bretagne et l’Inde apparut toutefois lors de la Seconde Guerre mondiale. Gandhi refusa purement et simplement la guerre, aussi bien en s’alliant avec les Anglais qu’en se rapprochant des ennemis du colonisateur. Malgré la rancœur, malgré l’injustice, le mot d’ordre était toujours le même : non-violence. Pour cette raison, Gandhi fut une nouvelle fois incarcéré, pour n’être libéré qu’en mai 1944.

Finalement, l’Union indienne devint indépendante le 15 août 1947. Le bonheur fut immense dans tout le pays… Mais la joie fut de courte durée. Une guerre civile opposant hindous et musulmans fit plus de 400.000 morts durant les mois qui suivirent.

Gandhi, alors très âgé, essaya tout de même de faire cesser les conflits en entamant une ultime grève de la faim. Mais la folie l'emporta. Gandhi mourut, assassiné par un extrémiste hindou incapable de comprendre son ouverture, sa bienveillance, et ses positions altruistes.  

Son existence aurait pu être toute tracée, mais Gandhi portait en lui ce refus qui caractérise toute personne véritablement joyeuse, cet amour de la vie qui rend impossible tout aveuglement. Gandhi le savait : la souffrance existe en ce monde. Mais lorsque le cœur nous guide et que nos convictions sont en accord avec notre vie, rien n’est impossible. L’ultime décision de Gandhi fut  non-violente par excellence. En acceptant la mort et l’incompréhension d’un fanatique, Gandhi commettait l’acte le plus révolutionnaire qui soit, faisant ainsi germer des idéaux de paix et de justice dans les âmes du monde entier.

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